Le temps des apocalypses. Alexandre Adler

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dimanche 2 décembre 2018

Les livres d’Alexandre Adler dégagent une esthétique remarquable et un charme du style qui les distinguent des autres livres d’analyse géopolitique. On peut principalement les lire pour cette beauté des mots et des formules, qu’il a forgés dans ses chroniques de Courrier international et du Figaro, et qui le distinguent de bien des éditorialistes. Sa culture et ses connaissances impressionnent et cette histoire du XXe siècle qu’il décrit est aussi l’histoire de sa famille, de sang et de pensée. Il raconte un monde qu’il connaît et pour lequel il vibre. Ce temps des apocalypses, c’est celui des révélations, la signification première de ce terme. Cet ouvrage est le plus dense et le plus volumineux qu’il ait produit. Il est l’aboutissement de ses analyses commencées dans J’ai vu finir le monde ancien (2002) consacré au nouveau monde issu de l’effondrement des tours jumelles, et poursuivi dans L’Odyssée américaine (2004) et Le califat du sang (2014). Il regarde le chaos du monde et la cruauté des jours de façon réaliste, tout en espérant la paix et l’ordre de la culture.

Ce livre est donc une somme de conclusion et d’ouverture ; son traité de géopolitique fruit de sa longue pérégrination intellectuelle et physique à travers le monde. Il y parle de ses sujets de cœur et d’affection : l’Europe, la Russie, la Chine, les États-Unis et le Moyen-Orient. Il espère que la raison pourra guider les hommes et les nations tout en constatant que c’est souvent le chaos qui prend le pas. Alexandre Adler est doté d’un irréfrangible optimisme qui lui fait voir le meilleur dans les situations désespérées. Il conte l’histoire du monde avec brio, raconte les filiations intellectuelles et les ressorts cachés de la diplomatie et des lieux de pouvoir. Il va sans cesse de l’écume et des signaux faibles vers l’État profond et les aspects cachés pour, en liant l’ensemble, démonter l’écheveau de l’histoire et réaliser des projections pour l’avenir. Il a parfois raison ; il se trompe aussi souvent, mais c’est avec un tel brio dans la démonstration que l’on regrette presque qu’il se soit fourvoyé.

Lire ses livres, c’est entrer à la fois dans une pensée et dans l’histoire, c’est se laisser prendre par la main par une densité forte de sa réflexion et de ses analyses. C’est un morceau de plaisir que de lire ses livres comme des romans ; mais des romans souvent vrais et qui éclairent sur la complexité d’un monde qu’il adore.

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