Les mains de France : Blandin & Delloye

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dimanche 13 novembre 2016

Blandin & Delloye, confections sur mesure

Comme le whisky, les tissus de qualité ont besoin d’eau pure pour être fabriqués. C’est peut-être pour cela que Blandin & Delloye proposent un verre de malt à leurs clients qui viennent réfléchir à leur nouvelle confection.

C’est parfois en voyageant loin que l’on se retrouve proche de ce que l’on est. Partant en Asie pour ses études, Charles Blandin y découvre l’univers de la confection sur mesure ; ces échoppes où il est possible de se faire confectionner rapidement un costume en choisissant les tissus d’une palette donnée. La qualité n’est pas toujours au rendez-vous, mais c’est le plaisir de pouvoir porter un vêtement réalisé à ses mesures, la sensation d’une unicité et d’une authenticité que l’on ne trouve pas dans le prêt-à-porter. L’idée plait à ses amis qui lui demandent d’en rapporter pour eux à chacun de ses voyages.

De là germe une idée et, associé à Cédric Fourny-Delloye, naît une entreprise de confections sur mesure. Le principe est simple : les mesures du client sont prises, celui-ci choisit les tissus et les personnalisations et le vêtement est confectionné dans un atelier situé en Europe centrale. On retrouve ici tout ce qui fait un costume de qualité : entoilage, coupe, finitions, tissus des grandes maisons de la place (Vitale Barberis et Dormeuil essentiellement). On retrouve aussi une idée nouvelle et ancienne à la fois : le fait que le consommateur soit le centre du processus économique. « Le mot consommateur, le mot qui résout tous les problèmes » disait Frédéric Bastiat car cette confection sur mesure transforme le rapport au produit et les rapports entre le tailleur et le client.

Un achat réfléchi

En effet, celui-ci ne se contente pas d’acheter dans un magasin, mais il découvre le processus de fabrication, ce qui suppose soit qu’il soit déjà renseigné sur celui-ci, soit que son tailleur l’en instruise. Découverte aussi du temps que prennent les choses, entre les premières mesures, la confection et les essayages. C’est une autre façon de consommer, qui oblige à prévoir les achats à l’avance et à les décaler par rapport aux saisons. De même qu’il y a le slow food, la confection sur mesure introduit une lenteur d’habillage loin de l’achat rapide des magasins de vêtements. Le sur-mesure ne consiste pas en un vêtement à sa taille, mais en un vêtement à son esprit. Ici, le client est le concepteur de ce qu’il porte : il choisit les tissus, les couleurs, les assemblages, les finitions ; il est donc complètement acteur du processus de fabrication. C’est une responsabilisation sartoriale.

La première boutique fut installée rue de Palestro, à proximité du Sentier, quartier traditionnel du secteur textile parisien. Les deux fondateurs ont passé beaucoup de temps à visiter des ateliers, à parler avec les acteurs installés pour comprendre comment un vêtement se construit et se réalise afin de pouvoir produire le meilleur produit possible. Ici se joue le rôle essentiel de l’accumulation de savoir-faire et de la transmission de ces savoirs. Même en faisant quelque chose de nouveau on ne part pas de rien : aucune entreprise ne débute sur une feuille blanche.

De la boutique d’origine, d’autres ont essaimé, à Paris et à Bordeaux, et un camion peut désormais partir sur les routes de France pour apporter le charme du salon d’essayage à ceux qui n’ont pas la possibilité de venir à Paris. C’est là aussi mettre la nouvelle technologie au service d’un art ancien. Ces boutiques de tailleurs qui ont petit à petit disparu de nos villes, les voilà qui réapparaissent pour satisfaire une nouvelle génération. Les clients sont toutefois très diversifiés : des hommes jeunes et d’autres moins, pour des usages occasionnels ou quotidiens, pour des costumes classiques ou plus originaux. Ici, la main suit l’œil de l’expert qui sait apprécier les morphologies et proposer ainsi les meilleures coupes possibles et les meilleures associations.

Qualité & esthétique

La qualité des vêtements ne fait pas défaut, car c’est elle que l’on recherche d’abord en premier : qualité des coupes, des tissus, du montage et confort dans le port. Chaque client à ses préférences et ses habitudes, or le vêtement fournit beaucoup d’informations sur la personne qui le porte comme sur la société où il est porté. Le métier de couturier est une fenêtre ouverte sur l’essence d’une époque. En pousser la porte, comme ici, c’est trouver une oreille attentive à ses attentes et c’est se retrouver soi-même dans ce que le vêtement exprime de la personnalité de chacun.

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