Evolution des résultats au baccalauréat général

Vous êtes ici : Accueil > Articles > Evolution des résultats au baccalauréat général

lundi 26 novembre 2012

Voici une étude instructive trouvée sur le site de la Société chimique de France sur les résultats au baccalauréat en France, de 1962 à 2003.
Je n’ai pas encore trouvé d’analyse globale plus récente, mais peu importe finalement pour comprendre ce qui nous intéresse. Je ferai plusieurs commentaires de ce document.

1/ Bien évidemment, et cela n’est pas surprenant, le nombre de bacheliers généraux a considérablement augmenté entre 1962 et 2003. Il fut multiplié par 2.3 entre 1962 et 1974, avec une croissance annuelle moyenne de 7% ; et entre 1985 et 1995 il a connu une croissance annuelle de 5%.

Pourquoi une telle augmentation ? À cause de l’augmentation de la population, serait-on tenté de répondre. Ce que le graphique 2 dément.

2/ L’augmentation du nombre de bacheliers est sans aucun lien avec l’augmentation de la population. Il n’y a pas d’influence démographique. C’est donc que, sans augmenter la réserve, on a permis à plus de jeunes d’accéder au baccalauréat. La croissance n’est donc pas fondée sur une croissance démographique mais sur une ouverture vers le vivier existant.
Le taux d’accès d’une classe d’âge a ainsi été multiplié par 3 entre 1962 et 1995, passant de 11% à 37%. En 2010, il était de 35.9%, le taux a donc stagné, voire légèrement baissé, en cinq ans.

La massification du système éducatif est donc réelle. On sait que, malheureusement, cette massification s’est faite au détriment du niveau scolaire. Si on a conduit 37% d’une classe d’âge vers le bac général, c’est parce que les exigences du bac ont fortement chuté. Les élèves et la nation ont-ils gagné à ce jeu de dupes ?

3/ Le taux de réussite au bac général n’a cessé de croître. Comment a-t-on fait pour avoir plus de monde dans les sections générales ? Puisque la démographie n’est pas en cause, comme le démontre le graphique 2, c’est que le niveau a été baissé, ce que démontre parfaitement le graphique 5.

Entre 1984 et 1988, le taux de réussite connaît une croissance de 8 points. C’est le moment où le ministre de l’époque fixe l’objectif de 80% d’une classe d’âge ayant le baccalauréat. Conséquence : les bacs professionnels et technologiques se sont multipliés, le bac général a été rabaissé. Malgré cela, ce n’est que 66.8% d’une classe d’âge qui a décroché un bac en 2010.
Entre 1997 et 2003, la croissance est de 7 points. C’est l’époque de la gauche au pouvoir et des grandes manifestations lycéennes, contre Claude Allègre notamment. Pour calmer la situation la correction a été assouplie. L’exemple caricatural de 1968 montre que manifester est la meilleure façon d’avoir le bac.

4/ Les garçons sont les grands perdants de l’ouverture du bac. Je ne m’attendais pas à trouver dans ce document un tel argument en faveur de la non-mixité. Le graphique 4 montre comment l’écart entre les garçons et les filles ne cesse de croître au fil des ans. Or, cet écart débute à partir de 1969, c’est-à-dire au moment où l’on a supprimé la non-mixité et mélangé filles et garçons dans les classes, au mépris de la pédagogie. La mixité est devenue obligatoire en 1975, et l’on voit que cela correspond à une nouvelle période de chute jusqu’en 1981, mais dans les faits elle a été instituée plus tôt dans les écoles, en fait après 1968.

5/ A-t-on plus de bacheliers généraux aujourd’hui ?

1962 : 66 225

1970 : 138 707

1980 : 159 769

1990 : 247 213

2010 : 274 378

L’accroissement est donc le suivant :

1962-2010 : + 314%

1980-2010 : + 72%

1990-2010 : + 11%

Pourtant, seuls les bacs ES et S peuvent être considérés comme des bacs généraux. Le bac L n’ayant aucune matière scientifique est un bac spécialisé, non un bac général.

Il y a donc deux bac généraux en France, ES (avec une dominante sciences humaines) et S (avec une dominante sciences expérimentales). Cela nous ramène à ce qu’était le bac au début du XIXe siècle, où il y avait un bac ès lettres et un bac ès sciences. En dépit de toutes les réformes possibles en deux siècles, la structure du bac n’a guère changé.

Le nombre de bacheliers généraux pour ces bacs en 2010 est de 230 218. Depuis 1970 il y a donc eu un accroissement de 91 511 bacheliers généraux. C’est bien peu, surtout au vu de l’argent public gaspillé et de la baisse générale que l’on a été obligé de mener. Entre 1985 et 2009, le coût d’un lycéen a augmenté de 4090€. En 1985 il y avait 170 564 bacheliers (avec un bac A qui pouvait encore être considéré comme un bac général). Le gain de bacheliers n’est donc que de 59 654 en 25 ans.

Thème(s) associés :

Par Thèmes