La France des métropoles 1/2

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jeudi 2 octobre 2014

La France des métropoles se dessine dans l’axe de la mondialisation. À côté de la France périphérique qui subit déclassement et problèmes sociaux, la France mondialisée qui se bâtit autour des grandes métropoles est une France connectée au reste du monde et capable d’affronter les difficultés imposées par cette nouvelle concurrence. (Analyse du chapitre 3 de La France périphérique)

Des métropoles à l’économie dynamique

Ainsi, entre 2006 et 2011 les métropoles ont été préservées de la crise économique grâce à leur spécialisation dans le secteur tertiaire. Le nombre d’emplois a progressé de 2.6% dans la métropole parisienne, de 4.7% en moyenne à Lyon, Marseille, Toulouse, Lille, Bordeaux, Nantes, Nice, Strasbourg, Rennes. (Source : Insee). Le chômage de masse touche donc la France périphérique, mais pas celle des métropoles.
Cette crise de 2008 a accentué les inégalités entre les territoires. Les métropoles ne sont pas touchées par cette crise, car elles offrent beaucoup d’emplois et de mobilités. Ce sont les villes moyennes et les petites villes qui sont touchées. Là, le secteur industrialisé a été fortement atteint et le chômage augmente. Ce qui le limite, c’est le secteur public (administrations, enseignement, santé, action sociale) et l’emploi des services à la personne. La réduction du nombre de fonctionnaires y serait alors une catastrophe si ces emplois détruits ne pouvaient pas être remplacés par de nouvelles créations. C’est la raison pour laquelle cadres et ouvriers n’ont pas du tout la même perception de la mondialisation. Pour 68% des cadres, la mondialisation est une opportunité. Pour 47% des ouvriers, elle est une menace. Pour 72% des cadres, la France doit s’ouvrir davantage au monde. Pour 75% des ouvriers, elle doit s’en protéger.

Les métropoles connaissent une éviction sociologique : les usines se délocalisent vers les zones rurales ou périurbaines, donc les employés et les ouvriers suivent ce mouvement et s’installent en périphérie. Ceux-ci doivent alors habiter plus loin des villes et effectuer de longs trajets pour venir y habiter. Les grandes villes voient ainsi augmenter leurs emplois de cadres et de professions intellectuelles supérieures. À une population ouvrière se substitue une population tertiaire. Cela n’a rien de mauvais en soi, mais il est toutefois important de prendre conscience de ces changements structurels.

Paris a, en 2011, 27,9% de cadres parmi ses actifs ; c’est le plus fort taux jamais atteint par cette ville. Les cadres réoccupent les centres villes et notamment le parc de logement. Cela transforme les villes (c’est la gentrification) et fait monter le prix de l’immobilier, chassant davantage encore les ouvriers et les employés vers les périphéries.

Les métropoles se partagent ainsi entre des emplois très qualifiés et des emplois qui le sont beaucoup moins. Les catégories populaires ouvrières et d’employés sont remplacées par des catégories populaires qui sont issues de l’immigration, et dont le statut est souvent précaire. Le parc de logement connaît lui aussi une distinction d’occupation :

« À terme, l’ensemble du parc privé de logements des métropoles sera touché par une gentrification plus ou moins intense, tandis que le parc social est voué à se spécialiser dans l’accueil de populations précaires et/ou immigrées. » (p. 41)

Et plus loin de préciser que « Partout le clivage social tend à recouvrir un clivage ethnique. » (p. 42)

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