Le capitalisme, facteur de progrès social

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samedi 2 mai 2015

Le capitalisme, facteur de progrès social

C’est en passant à proximité du village de Douelle, dans le Quercy, que me sont revenus en mémoire les travaux fondateurs de Jean Fourastié (1907-1990), économiste passé à la postérité pour son livre Les Trente glorieuses (1979) où il forgeait l’expression devenue culte. Etudiant le village de Douelle, d’où sa famille est originaire, entre le début du XXe siècle et la fin des années 1970, il a montré à quel point la France s’était considérablement développée. La clef de ce développement, c’est la productivité. Grâce à elle, les paysans peuvent nourrir plus de monde, avec moins de bras et moins de terre. Quand un paysan nourrissait 1,7 personnes en 1700, il en nourrissait 30 en 1980, et en lui fournissant 3200 calories quotidiennes contre 1800 au XVIIIe siècle. Cette productivité, permise par l’invention humaine, assure l’amélioration des conditions de vie, la baisse du temps de travail, l’accroissement des salaires. C’est la productivité qui garantit l’émancipation sociale, non les révolutions et les lois imposées.
Dès 1965, il explique que la durée du temps de travail ne va cesser de baisser, et que les Français travailleront 40 000 heures dans leur vie. Cette baisse du temps de travail permettant l’apparition de la civilisation des loisirs et du tourisme, facteur d’activités économiques et de transformation des territoires. L’ingéniosité humaine, l’invention, plutôt que la contrainte législative, assurent le développement des peuples.
La baisse constante des prix. Autre trouvaille de Jean Fourastié, démontrer que les prix ne cessent de baisser. Quand les Français regimbent sur la vie chère et l’inflation perpétuelle, Fourastié invente le concept de prix réel. Combien de temps de travail faut-il à un ouvrier pour s’acheter un produit ? Muni d’impressionnants tableaux statistiques, il démontre par les faits la réalité des évolutions économiques. Ainsi, en 1910, un ouvrier devait travailler 6,6 heures pour s’acheter un kilo de bifteck, et 3,77 heures pour un kilo d’oranges. En 1985, le temps de travail n’est plus que de 2,3 et 0,41 heures. Voilà les effets de la productivité. A cela, il ajoute la notion essentielle de transfert d’emploi. Si nos paysans sont au chômage parce que la machine détruit des bras, alors ils se rendent disponible pour travailler dans d’autres secteurs. Cette disponibilité assure le développement de l’industrie. Ce n’est pas l’industrie qui a pris des bras à l’agriculture, ce sont les progrès de l’agriculture qui ont permis de libérer des bras qui ont ensuite pu travailler dans le secteur industriel. De même, les gains de productivité de l’industrie ont permis d’assurer un transfert d’emploi vers les services. Si, au cours du XXe siècle, les Français sont passés de la paysannerie au tertiaire, en passant par l’industrie, ce n’est pas à cause d’un quelconque ascenseur social ou des interventions politiques, mais grâce à l’essor de la productivité et au transfert d’emploi. Ainsi l’exprime Jean Fourastié : « Supprimer des emplois inutiles, c’est libérer des moyens de créer des emplois utiles. » et plus loin : « La crise ne trouve de remède que dans les transferts de populations actives. » C’est l’entrepreneur, donc le capitalisme, qui sont facteur de développement social. On comprend que ses démonstrations, très éloignées des concepts de l’Etat Providence, aient valu les rigueurs de l’oubli à l’enfant de Douelle.

Chronique parue dans l’Opinion

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