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samedi 14 juillet 2018
Sébastien Charléty n’est pas un sportif qui aurait donné son nom à un stade parisien. C’est un historien républicain de la IIIe République (1867-1945), qui a eu des fonctions rectorales et qui a œuvré pour développer le sport universitaire ; d’où le nom du stade parisien. En tant qu’historien, il a travaillé sur le XIXe siècle et a notamment publié cette histoire de la Monarchie de Juillet que les éditions Perrin ont eu l’heureuse idée de republier. Certes, comme tout ouvrage historique ancien, des découvertes et des analyses ont eu lieu depuis, qui peuvent infirmer ou infléchir certains propos. Mais sur la Monarchie de Juillet, malheureusement, il y a peu de choses. L’ouvrage de Charléty demeure donc une référence.
Il analyse très bien le rôle ardu de Louis-Philippe, celui de concilier deux France divisées et opposées, celle de l’Ancien Régime et celle de la Révolution. La difficulté de reconstruire un pays épuisé par les guerres napoléoniennes, voulant jouer un rôle majeur en Europe, mais vivant sous l’ombre de l’Angleterre. Un pays qui connaît des modernisations majeures qui transforment les structures sociales et qui changent les fondements mêmes de la société. Les Français ne le savent pas encore, mais ils sont en train de vivre une révolution technique et productive qui les fait sortir de l’ordre ancien pour entrer dans un nouveau monde. Ce monde-là est encore inconnu et imprévu, si bien que beaucoup le redoute.
Louis-Philippe a régné dix-huit ans sur la France, ce qui est beaucoup au regard de l’époque contemporaine. Seul Louis-Napoléon Bonaparte a fait mieux, mais en deux régimes. Cette stabilité politique explique le développement économique et la nette amélioration des conditions sociales. L’auteur montre bien qu’un régime ne peut pas se cantonner uniquement aux progrès matériels, mais qu’il doit aussi développer des rêves et des imaginaires. En ce XIXe siècle, la France rêve encore de révolution et de transformation sociale ; il faut la contenter.
Le drame de Louis-Philippe est de ne pas avoir réussi à mettre en place un héritier. Ses fils étaient intelligents et aimés, mais trop intelligents peut-être pour se perdre dans les passions politiques. Les Orléans avaient trop le goût de l’aventure, de l’art et de l’exploration pour se limiter au trône instable d’un royaume fragile. Ce manque de postérité politique explique le peu d’attrait intellectuel pour ce régime, qui fut pourtant si important pour la France contemporaine.
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