Macron et l’éducation : attendre et voir

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samedi 20 mai 2017

Emmanuel Macron a été élu sans réel programme donc il n’y a pas grand-chose à attendre de lui, notamment en matière scolaire. Deux mesures ont toutefois été annoncées par le Président de la République, l’une plutôt bonne, l’autre inapplicable.

Les rythmes scolaires : à vous de voir

C’est la mesure phare de Vincent Peillon : réduire le nombre d’heures de cours des élèves du primaire et augmenter le nombre d’heures d’activités périscolaires. Une réforme très belle sur le papier, mais difficile à appliquer. Extrêmement couteuse pour les mairies (qui ont dû en assumer les coûts) elle s’est aussi révélée très compliquée à mettre en place de par la difficulté de recrutement. Beaucoup de mairies n’ont pas réussi à recruter le personnel nécessaire pour animer les activités périscolaires. On est également en droit de se poser la question de l’utilité de ces cours de samba, de gymnastique ou de tennis pour des élèves qui n’arrivent pas à maîtriser correctement le français.

Emmanuel Macron a promis de laisser les maires libres de choisir de maintenir ou non cette réforme Peillon. C’est une bonne chose que de laisser la liberté aux mairies, elles devront ainsi expliquer leur choix et ne plus se cacher derrière le paravent de l’autorité décrétée par l’État. Compte tenu du coût de cette mesure et de son peu d’intérêt pédagogique, beaucoup de mairies devraient la supprimer.

La réforme du collège : toujours le flou

Le Président s’est dit opposé à la réforme de Mme Belkacem qui a profondément transformé le collège. Nous avons déjà eu l’occasion d’expliquer ce que cette mesure comportait de nocif. Certes, le Président y semble opposé, mais il n’a pas encore dit ce qu’il comptait en faire. Peut-être que son ministre de l’Éducation nationale sera plus loquace sur ce sujet. Puisque l’on parle d’autonomie, le mieux serait de laisser les établissements libres de leur choix, comme pour la réforme Peillon. Si telle était le cas, beaucoup devraient revenir dessus.

Dédoubler les classes de ZEP : la grande escroquerie

La mesure phare du candidat Macron fut de proposer le dédoublement des classes de CP et de CE1 en ZEP afin de permettre aux élèves de mieux maîtriser les fondamentaux. Cette promesse relève d’une escroquerie foncière et sera impossible à appliquer.

Premièrement, c’est un mythe de croire que moins d’élèves par classe égale de meilleurs résultats. N’en déplaise aux parents, toutes les études universitaires sur le sujet ont montré qu’il n’y avait pas de lien entre les effectifs en classe et la réussite des élèves. Jusque dans les années 1950, il n’était pas rare qu’il y ait 40 ou 50 élèves en classes de primaire, et les élèves faisaient moins de fautes d’orthographe.

Deuxièmement, cette promesse cache le véritable responsable de l’échec scolaire : le pédagogisme. Ce n’est pas parce qu’il y a 24 élèves par classe que ceux-ci ne maîtrisent pas le français, c’est parce que l’on emploie de mauvaises méthodes. Si vous mettez moins d’élèves, mais avec des méthodes de lecture toujours aussi mauvaises, vous aurez toujours de mauvais résultats.

Troisièmement, cette réforme est inapplicable à cause de son coût. Si l’on dédouble les classes, cela signifie qu’il faut construire de nouvelles écoles pour accueillir les élèves dédoublés. Imaginons une école avec 6 classes de CP et de CE1 avec 24 élèves. Si l’on passe à 12, il faudra bien créer une nouvelle école capable d’accueillir les 72 élèves dédoublés. On trouve-t-on l’argent pour acquérir le foncier, pour payer la construction des nouveaux locaux et l’embauche du personnel supplémentaire ? Autre question, non moins importante : l’Éducation nationale n’arrive plus à recruter. Comment faire alors pour recruter les instituteurs pour enseigner dans ces nouvelles classes de ZEP ?
Faute de moyens financiers et humains cette mesure phare, la seule proposition vraiment concrète d’Emmanuel Macron sur l’école est vouée à disparaître. Comme la promesse de François Hollande de recruter 60 000 personnels supplémentaires, une mesure qui ne fut jamais appliquée.

Attendre donc, et voir couler cette Éducation nationale dont les jours sont comptés.

Addendum 20/05

Cet article a été écrit et publié sur Contrepoints avant la nomination du gouvernement.

On ne peut que se féliciter du nom du nouveau ministre de l’Education nationale, homme qui connaît très bien le système et qui a d’excellentes idées pour le réformer. Il sera beaucoup moins dogmatique que ses prédécesseurs. Je crains, hélas, que sa marche de manœuvre soit très faible, et qu’il ne puisse pas faire grand chose.

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