Amérique latine : le naufrage

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vendredi 25 octobre 2019

Les difficultés s’accumulent en Amérique latine, où de nombreux pays connaissent des manifestations de masse et des problèmes politiques majeurs.

Au Chili, la hausse annoncée du prix du ticket de métro a été le déclencheur de manifestations de grande envergure dans la capitale, qui concentre un quart de la population du pays. La révolte est partie des étudiants et s’est propagée à d’autres couches de la population. Le métro de Santiago a été pris d’assaut, engendrant de nombreux dégâts dans un certain nombre de stations. Toutes les lignes de métro, sauf une, sont à l’arrêt, ce qui paralyse la vie de la capitale, qui dispose d’un vaste réseau de métro (140 km), moderne et essentiel au fonctionnement du pays. Le président Sebastien Pinera a eu beau annuler la discussion de la hausse au Parlement lors d’une allocation samedi soir, les violences ont continué. Cela est d’autant plus surprenant que, contrairement à ses voisins, le Chili est plutôt un pays calme et pacifique. C’est aussi celui qui dispose du meilleur niveau de vie et du taux de pauvreté le plus faible de toute l’Amérique latine. Le Chili a longtemps fait office d’oasis de prospérité au sein d’un sous-continent turbulent. Ces journées d’émeutes semblent contredire cela.

Les violences ne se sont pas limitées à Santiago, mais ce sont l’ensemble des grandes villes du pays qui sont touchées, y compris Valparaiso. Ce qui montre que la question de la hausse des prix du ticket de métro n’est qu’un prétexte. Les manifestants ont attaqué des magasins et des usines, organisant des pillages et des destructions de bien. Une usine textile a ainsi été attaquée et incendiée, ainsi qu’un entrepôt. Ces incendies ont pris au piège des salariés travaillant à l’intérieur de ceux-ci, engendrant la mort de quinze personnes qui ont péri brûlées.

La situation est donc des plus explosives. Sébastien Pinera, lors de son allocution, a indiqué que le Chili était « en guerre ». Ce qui lui a permis de justifier l’instauration d’un couvre-feu et la présence de l’armée dans les rues de la capitale et des grandes villes afin d’assurer la sécurité des biens et des personnes. Les pillages d’un côté, les violences urbaines et les appels à la violence des partis de gauche rappellent à certains l’arrivée au pouvoir du communiste Salvador Allende et les dégâts causés par son gouvernement. L’état d’urgence et les patrouilles de militaires rappellent à d’autres les années Pinochet. Ainsi, aux violences politiques et sociales se surimposent les conflits mémoriaux autour de l’interprétation des événements de 1973 : fin d’une dictature communiste inspirée par Cuba et Che Guevara pour certains, coup d’État militaire établissant une dictature pour d’autres. La fin de la période Pinochet à la suite du référendum perdu de 1990 à ouvert une nouvelle période politique, mais aucun des gouvernements, de gauche et de droite, n’ont remis en cause les réformes économiques et sociales établies, notamment le système de retraite par capitalisation et l’autonomie des écoles et des universités, qui fait de ces établissements les plus réputés de l’Amérique latine.

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