Atlantico : Le libéralisme défend un vrai modèle social

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dimanche 15 avril 2018

La politique menée par Emmanuel Macron est souvent qualifiée de libérale, ou de néolibérale, et parfois d’anti-sociale. Derrière ce qui apparaît comme des slogans politiques qui parfois relèvent d’une approche émotionnelle, comment y voir plus clair ? Par un jeu d’équation, en quoi le libéralisme serait-il anti-social ?

Emmanuel Macron n’est pas vraiment un libéral. Il n’a jamais cité aucun auteur de la tradition libérale française ou autrichienne et les mesures qu’il prend ne vont pas dans le sens de ce que défendent les libéraux : restriction de la liberté de la presse avec la loi sur les fake news, restriction de la liberté de circulation avec l’abaissement de la vitesse sur les routes, multiplication des taxes (huit en huit mois), refus de privatiser la SNCF, etc.

Mais le mot libéral est connoté de façon tellement négative qu’il sert à discréditer l’adversaire. Accuser une personne d’être libérale, c’est empêcher tout débat, discréditer d’avance son action et ne mener aucune réflexion.

Là où les étatistes ont raison, c’est que les libéraux remettent en cause le modèle social français. En ce sens oui, ils sont anti-sociaux. Sur quoi repose le modèle social français ? Le vol légalisé et la spoliation légitimée qui permettent par l’impôt de capter presque les trois quarts des ressources des personnes qui travaillent pour les redistribuer à d’autres. On a inculqué dans l’esprit des Français que les inégalités étaient synonymes d’injustice et qu’elles étaient forcément mauvaises, que la redistribution était une bonne chose, que les services sociaux étaient gratuits, parce que payés par l’État. Si être social c’est défendre la spoliation légalisée, l’endettement massif de l’Etat, c’est-à-dire le vol des générations futures, accepter l’injustice de la redistribution, alors oui les libéraux sont anti-sociaux.

Bien souvent d’ailleurs, l’argument de la défense du service public et des acquis sociaux sert uniquement à défendre les rentes et les situations de capitalisme de connivence. L’intérêt général est trop souvent invoqué pour défendre des intérêts particuliers comme, actuellement, le statut de cheminot.

Les libéraux défendent et proposent une société qui repose sur des fondements éthiques et anthropologiques complètement différents de ceux des étatistes : le droit des personnes, le droit naturel, la justice individuelle, la responsabilité. Il ne peut pas y avoir de conciliation possible puisque ce sont deux visions sociales différentes.

Puisque ces accusations sont liées à la question du modèle social, auquel les Français sont attachés, comment inverser le point de vue ? Qu’est-ce qui pourrait justement sauver le modèle social français et qu’est-ce qui pourrait le détruire ?

Je ne suis pas certain que les Français soient réellement attachés à ce modèle social. On ne leur a jamais demandé leur avis. On leur ment en leur cachant le vrai coût du modèle social, et notamment de la sécurité sociale. Ce mensonge va encore être accru par le prélèvement à la source qui fait perdre le sens de la réalité de l’impôt et des prélèvements obligatoires.

Quand le gouvernement de François Hollande a obligé les frontaliers à cotiser au régime général au lieu de pouvoir souscrire à une assurance privée, ceux-ci se sont révoltés. Les Français qui partent à l’étranger ou qui se font aider d’un avocat pour réaliser de l’optimisation fiscale ne sont visiblement pas des adeptes de notre modèle social.

Dire que les Français adhèrent au modèle social français, c’est comme dire que les Soviétiques adhèrent au modèle social communiste. La propagande est tellement forte qu’ils n’ont pas d’autres choix. Mais quel Français voudrait aujourd’hui revenir à l’ORTF, interdire les radios libres, ressusciter les PTT, nationaliser toutes les banques, rétablir le monopole d’Air France ?

Attachés à notre modèle social les Français ? Pourtant, ils plébiscitent Air BNB, ils font usage des VTC, ils s’emparent de toutes les libertés possibles. Ce sont plutôt les rentiers du modèle social qui diffusent cette idée, afin de préserver leurs rentes et leurs privilèges. Comme les parlementaires qui expliquaient à Turgot en 1776 qu’il ne fallait surtout pas abolir la corvée parce que cela était injuste pour le peuple.

Le modèle social actuel a été élaboré par les fonctionnaires de Vichy puis adopté par le gouvernement communiste de la Libération, où les mêmes fonctionnaires étaient présents. Les régimes changent, pas l’administration. Il a été imposé aux Français sans concertation et sans référendum. Il va mourir parce qu’il engendre une dette qui n’est plus tenable. L’État providence anglais a explosé le jour où l’Angleterre a été placée sous la tutelle du FMI. Il va mourir aussi parce que les prélèvements obligatoires ont atteint des taux exorbitants : le jour de libération fiscale de la France est le plus tardif d’Europe (fin juillet). Il a déjà beaucoup changé : la plupart des entreprises publiques ont été privatisées, et les collectivités locales ont abandonné un certain nombre de services pour les faire faire par le privé. Ce qui coûte moins cher et est plus efficace.

Le modèle social actuel engendre de la pauvreté, des inégalités et beaucoup de frustration. Pour le sauver, ses partisans agitent le chiffon de l’hydre libéral pour tenter de détourner les esprits.

Dès lors, quelle serait l’approche qui pourrait être considérée comme étant anti-sociale ?

Maintenir notre système actuel. Les retraites par répartition sont un vol de la jeunesse au profit des retraités. Les insurgés de Tolbiac feraient mieux de lutter contre cela. L’Éducation nationale est incapable d’éduquer et d’enseigner. Il est temps de privatiser l’éducation par l’établissement du chèque scolaire. La dette est une bombe à retardement qui va laminer la génération qui a aujourd’hui entre 25 et 45 ans. Le logement social crée une très forte pénurie et donc un accroissement des prix de l’immobilier. L’islamisme lui-même est le fruit de notre modèle social. Pompe aspirante de l’immigration, notre modèle social a développé le discours moralisateur et culpabilisateur. Pour beaucoup, le terroriste est une victime. L’islamo-gauchisme prospère sur cette idée-là. Le djihadiste est le nouveau prolétaire, qui souffre des inégalités, alors que ce n’est qu’un nouveau criminel. Pour gagner la guerre contre l’islamisme, il faudra aussi revoir notre modèle social.

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