La guerre de Troie

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dimanche 8 novembre 2015

La guerre de Troie débute à cause de l’amour pour une femme, et se termine grâce à la ruse d’un homme. La guerre de Troie fait partie de ces événements qui ont quitté toute dimension historique pour se figer, semble-t-il à jamais, dans le mythe. Elle est l’événement fondateur de la Grèce, elle est cette guerre civile fondatrice d’où nait toute société. La guerre de Troie, dans sa version racontée par Homère, a irrigué l’histoire grecque, a modelé la conscience et la culture des Grecs. C’est en effet à elle qu’ils pensent lorsqu’un événement politique important surgit dans leur vie ; c’est à elle qu’ils font référence lorsqu’ils veulent lire dans le passé des réponses à leurs questions présentes. De la guerre de Troie n’est pas seulement née une œuvre littéraire, mais a aussi surgit une forma mentis, la forma mentis grecque.

Le motif de la guerre peut sembler bien futile, il s’agit pourtant d’une question d’honneur : le troyen Pâris, qui est le fils de Priam, le roi de Troie, a enlevé Hélène, l’épouse de Ménélas, roi de Sparte. Cet enlèvement est le résultat de la promesse qu’avait faite Aphrodite à Pâris, celle de pouvoir posséder l’amour de la plus belle femme du monde, à savoir Hélène. Le mari bafoué ne peut être que furieux. Il rassemble donc ses troupes, et demande de l’aide à son frère Agamemnon, qui est roi de Mycènes, pour lancer une offensive contre Troie et libérer ainsi la reine. A cette expédition se joignent d’autres nombreux achéens, dont Ulysse, le roi d’Ithaque, et Achille. Les Achéens, qui sont les Grecs de la Grèce continentale, se lancent donc à l’assaut de la Grèce orientale. Il est important de comprendre que cette guerre est une guerre entre cités grecques : Troie est une ville grecque, et les Troyens sont des Grecs. Ce n’est pas une guerre contre les Perses, comme le furent les guerres médiques, ou contre un ennemi étranger. Parce que Troie est située dans l’actuelle Turquie on a tendance à penser aujourd’hui que les Troyens sont des barbares, au sens grec du terme, c’est-à-dire des non Grecs, mais ce n’est pas le cas, ils sont pleinement grecs eux-aussi.

Une première expédition est lancée et aboutit à quelques escarmouches sur la côte d’Asie Mineure. Après cela les Achéens rentrent chez eux, laissant Hélène à son sort. Ils reviennent sept ans après, cette fois pour attaquer Troie et libérer Hélène. Mais la ville est imprenable, les Achéens n’arrivent pas à franchir les murailles, en dépit de leur grande adresse au combat. C’est alors que survient un événement qui est un tournant de la guerre. Agamemnon refuse d’accorder à Achille une part du butin qui lui revient. Le guerrier est tellement furieux qu’il ne mène plus de combat et se retire dans sa tente. Sa force et son courage font alors défaut aux Achéens, et ceux-ci subissent une série de défaites qui menace leurs positions, et donne un avantage certain aux Troyens. Patrocle, compagnon d’arme d’Achille, essaye de convaincre son ami de reprendre le combat, mais celui-ci s’obstine dans son refus, tant il s’estime bafoué par l’attitude d’Agamemnon. Finalement Patrocle décide de revêtir la cuirasse d’Achille, et de s’élancer ainsi au combat, afin de galvaniser les troupes qui le confondent avec Achille. Ce stratagème est efficace, les Achéens reprennent de la vigueur. Mais Patrocle se heurte à Hector, fils de Priam et frère aîné de Pâris. Le combat entre les deux héros grecs est sans merci, et si Patrocle possède les armes d’Achille, il n’a pas son immortalité, si bien qu’il est défait et tué par Hector.

A l’annonce de cette mort, Achille passe de la colère contre Agamemnon à la colère contre Hector. Et avec la même résolution qu’il s’était retiré de la guerre, il y retourne, pour venger son ami.

