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jeudi 6 juin 2019
Nous évoquions la semaine dernière la pensée de la guerre juste à l’époque de la République puis d’Auguste. L’apport de cette réflexion est essentielle dans la constitution de notre vision de la guerre juste aujourd’hui, laquelle fut enrichie de l’apport chrétien.
Un chrétien peut-il tenir l’épée ?
Lorsque le christianisme se diffuse dans l’Empire, à partir du 1er siècle et surtout au IIe et IIIe siècle, se pose la question de la légitimité de porter les armes pour un chrétien. Peut-on porter l’épée, peut-on tuer lorsque l’on est disciple du Christ ? Dieu n’a-t-il pas ordonné, dans le Décalogue, « Tu ne tueras point » ? Le Christ n’a-t-il pas désarmé saint Pierre qui sortait l’épée de son fourreau lorsque les soldats romains sont venus l’arrêter ? Il y a un pacifisme original qui s’appuie sur la lecture de ces textes. Ce pacifisme est doublé d’un autre problème. Être soldat romain signifie sacrifier aux dieux païens, rendre un culte à l’empereur et porter sur sa tête une couronne, qui est un symbole païen. Ainsi, à la première restriction, celle de ne pas tuer, s’en ajoute une seconde, celle de rejeter l’idolâtrie. Être soldat, pour un chrétien, signifie non seulement porter la mort, mais aussi rendre un culte aux dieux païens. Les deux ne sont pas possibles. On trouve donc des auteurs qui interdisent aux disciples chrétiens de porter les armes. Une autre lecture est néanmoins proposée, se fondant là aussi sur les textes sacrés. Les Hébreux ont défendu leur terre contre les multiples attaques des peuples. Le Christ lui-même compte des soldats parmi ses disciples, dont le centurion Corneille, et il ne leur a pas demandé de changer de métier. L’histoire sainte comme la pratique du Christ n’interdisent donc pas le port des armes. À condition que la guerre soit juste et que cela se fasse s’en acte d’idolâtrie.
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