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lundi 15 janvier 2018
Pierre Mathiot a remis au ministre de l’Éducation nationale son rapport sur la réforme du bac et du lycée. Le ministre devrait annoncer sa réforme le 14 février, afin qu’elle entre en vigueur dès la rentrée 2018. Ce rapport consacre la victoire du pédagogisme et tout laisse à penser que le ministre le suivra. Ce n’est pas la réforme Blanquer a proprement dit. Toute autre personne qui aurait été ministre à la place de Jean-Michel Blanquer aurait proposé peu ou prou la même réforme. Najat Vallaud-Belkacem voulait elle aussi réformer le lycée, après le collège, et les pistes qu’elle avait évoquées recouvraient celles annoncées par le rapport Mathiot.
Les idées énoncées étaient en cours depuis longtemps dans les couloirs de l’Éducation nationale. Cela démontre que le ministre, quel qu’il soit, n’a pas de réel pouvoir sur l’État profond de l’Éducation nationale.
La dernière grande réforme du lycée date de la rentrée 2011 (Seconde) et sa mise en place a pris fin à la rentrée 2013 (avec les Terminales). Cinq ans plus tard, et alors que cette réforme est à peine digérée, une autre est proposée. On peut d’ores et déjà parier que celui qui sera à la tête du ministère dans cinq ans proposera lui aussi « un nouveau lycée ».
Tout changer pour ne rien changer
Le but de la mission Mathiot était de proposer des pistes de réformes pour le baccalauréat. Mais toucher au bac implique nécessairement de toucher au lycée. Ce que dénonçait déjà Frédéric Bastiat : celui qui contrôle l’examen terminal contrôle l’enseignement qui y conduit. Or où le problème ? Dans le fait que l’université n’a toujours pas le droit de sélectionner à son entrée et que, de ce fait, seuls 30% des étudiants passent de la L1 à la L2.
Alain Devaquet, décédé cette semaine, avait tenté d’autoriser les universités à sélectionner. C’était en 1986. Sur Twitter, Jean-Michel Blanquer a eu un hommage pour le moins étrange : « Lire ou relire L’Amibe et l’étudiant. Alain Devaquet était un grand universitaire et un honnête homme à la recherche de l’intérêt général ». Pas un mot sur sa réforme, alors que Valérie Pécresse et Luc Chatel l’ont défendue : « Il défendit trop tôt une réforme qui aurait changé le visage de l’université française » et « Hommage à Alain Devaquet qui avait eu raison trop tôt. Fier a posteriori d’avoir soutenu son projet de réforme de l’université en 1986… ».
À partir du moment où le gouvernement refuse que les universités puissent sélectionner à l’entrée de la L1, toute réforme du bac, donc du lycée, ne peut que manquer son but. On va donc changer le lycée pour donner l’illusion d’avoir fait une réforme alors que le problème de fond, l’autonomie des universités, n’est pas tranché. La réforme de 2007 portée par François Fillon et Valérie Pécresse va dans ce sens, mais depuis dix ans plus rien n’a été fait et, visiblement, ce gouvernement ne semble pas intéressé à faire quelque chose.
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