1er tour de la primaire et recomposition de la droite

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lundi 21 novembre 2016

1er tour de la primaire et recomposition de la droite

Ce premier tour de la primaire de la droite a eu pour effet de rebattre les cartes et de remodeler les contours idéologiques de cette famille politique. Entre perdants et gagnants, c’est une nouvelle droite qui se dessine en cet automne 2016.

Les perdants

Le 20 novembre marque l’élimination de Nicolas Sarkozy et son probable départ de la vie politique. Son score est sévère, à peine 20% pour celui qui était président de LR, ancien Président de la République et acteur principal de la droite depuis 2002. Il avait été mal élu président de l’UMP en 2014, certes avec 64.5% des voix, mais avec un score bien inférieur à 2004 (85%). Ce ne sont pas tant les idées qui ont été rejetées que l’homme et sa façon de faire déjà cause de sa défaite en 2012. Nul ne sait encore ce qu’il fera, mais c’est tout de même une page importante de l’histoire de la droite qui a été refermée.

Alain Juppé est un autre perdant. Non seulement il ne termine pas premier, mais il réalise un score assez faible (28.6%), loin en tout cas de ce qui lui était promis. Le fait que des électeurs de gauche aient pu voter pour lui ternit également son image. Le deuxième tour n’est pas joué, mais sa victoire apparaît peu probable. Sa défaite est aussi celle d’une droite qui court derrière la gauche et qui n’a pas vraiment de projet politique ni de vision de société.

Bruno Le Maire et Jean-François Coppé risquent de vivre des lendemains difficiles. En terminant cinquième avec 2.5% et dernier avec 0.3% ils ont montré qu’ils ne pesaient rien. Les politiques de leur génération ne vont pas se priver de les reléguer dans le camp des défaits et de les empêcher de jouer un rôle dans les prochaines années. De même pour Jean-Frédéric Poisson qui a lui aussi raté son pari. Avec près de 15 ans d’existence, son parti est groupusculaire et ne compte aucune victoire à son actif. Avec 1.4% des suffrages, il a montré qu’il était insignifiant. À l’inverse, c’est la victoire de la stratégie de Sens Commun qui a fait le choix d’être présent à l’intérieur de LR et de soutenir François Fillon a un moment où il était donné quatrième. Ils ont essuyé beaucoup d’attaques, mais la victoire d’aujourd’hui montre que leur stratégie est la bonne. Quant à NKM elle est égale à elle-même et sa quatrième place est finalement plutôt une bonne chose pour elle.

Les gagnants

La démocratie. Beaucoup ont critiqué l’organisation de primaire à droite et souvent avec des arguments justes. Mais force est de constater qu’elles sont une grande victoire de la démocratie. Avec plus de 4 millions de participants, c’est un nombre beaucoup plus grand que ce qui était attendu par les organisateurs. Or, pour participer à cette élection il fallait se rendre dans un bureau de vote souvent différent de l’habituel (donc, se renseigner sur le lieu) et payer 2€, difficile dans un pays où beaucoup pensent que tout est gratuit.

La primaire a aussi permis que les candidats exposent publiquement leur programme et en parlent abondamment, notamment sous la forme de livres. Il y a de vraies différences entre Alain Juppé et François Fillon et celles-ci ont été réglées par les urnes. Le candidat vainqueur aura une vraie légitimité politique et les coudées franches pour l’appliquer.

La vérité politique. On a souvent dit qu’en France la réforme ne paye pas. Or François Fillon a fait campagne en se référant à Margareth Thatcher, aujourd’hui plus appréciée, mais longtemps honnie dans la droite française. Il a fait campagne en promettant de réduire le nombre de fonctionnaires de 500 000, d’aligner les cotisations du public sur celles du privé, de repousser l’âge de départ à la retraite.

Ce sont des propositions de bon sens qui sont essentielles pour redresser l’économie française, mais qu’il n’est pas du tout facile de développer. Raymond Barre et Édouard Balladur n’ont pas dépassé les 16%, avec un programme assez proche. Pour la première fois, un candidat qui a fait campagne sur un projet de vraie rupture avec le modèle étatique français a largement remporté l’élection. Fillon a clairement dit qu’il ne voulait pas réformer le système, mais le transformer. Et cela plaît. C’est la première fois aussi qu’un candidat qui ose se dire libéral fait un aussi grand score au premier tour. Cela aussi est une première.

Reste à confirmer cela au second tour. Dimanche prochain nous pourrions assister à une profonde recomposition idéologique de la droite française.

Illustration : résultats de la primaire par départements. Source : BFM TV.

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