François Fillon soutient la liberté de l’enseignement

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mercredi 5 novembre 2014

François Fillon soutient la liberté de l’enseignement

Je découvre un peu tard ce discours sur l’éducation prononcé par François Fillon le 10 avril 2014. Celui-ci résume sa pensée sur le sujet. Il en a une compréhension de l’intérieur puisqu’il fut ministre de l’Education nationale sous Jean-Pierre Raffarin. Son discours est évidemment important puisqu’il est candidat à la présidentielle de 2017, au moins par l’intermédiaire des primaires de l’UMP. C’est pourquoi il est heureux de voir qu’il se prononce en faveur de la liberté, qu’il désigne même comme étant la principale voie de succès de l’éducation.
Ses propositions de réforme du lycée vont dans le bon sens, ainsi que sa réforme du baccalauréat. De même, il faut effectivement donner plus d’autonomie et de liberté aux directeurs d’établissements et aux professeurs.

Un regret toutefois : à aucun moment il n’évoque les modes de fonctionnement ni la question du rapport entre les écoles d’Etat et les écoles libres.

Je cite ici plusieurs extraits de son discours.

« Les pays qui ont les meilleurs résultats scolaires ont une organisation différente, qui donne plus de libertés aux établissements scolaires et plus de cohérence aux équipes pédagogiques. Chez nous, la centralisation et la verticalité restent dominantes. »

Sur la question des règles et de la discipline :

« C’est aussi au collège qu’il faut apprendre à l’élève le sens de l’effort qui ne va pas sans discipline. L’enquête PISA 2012 explique les résultats très moyens de la France par le fait que les élèves y sont plus dissipés qu’ailleurs.
Dans chaque établissement, les règles disciplinaires doivent être claires, connues et accompagnées d’un système de sanctions adaptées et effectivement prises dès que ces règles ont été enfreintes.
Il faut permettre aux chefs d’établissement d’exclure les élèves les plus perturbateurs et de les confier à des établissements chargés de rectifier leur comportement et de les remettre sur la voie des apprentissages scolaires fondamentaux.
Je propose de rétablir la note de vie scolaire – supprimée en janvier 2014 par le gouvernement socialiste – afin de prendre en compte l’assiduité en classe, la politesse, la prise de responsabilité, le respect des autres et d’abord des professeurs et éducateurs. »

Sur la réforme du lycée :

« Pour le lycée, la question est de préparer vraiment les jeunes à leur avenir, que celui-ci soit professionnel ou qu’il se déroule dans l’enseignement supérieur.
Il faut une vraie revalorisation de la voie professionnelle.
En France la dispersion de l’organisation des voies de formation professionnelle nuit à leur lisibilité par les familles et à leur attractivité pour les élèves : nous avons des lycées professionnels, des lycées agricoles, des lycées maritimes et des centres d’apprentissage, chacun avec ses spécificités mais sans aucune vue d’ensemble. Il est nécessaire d’organiser une plus grande cohérence entre les voies de formation mais aussi entre les lieux de formation et les bassins d’emploi.

C’est pourquoi, comme dans la plupart des pays voisins, la responsabilité de la totalité de l’enseignement professionnel scolaire devrait être confiée aux régions et non plus aux rectorats. »

(Cela me semble une très bonne idée, la voie professionnelle doit être rendue plus lisible, plus cohérente afin d’être plus attractive).

Pour les lycées généraux :

« Comme c’est le cas dans de nombreux pays, un élève de première et de terminale doit pouvoir se concentrer davantage sur les matières dominantes de sa série (littéraire, économique, scientifique, technologique) qui lui permettront de préparer la prochaine étape de son parcours : il doit être capable de parler correctement une langue étrangère en fin de lycée.
L’élève de terminale doit acquérir plus d’autonomie dans la gestion de l’apprentissage des savoirs on pourrait organiser le programme de terminale autour de travaux dirigés, les cours magistraux regroupant plusieurs classes. »

(Pourquoi pas, c’est une idée intéressante sur laquelle on peut réfléchir, et c’est surtout une vraie réflexion pédagogique).

« Et puis il y a le baccalauréat. En 2005, j’ai voulu, mais je n’ai pas pu, traiter cette question. Je persiste et signe. Je propose de réduire à 4 le nombre d’épreuves en renforçant les exigences de chacune d’entre elles pour permettre la réussite dans l’enseignement supérieur.
Chacun sait que le baccalauréat actuel est marqué par une dispersion des savoirs exigés ; au fil des années, le nombre d’épreuves a augmenté parallèlement à un déclin des exigences attachées à chacune d’entre elles.
Le baccalauréat doit comprendre une épreuve de français passée à la fin de la première début juillet et trois épreuves en terminale portant sur les matières dominantes de la série passées début juillet, afin de rendre au baccalauréat une valeur qu’il n’a plus et de mieux préparer aux études supérieures. Les disciplines ne faisant pas l’objet d’épreuve pourront être notées dans le cadre du contrôle continu. »

(Excellente chose : c’est un point que je soutiens complètement).

Sur l’autonomie des établissements :

« Je le dis, même si cela doit provoquer des réactions diverses : l’Etat doit libérer les initiatives locales. Il faut que les écoles primaires aient de vrais directeurs et que les directeurs d’école et les chefs d’établissement disposent de réels pouvoirs de décision dans l’établissement et la promotion des enseignants. »

« Il faut que le chef d’établissement du second degré puisse choisir les personnels enseignants et non enseignants qui viennent travailler avec lui en partageant le projet de l’établissement. Auparavant, il établit et publie un profil des postes. »

« Dans les missions du professeur doivent être inscrits l’accompagnement personnalisé des élèves et la formation des jeunes enseignants.
C’est pourquoi, il faudra augmenter progressivement le temps de présence des enseignants du second degré dans l’établissement – comme d’ailleurs le temps de travail de tous les fonctionnaires : dans les collèges et lycées, le temps de présence passerait de 648 à 800 heures par an ; mais le temps de cours serait inchangé. »

(Les professeurs peuvent effectivement passer plus de temps dans leur établissement, pour faire du préceptorat, pour animer des activités, et pas seulement pour faire ou préparer des heures de cours. Mais je réponds d’avance à ceux qui ne connaissent pas ce métier : dispenser 18h de cours par semaine, ce n’est pas travailler 18h. Quand les professeurs disent qu’il faut du temps pour préparer les cours, et que les copies à corriger sont aussi très prenantes, ils ont parfaitement raison. À titre d’exemple, la correction d’une dissertation au lycée, c’est entre 10 et 20 mn de correction, selon la classe, le sujet et la copie. Quand il y a une classe de 35 copies, le compte est vite fait).

L’intégralité du discours est à retrouver ici.

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