La mémoire, l’histoire et l’oubli

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jeudi 16 novembre 2017

La mémoire, l’histoire, l’oubli (2000) de Paul Ricoeur est l’un de mes plus grands échecs de lecture. C’est un livre que j’ai essayé de lire plusieurs fois sans arriver à en comprendre quelque chose. Comme le dit pudiquement un compte rendu de lecture admiratif trouvé sur un site : « la complexité du langage et des concepts employés est telle que l’étude de cet ouvrage mériterait d’y consacrer beaucoup plus de temps, et d’en proposer un compte rendu plus abouti et mûri que la présente note de synthèse. » L’ouvrage n’intéresserait pas aujourd’hui si l’ancien assistant éditorial de Ricoeur n’était pas devenu président de la République. Toutefois, les thèmes que Ricoeur a tenté d’analyser, dans une pensée et un langage complexes que ne renie pas l’actuel locataire du faubourg Saint-Honoré, méritent d’être repris. Nous avons commémoré il y a peu le 11 novembre. Chaque année revient donc l’appel pieux au devoir de mémoire et à la transmission. Mais en quoi consiste-t-elle réellement et comment l’articuler avec l’histoire ?

La mémoire n’est pas l’histoire

Il y a la mémoire familiale et la mémoire nationale. Dans le cas du 11 novembre, les familles peuvent conserver chez elles des douilles d’obus gravées dans les tranchées, des cartes postales, des éléments d’uniforme que l’on commente et se transmet de génération. Je conserve quelques cartes postales d’un arrière-grand-oncle qui fit la guerre sur le front d’Orient, ce qui lui valut de rester à Thessalonique jusqu’en 1920. Outre les vues pastel de Constantinople au début du XXe siècle qui sont encore charmantes aujourd’hui, je ne comprenais pas pourquoi on m’apprenait à l’école que la guerre s’était terminée en 1918 puisque, dans ma famille, mes aïeux l’avaient faite jusqu’en 1922. On voit ici comment la mémoire familiale et personnelle peut ne pas correspondre à la mémoire officielle d’un État.

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