Le combat entre Hector et Achille est l’apogée de la guerre de Troie, d’autant qu’un oracle avait prédit que la ville ne tomberait pas tant qu’Hector serait vivant. Mais Hector, simple mortel, a face à lui un demi-dieu qui ne peut être tué qu’au talon. Le combat est inégal, et en dépit de la bravoure du Troyen, c’est Achille qui remporte le duel. Hector est mortellement blessé par l’épée d’Achille et s’effondre, dans les larmes de son épouse Andromaque. Toujours aveuglé par la douleur de la mort de Patrocle, Achille commet un sacrilège sur le cadavre de son ennemi. En effet, il l’attache à son char et le traine vers le camp des Achéens, puis réalise trois fois le tour des murailles de Troie, avec le cadavre brinquebalent derrière le char. Il faut que le vieux Priam supplie le guerrier achéen pour qu’il cesse ce manège, et rende le corps aux Troyens. Hector est enterré avec beaucoup d’honneurs, ses funérailles sont l’occasion d’une grande pompe et d’un hommage éternel.

Mais Achille aura la vie courte car le cycle de la vengeance se poursuit. Pâris est bien décidé à venger son frère. Sachant qu’il ne peut tuer Achille dans un combat singulier, il utilise la ruse pour l’abattre. Pour cela il trempe une flèche dans du poison et, grâce à un arc, atteint le talon d’Achille avec cette flèche. Le poison se répand dans tout le corps du guerrier, qui meurt quelques temps après.

La guerre n’est pourtant pas finie pour autant, et c’est là qu’intervient le rusé Ulysse. C’est lui qui a l’idée de ce cheval de Troie dont le corps creux renferme des soldats. Le cheval est laissé de nuit devant la porte de Troie, pendant que les Achéens lèvent le camp et partent précipitamment. Au matin, les Troyens découvrent la plaine vide, et le cheval. Croyant à leur victoire et pensant que le cheval est un cadeau des dieux afin de la fêter ils le font entrer dans la ville, n’écoutant pas les avis de Laocoon qui s’oppose à cette entrée. Laocoon est un des fils de Priam, et prêtre d’Apollon, c’est donc une voix écoutée chez les Troyens. Mais alors qu’il est sur le point de remporter l’adhésion des Troyens un terrible serpent sort de la mer et étouffe le prince ainsi que ses fils. Les Troyens y voient alors un châtiment d’Athéna contre l’outrecuidance du prêtre d’Apollon qui s’est refusé à offrir le cheval en sacrifice à la déesse. Une fois à l’intérieur de la cité les Achéens n’ont qu’à attendre le soir, et compter sur la durée du festin de la victoire et l’abondance de boisson, pour sortir du cheval et ouvrir en grand les portes de la ville. Les Troyens ne peuvent rien contre l’invasion des soldats Achéens qui étaient restés cachés, la déroute est totale, la ville est incendiée et rasée, Hélène est libérée et peut retrouver Ménélas, après dix ans d’absence.

De ce terrible incendie sort vivant Enée, prince troyen, portant son père Anchise sur les épaules. Enée est vu par les Romains comme étant le fondateur mythique de Rome, d’où le livre de Virgile s’intitulant l’Enéide. Chose remarquable, les historiographes médiévaux ont aussi rattaché la noblesse franque à Enée ; pour eux elle en était la descendance directe. Si Troie a donc perdu la guerre, si la ville a été rasée, Troie a donc continué de vivre dans Rome et dans les Francs, montrant ainsi la continuité historique entre les différents peuples.

En conclusion on peut évidemment se demander si la guerre de Troie a existé, et si elle n’est pas un mythe inventé. Il est important de précisé ici que les mythes n’existent pas. Toutes les histoires, tous les mythes ont un fondement historique, rien ne part de rien. La guerre de Troie n’a peut être pas eu le déroulement dont parle Homère, l’épopée a pu être déformée et modifiée en fonction des aléas de la tradition orale, mais il y a bien un fondement historique a cela, fondement que les découvertes archéologiques du site de Troie ont confirmé.

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