Le bassin de Paris

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lundi 30 avril 2018

Paris est la capitale politique de la France. Il est vrai que ce ne fut pas toujours le cas, Lyon eut aussi le privilège de posséder ce titre. Mais si Paris est capitale c’est grâce à sa position centrale dans le dispositif de la France, une position qu’elle doit à la géographie autant qu’aux hommes. La ville se situe en effet dans un grand bassin de sédimentation, le bassin parisien, parcouru par de nombreuses rivières, dont la Seine et la Loire. Il fut un temps d’ailleurs où la Loire se jetait dans la Seine, avant que l’évolution de la structure physique ne fasse faire une boucle importante à la Loire, au niveau d’Orléans, faisant prendre à ce fleuve une autre direction, non plus sud/nord mais est/ouest. C’est ainsi que la Loire traça son val, et qu’elle prit son indépendance par rapport à la Seine. Au même moment ce fleuve se jetait lui au nord/ouest de l’Angleterre, avant qu’une remontée du niveau de la mer n’envahisse le shuttle, créant la mer du nord et l’île d’Angleterre.

En remontant encore plus loin dans le temps l’on découvre que le bassin parisien n’existait pas. C’est la mer qui recouvrait sa surface, une mer chaude, avec des espèces animales et végétales tropicales. Ces éléments morts se sont ensuite fossilisés, ils se sont répandus en couches au fond du bassin, si bien que lorsque la mer s’est retirée c’est eux qui ont donné les roches que nous connaissons aujourd’hui : calcaire, argile, meulières.

Résumons donc l’évolution géologique du Bassin parisien. Au début du Secondaire la partie la plus profonde du bassin –que l’on appelle l’ombilic- se trouve au niveau de l’actuel Lorraine. Cela explique l’orientation des cours d’eau de l’Est, tels la Meuse, la Moselle et tous leurs affluents. Entre la fin du Secondaire et le début du Tertiaire l’ombilic se déplace vers l’actuelle Ile-de-France, dont le réseau hydrographique de la Seine et de ses affluents est un héritage. Enfin, dans la deuxième partie du Tertiaire, l’ombilic se déplace vers le val de Loire, ce qui explique le coude d’Orléans et la dérivation du cours de la Loire, le fleuve a suivi le trajet de l’ombilic.

L’ombilic a donc influé sur l’organisation des cours d’eau, qui ont eux-mêmes un rôle très important dans l’organisation humaine. Mais le Bassin parisien est aussi défini par l’unité de son massif hercynien : le massif armoricain à l’Ouest, le Massif Central prolongé par le Morvan au Sud, les Vosges à l’Est et les Ardennes au Nord Est, ce qui forme schématiquement un V, appelé le V hercynien. Au nord du bassin se trouve en revanche les vastes plaines de Flandres et d’Artois, marquées par quelques bombements, dont les fameuses « collines d’Artois » qui ont été sources de nombreuses batailles durant la Première Guerre mondiale. Ce bassin au réseau hydrographique structuré et aux frontières bien délimitées par les roches hercyniennes se doit toutefois d’assurer des communications avec l’extérieur. Ces communications se font par des seuils, tel le seuil du Poitou avec le Bassin Aquitain, là où lieu la bataille de Poitiers en 732 de Charles Martel contre les Sarrasins, et de 1350 du roi de France contre le Prince Noir anglais. C’est aussi le seuil de Bourgogne avec le sillon rhodanien, où eu lieu de la bataille de Tolbiac, le seuil de Saverne, avec l’Alsace, et le seuil d’Artois avec les Flandres. Comme on a pu le constater chaque seuil a été le théâtre de grandes batailles de l’histoire de France. Il n’y a pas de hasard, les armées passent toujours par les voix de communication.

Cette structure géologique est assez simple à comprendre, et elle est le support de toute l’implantation humaine des peuples qui se sont ensuite installés dans le bassin. C’est en effet une chose surprenante que de constater que l’occupation humaine n’a guère changée dans ses grandes lignes, entre les temps gaulois et le XXe siècle, ce sont des principes identiques qui guident une occupation rationnelle. La question est alors de savoir si cette disposition humaine est libre ou si elle est sujette à la structure géologique, en un mot s’il y a ou non un déterminisme dans l’occupation humaine. C’est une question redoutable et qui mérité d’être examinée.

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