La Caritas internationale

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mercredi 7 novembre 2018

La Caritas internationale

Dans toutes ses actions humaines, l’Église intervient rarement directement. S’appliquant à elle-même le principe de subsidiarité qu’elle défend dans sa doctrine, elle encourage les chrétiens à créer et à organiser leurs propres structures. C’est ainsi qu’est née la Caritas internationale, fondée en 1951 à Rome. L’Église a toujours suscité des œuvres de charité et d’aides aux plus pauvres. Il suffit de penser à l’action de saint Vincent de Paul ou à celle de l’abbé Pierre. La fondation de Caritas internationale donne une autre mesure à cette action caritative. Il s’agit de créer une structure internationale qui regroupe des organisations qui œuvrent pour les plus pauvres à travers le monde. Chaque organisation locale a une certaine indépendance, mais elle inscrit son travail dans un sillon mondial. Cela permet également de coordonner les actions et de mieux répondre aux besoins des populations en difficultés. La Caritas fonctionne comme une ONG qui regroupe d’autres ONG . À ce titre, le Vatican est l’État qui regroupe le plus d’ONG, ce qui donne à l’Église une très large visibilité, et une image positive, notamment dans les milieux non chrétiens, puisque c’est là que ces associations interviennent le plus.

En 1951, ce sont 13 membres qui se réunissent à Rome et qui regroupent ensuite les Caritas nationales. Dès le début, le Saint-Siège encourage leur action, décrivant la Caritas comme sa voix officielle « par rapport à son enseignement en matière de travail caritatif ». Son action prend une dimension réellement internationale en 1954 lorsque Caritas envoie de l’aide aux Pays-Bas fortement touchés par des inondations. Ce faisant, elle participe à l’édification d’une Europe de la solidarité. Neuf ans après la fin de la guerre mondiale, des Européens se retrouvent pour aider d’autres Européens à surmonter une crise climatique et humaine. C’est l’édification de la paix européenne qui se met en mouvement. Dans les années 1960-1970, Caritas intervient en Asie, notamment en Chine, au Vietnam, au Cambodge et en Inde. Dans ces pays marqués par le communisme, et souvent hostiles à l’Église, son action humanitaire est une façon de projeter le message du Christ vers des populations qui en sont éloignées. Dans les années 1970-1990, son action se déploie en Afrique, suite aux décolonisations et aux guerres que connaît le continent. Avec la chute du mur de Berlin, Caritas peut ensuite intervenir en Europe de l’Est. Ses associations sont aussi présentes en Amérique latine et en Océanie.

Tout à la fois unitaire et décentralisée, l’action de Caritas internationalis répond à la mondialisation de la charité et de l’entraide, qui permet au Vatican d’avoir une action mondiale, et d’intervenir sur tous les types de terrains humanitaires ; non pas avec son armée, comme les autres États, mais par l’action de multiples bénévoles qui œuvrent pour le bien des hommes.

Organisation de la Caritas

En Europe, le siège de Caritas est basé à Bruxelles. En Afrique, c’est au Togo, en Asie, à Bangkok, en Thaïlande, en Amérique latine au Mexique, et en Amérique du Nord aux États-Unis, au Moyen-Orient au Liban, et en Océanie à Auckland, en Nouvelle-Zélande. Le siège central est basé dans la Cité du Vatican, bénéficiant ainsi des avantages juridiques de cette territorialisation.

Caritas compte plus de 160 membres dans le monde, un membre étant « une organisation caritative nationale ou un collectif de ces organisations qui travaille avec le soutien de son Église . » Rien qu’en Europe, ce sont 49 organisations qui sont regroupées dans la Caritas dont, en France, le Secours catholique. La carte des actions de la Caritas recoupe celle de l’arc de crise, du sillon de fractures et de tensions de notre monde : Afrique, Proche-Orient, Pakistan, Orient.

La Caritas n’est pas le seul organisme catholique à mener une action sociale. Il existe de très nombreuses autres ONG et initiatives individuelles qui œuvrent pour cela dans le monde ; leur recension est quasiment impossible. Il faudrait évoquer notamment les universités catholiques et les milliers d’écoles chrétiennes, qui instruisent et qui forment des personnes souvent très éloignées du christianisme. Si cela ne permet pas toujours leur conversion, c’est malgré tout une part de l’esprit chrétien qui est insufflé. Dans de nombreux pays du monde, les écoles chrétiennes sont les plus réputées et les plus recherchées, par les plus pauvres et par les élites. En Inde comme au Moyen-Orient, ce sont ces écoles qui forment l’élite de la population.

« Au plan social, malgré leur tout petit nombre, les chrétiens ont fait infiniment plus que les musulmans qui représentent plus de 90% de la population . La Caritas est partout, au Liban, en Égypte, en Syrie, partout et pour tous : elle aide chrétiens et musulmans. (…)

Au plan éducatif, une grande partie de la classe éclairée dans le monde arabe a été formée, les hommes et plus encore les femmes, dans les institutions chrétiennes, notamment dans les écoles catholiques de religieux ou de religieuses. Ces personnes constituent souvent l’élite du pays. Ce phénomène est évident dans un pays comme le Liban, mais il est réel aussi (bien que dans une moindre proportion) en Égypte, Syrie ou Irak. Au Liban, dans les 361 établissements catholiques en 2012, comprenant 192 000 élèves, 24% étaient musulmans. Dans les écoles primaires pour filles, la proportion des musulmanes atteint 50%, du fait qu’elles reçoivent une bonne éducation, respectueuse de la culture du pays et de la sensibilité religieuse . »

Ce que le Père Samir Khalil Samir évoque pour le Liban et le Proche-Orient, en donnant des chiffres précis, se retrouve dans de très nombreux pays du monde. C’est l’influence du cœur et de la charité menée par l’Église, qui lui permet d’accéder à des zones conflictuelles où certains pays ne peuvent pas envoyer d’hommes. Ce qui est également remarquable, c’est que les personnes qui interviennent le font au nom de l’Église et de leur association, oubliant leur nationalité et n’agissant non pas pour les intérêts de leur pays, mais pour celui du pays où ils interviennent, et pour l’Église. Si d’un point de vue humain et humanitaire, le succès de la Caritas se vérifie, en revanche il est rare que cela aboutisse à des conversions. Sur le plan de l’évangélisation, l’action humanitaire est souvent un échec. Pire même pour l’Église, l’évangélisation peut être oubliée et passée au second plan, l’humanitaire prenant le pas dessus. Benoît XVI et François ont souvent répété que l’Église ne devait pas être une ONG et qu’elle devait d’abord se préoccuper des âmes et du salut spirituel des hommes. Quand l’Église oublie le Christ et l’essence de son message, elle devient sèche et finit par disparaître. La première façon de lutter contre la pauvreté est d’éradiquer la pauvreté spirituelle.

« Étant donné que cette Exhortation s’adresse aux membres de l’Église catholique, je veux dire avec douleur que la pire discrimination dont souffrent les pauvres est le manque d’attention spirituelle. (…) L’option préférentielle pour les pauvres doit se traduire principalement par une attention religieuse privilégiée et prioritaire . »

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