La soif d’empire de la Chine

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jeudi 28 mars 2019

En moins de quatre-vingts années, la Chine a suivi une progression que nul autre pays n’avait faite. En 1940, le pays est divisé et partagé entre les puissances européennes et le Japon et sa souveraineté politique est quasiment inexistante. Quatre-vingts ans plus tard, la Chine est une superpuissance politique, économique et diplomatique. Celle qui était autrefois un conglomérat de concessions est aujourd’hui un empire qui souhaite dominer ses anciens colonisateurs. Il est définitivement loin le temps de Tintin et du Lotus bleu. Dimanche et lundi derniers, est-ce la France qui a reçu la visite de la Chine, ou est-ce le vassal qui a accueilli la visite de courtoisie de son suzerain ? Le président Macron a-t-il parlé d’égal à égal avec Xi Jinping, ou bien comme l’intendant qui reçoit la visite du maître et qui fait le tour des possessions dont il a la gestion ?

Il y a encore dix ans, certains commentateurs expliquaient que la Chine était une puissance douce, qui visait la force économique, mais qui ne cherchait pas à établir un empire. Rien n’est plus faux. Depuis Thucydide, on sait très bien que la tentation impériale guette tous les États qui ont acquis une certaine puissance économique et financière, et que quasiment aucun n’a résisté à la tentation de déployer son empire. On sait aussi, comme Athènes qui a perdu la guerre du Péloponnèse, que l’empire finit par disparaître parce que les peuples colonisés se rebellent.

Le nationalisme, matrice de la Chine

Plus que le communisme marxiste, le nationalisme des Han est le moteur intellectuel et spirituel de la Chine. C’est ce nationalisme qui a conduit à la proclamation de la république en décembre 1911, les étudiants protestants contre les traités inégaux de 1905. L’empereur Pu Yi abdiqua en janvier 1912, avant d’être remit par les Japonais comme roi fantoche sur le trône de la Mandchourie. C’est au nom de ce même nationalisme que Sun Yat Sen a dirigé le Guomindang (parti national), afin de renverser les Mandchous, vus comme des étrangers. Il cherchait alors à établir une dictature militaire pour contrôler et réformer le pays. S’il a échoué, son projet fut repris par Mao. À la mort de Sun Yat Sen en 1925, c’est Tchiang Kai-chek qui lui succéda. Mais la révolution bolchévique fit des émules, surtout après que la Mongolie fut devenue communiste. Le parti communiste chinois fut fondé dès 1921. Alors que l’Occident craignait une contamination de l’Europe par le communisme, c’est en Asie qu’il se déploya, ce qui fut lourd de conséquences pour la suite de la marche du siècle. La Chine suivit ainsi ce curieux paradoxe : hypernationaliste, elle adopta néanmoins une idéologie venue de l’étranger, le marxisme, renouvelée par l’un de ses ennemis, la Russie. On retrouve ce paradoxe aujourd’hui : toujours aussi nationalistes, les Chinois restent fascinés par l’Occident, qu’ils veulent copier pour mieux le dépasser.

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