Pourquoi GM a fait faillite

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lundi 19 octobre 2020

On dépeint généralement la rupture comme une « attaque » d’entreprises établies par de nouveaux entrants qui « disruptent » ces dernières au moyen d’un nouveau modèle d’affaire.

La réalité est que la situation est bien plus souvent le résultat d’un échec dont les nouveaux entrants tirent parti, parfois sans vraiment le vouloir. Autrement dit, il est bien plus intéressant de penser l’échec face à la rupture comme un suicide que comme une attaque dont seraient victimes les entreprises établies. Le cas de General Motors dans les années 1960-1970 est emblématique.

LA FORTERESSE GM

Au début des années 1960, General Motors est un géant de l’automobile qui domine complètement son marché local, avec plus de 60 % de part de marché. Modèle de réussite économique, GM est également un modèle social : augmentations de salaire, avantages sociaux, conditions de travail, assurances maladies et retraites généreuses.

Le modèle de General Motors repose sur un accord de co-gestion entre la direction et des syndicats très puissants. Cette période est vue par beaucoup comme l’âge d’or de l’industrie américaine, celui auquel voudraient tant revenir nombre de supporters du président Trump : des emplois sûrs, bien payés avec de nombreux avantages sociaux.

Comme Renault en France à cette époque, General Motors est de plus en plus vue et pensée comme une grande administration. D’ailleurs c’est la théorie de l’époque, promue par l’éminent économiste John Kenneth Galbraith, qui défend l’idée d’une convergence entre le capitalisme et le communisme par le biais de la grande entreprise gérée comme une administration. Qu’elle soit privée importe finalement peu.

Mais cette période n’est pas un âge d’or pour tout le monde, loin s’en faut. Protégée par ses parts de marché et concentrée sur son ambition sociale, GM innove peu. À partir des années 1950, sa générosité envers ses salariés n’est plus la traduction de gains de productivité, mais le résultat d’un bras de fer direction-syndicats ; l’entreprise achète la paix sociale sans en avoir plus les moyens car son outil industriel se dégrade et ses coûts augmentent. Les voitures sont de mauvaise qualité, technologiquement en retard et consomment énormément.

De fait, le modèle General Motors s’est construit aux dépens des consommateurs, car quelqu’un doit bien payer au final, et ceux-ci n’ont d’autre choix que d’acheter des voitures médiocres et de plus en plus chères.

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