Léonidas de Sparte

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samedi 20 juillet 2019

« Passant, va dire à Sparte que nous sommes morts ici pour obéir à ses lois. » Epitaphe fameuse à la gloire des soldats spartiates morts dans le défilé des Thermopyles en combattant les Perses qui voulaient envahir leur pays. Ce cri de gloire, prononcé par leur roi Léonidas, a irrigué la mythologie occidentale. Les Spartiates morts aux Thermopyles sont ainsi devenus les hérauts de la liberté mourant contre la tyrannie. André Malraux a d’ailleurs repris ce cri de douleur et d’honneur dans son discours d’entrée au Panthéon de Jean Moulin, tissant un fil de filiation héroïque entre les hoplites du Péloponnèse et le résistant de Lyon, entre le combat contre la barbarie perse, et la lutte contre la barbarie nazie. Voilà comment un fait d’histoire a pu entrer dans le domaine de la mythologie et nourrir la fougue occidentale.

Léonidas fut le roi de Sparte qui combattit contre les Perses, et qui mourut vaincu sur le champ de bataille. Cette bataille, qui fut une défaite pour les Grecs, a été magnifiée, grâce à la mort du roi, au point de devenir une victoire morale et culturelle. Léonidas succède au roi Cléomène, qui est son demi-frère, et qui est mort dans des circonstances assez troubles. Apprenant que Xerxès, roi des Perses, prépare une attaque contre la Grèce, les Spartiates consultent l’oracle de Delphes afin de savoir ce qu’ils doivent faire. Comme à son habitude la pythie délivre une parole assez obscure :

« Pour vous, citoyens de la vaste Sparte, votre grande cité glorieuse ou bien sous les coups des Perséides tombe, ou bien elle demeure ; mais sur la race d’Héraclès, sur un roi défunt alors pleurera la terre de Lacédémone. Son ennemi, la force des taureaux ne l’arrêtera pas, ni celle des lions. Quand il viendra sa force elle celle de Zeus. Non, je le dis, il ne s’arrêtera pas avant d’avoir reçu sa proie, ou l’une ou l’autre. »

End ‘autres termes, pour que Sparte soit sauvé il faut que son roi meurt. Or, jusqu’à présent, aucun roi de Sparte n’est mort à la guerre. Voilà de quoi intriguer les responsables de la ville. Conscient des propos de l’oracle Léonidas décide de partir à la rencontre des Perses accompagnés de ses hommes. Le point de rencontre avec les troupes perses se fait dans l’étroit défilé des Thermopyles. Les premiers jours les troupes spartiates, ainsi que leurs alliés, arrivent à contenir l’adversaire. Mais le roi est trahi par un Grec qui indique aux Perses un passage dans la montagne afin de les contourner et de les attaquer ainsi à revers. Pris en tenaille Léonidas comprend qu’il ne pourra pas vaincre. Il renvoie donc les hommes qui le souhaite afin d’épargner des vies, puis il se lance dans la bataille à corps perdu, mourant sous les javelines ennemies. Par ce geste sacrificiel, Léonidas a ainsi tracé le chemin des défenseurs de la liberté face à la barbarie. Son acte a profondément marqué la conscience européenne. Les penseurs politiques, les rois, les gouvernants, y ont vu matière à réflexion sur leur action et sur l’oubli de soi pour son peuple que doit représenter la conduite de la chose publique. Mort sur terre à la tête de son armée, Léonidas est resté immortel dans les esprits d’Europe. Cette immortalité là, l’oracle de Delphes ne l’avait pas annoncée, et les vers du poète continuent de résonner aux oreilles des fils de Sparte et des fils de la Grèce.

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