Haut-Karabakh : que les drames commencent

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lundi 16 novembre 2020

Pendant que notre gouvernement était occupé à réfléchir pour savoir si une paire de chaussettes est un achat essentiel ou non et doit donc être toléré en grande surface, la guerre se poursuivait au Haut-Karabakh, dans une indifférence quasi générale en France alors qu’une purification ethnique de grande envergure est à craindre. La diplomatie française aurait pu se rappeler qu’elle copréside, avec les États-Unis et la Russie, le groupe de Minsk créé en 1992 et qu’à ce titre elle est partie prenante du conflit en cours, voulu, orchestré et organisé par la Turquie. Une Turquie dont personne ne semble voir aujourd’hui le danger réel alors qu’Ankara ne cesse de sortir les griffes pour mieux déchirer le traité de Lausanne (1923) et retrouver les territoires perdus de l’empire. Visiblement, un État ne peut pas à la fois sanctionner les commerçants qui voudraient travailler et tenir son rang diplomatique dans sa zone d’influence pour soutenir un allié historique. Tant pis donc pour l’Arménie, tant pis pour nos obligations diplomatiques, la Turquie et l’Azerbaïdjan ayant occupé les vides.

Un cessez-le-feu logique, mais inquiétant

Après plusieurs semaines de combat, l’Azerbaïdjan a obtenu une victoire logique. Sa supériorité militaire et technique est incontestable. Bien équipé en drones turcs et en mercenaires syriens, disposant d’une armée plus nombreuse, Bakou s’est facilement imposé en 45 jours de guerre. Loin des conflits de guérillas ou de lutte « contre le terrorisme », c’est une véritable guerre d’armée qui s’est déroulée au Caucase, une guerre comme la France n’en a pas connu depuis bien longtemps et qu’il est de grande nécessité d’étudier afin de se préparer à affronter un choc similaire. Le cessez-le-feu a été négocié sous l’égide de Moscou, signant l’éviction diplomatique de la France. Après la Syrie et la Libye, c’est un nouveau revers de poids pour la diplomatie française. Il est vrai que le Quai d’Orsay a davantage mis dans ses priorités la lutte contre le réchauffement climatique et pour l’inclusion et la résilience. Il serait peut-être temps que les diplomates français prennent conscience du monde dans lequel ils vivent, un monde dont la guerre est une réalité de plus en plus criante et menaçante. Pour l’instant, c’est davantage la philosophie d’Édouard Daladier et d’Aristide Briand qui domine les bords de Seine chez ceux qui croient encore que l’on peut mettre la guerre « hors-la-loi ».

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