Hymne de rugby

Vous êtes ici : Accueil > Articles > Hymne de rugby

jeudi 21 février 2013

C’est la saison du rugby et le Tournoi, comme chaque année, nous régale de ses joutes sur les prés verts d’Europe. Irlande, Pays de Galles, Ecosse, Angleterre, France et Italie, voici ces six nations qui s’affrontent pour la possession d’un cuir ovale. Sur le terrain il y a le jeu et dans les tribunes les chants. Le plus beau est sans doute l’hymne écossais Flowers of Scotland, mais les chœurs des Dragons gallois sont les plus émouvants, même si cela fait longtemps qu’ils ne chantent plus sur des mines de charbon. On entendra aussi l’hymne français, La Marseillaise, qui est loin de valoir la force rude des chants basques. Il y a un deuxième hymne français que l’on pourra entendre, le God save the Queen, hymne officiel de l’Angleterre mais qui est d’abord un chant français. Son histoire est complexe. Son ancêtre est le chant Dieu sauve le Roi, tiré du Psaume XX verset 10 qui en latin est Domine, salvum fac Regem et exaudi nos in die qua invocaverimus Te, « Seigneur, sauvez le Roi, et exaucez-nous au jour où nous vous invoquerons ». Ces paroles sont présentes dans le Te Deum, dont le plus connu est celui composé par Lully sur un air très Grand-Siècle. Le Te Deum de Lully date de 1677. Il fut composé pour remercier Dieu de la réussite d’une opération chirurgicale subie par Louis XIV : le retrait d’une fistule anale, opération d’autant plus périlleuse qu’elle était souvent mortelle. Le verset du psaume XX devint ainsi l’occasion d’un hymne qui traversa le royaume et se popularisa. Nous sommes donc loin de la cour d’Angleterre, mais pas si loin qu’il n’y paraît.

Au même moment en effet le roi Jacques II était exilé au château de Saint-Germain en Laye, suite à une révolte qui l’avait chassée d’Angleterre. Il est d’ailleurs toujours enterré dans l’église de Saint-Germain. Lui aussi apprécie beaucoup l’hymne et le fait sien. En 1745 a lieu un débarquement des Stuart pour essayer de reprendre le trône, et c’est cet hymne qui est choisi comme chant de ralliement. La restauration échoue mais le chant est adopté par le camp hanovrien, pourtant adversaire des Stuart. Haendel, alors maître de la chapelle de l’Electeur de Hanovre, propose une nouvelle orchestration, qui plait tant que le chant devient l’hymne officiel de la monarchie anglaise, tout en restant très apprécié en France, où il fut aussi l’hymne des rois.

Avec la révolution les Français exilés s’en emparèrent et le proposèrent comme une alternative à La Marseillaise. Il fut alors adopté par les autres cours européennes, comme la cour de Prusse et celle d’Autriche Hongrie où il fut officiellement chanté jusqu’en 1918.

Alors si cette année l’équipe d’Angleterre de rugby bat l’équipe de France peut-être faudra-t-il leur rappeler que leur hymne est aussi le nôtre.

Thème(s) associés :

Par Thèmes