Parcoursup se dégonfle

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mercredi 19 septembre 2018

Plus les mois passent, plus les mesures phares d’Emmanuel Macron se dégonflent, révélant un gouvernement plus proche de François Hollande que du nouveau monde. La procédure Parcoursup étant achevée, un premier bilan est possible. Globalement, la nouvelle plate-forme a bien fonctionné, mais elle est beaucoup plus lente qu’APB à cause de la suppression de la hiérarchisation des vœux.

Parcoursup = APB

Dans son fonctionnement global, Parcoursup est la même chose qu’APB. Hormis le nom, rien n’a changé. La plateforme d’inscription est la même qu’APB, le site sur lequel se rendent les professeurs pour y mettre leurs avis est lui aussi le même. La grande réforme annoncée n’en est donc pas une. Les blocages de Tolbiac ont bien servi le gouvernement : ils ont permis de faire croire à une réforme puissante et novatrice, tellement puissante que toutes les forces conservatrices étaient coalisées contre elles. Exactement comme pour la réforme de la SNCF qui, en dépit des grèves, n’a débouché sur rien. C’est à se demander si ces manifestations de l’extrême gauche ne sont pas organisées de concert par le gouvernement et ses alliés pour faire croire que le gouvernement travaille, alors qu’il n’y a aucune réforme de fond.

Les vœux sont de retour

Le seul changement notable de Parcoursup est la fin de la hiérarchisation des vœux. Sous APB, les lycéens devaient classer leurs vœux par ordre de préférence. Cela a disparu avec Parcoursup. Du coup, quand les lycéens ont une réponse positive, ils attendent d’autres réponses avant de se prononcer, ce qui bloque les places. D’où la lenteur du système. Avec APB, 80% des candidats avaient reçu une réponse positive lors de l’ouverture du système, contre 50% avec Parcoursup. À la fin de la procédure principale, il y avait 65 500 candidats sans affectation avec APB et 116 500 candidats sans proposition avec Parcoursup, plus 133 500 candidats qui avaient reçu une affectation, mais ne l’avaient pas validé. Cette lenteur est la principale faille du système, car elle bloque les candidats en attente ainsi que les formations qui sont alors obligés de faire des surréservations et qui ne savent pas combien d’étudiants elles auront réellement.

Résultat : plusieurs organisations syndicales (étudiantes et établissements) ont demandé que la hiérarchisation des vœux soit réintroduite. Ce à quoi le ministre de l’Enseignement supérieur a répondu qu’elle n’y était pas défavorable et que l’on pouvait y réfléchir. Réintroduire des vœux oui, car c’est une nécessité pour donner de la souplesse au système, mais il ne faut pas donner l’impression de revenir à APB étant donné que la fin des vœux était la seule différence avec le précédent système. Du coup, on évoque aujourd’hui des « vœux podiums » ou bien des vœux qui ne seraient réalisés qu’à partir de juillet. Le gouvernement cherche donc un moyen de revenir à APB, tout en faisant croire qu’il a réformé de façon courageuse un système obsolète. Comme il est plus doué pour la communication que pour la réalisation, il devrait y arriver.

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