Génération sans pareille

Ils sont une génération bénie et maudite, ce sont les baby-boomers. Bénie parce qu’ils ont connu la paix, le progrès, le développement technique sans commune mesure, la prospérité. Maudite, parce qu’on les accuse d’égoïsme, d’avoir vécu sur la rente capitalisée par leurs parents, et d’avoir laissé à leurs enfants un peu en ruine et miné par les conflits identitaires. C’est oublier qu’ils ont aussi connu le chômage et les restructurations économiques, les crises, les pré-retraites, les bouleversements sociaux.

Jean-François Sirinelli analyse avec grand talent cette génération qu’il connaît bien, et il nous livre un grand livre d’histoire culturelle et sociale, un modèle du genre, et de surcroît bien écrit. L’auteur y traite d’économie et de culture, où l’on retrouve Johnny et les films cultes, il parle de politique et de relations internationales : Che Guevara et le Vietnam. On ne peut isoler les baby-boomers de France des drames et des espoirs du monde entre 1945 et aujourd’hui : les guerres d’Indépendance, le Vietnam et le communisme. Il y a certes la 2CV et la DS, mais aussi le risque d’affrontement nucléaire. Tout cela pèse et forme une génération.

Jean-François Sirinelli montre bien comment cette génération est le fruit de l’Atlantide : elle conserve des racines dans un monde qui a disparu, et elle a dû bâtir un monde nouveau qui a été un long saut dans l’inconnu. Un livre fondamental pour mieux comprendre le XXe siècle en France.