François Furet : Penser la Révolution française

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dimanche 28 février 2021

L’ouvrage de François Furet marque une rupture historiographique dans l’étude de la Révolution française. Il clôt la vision marxiste qui prévalait jusqu’à alors, emmenée par les professeurs que furent Aulard, Mathiez et Soboul, en démontrant l’impasse idéologique de ceux-ci et en faisant connaître deux historiens de la Révolution alors peu connu : Alexis de Tocqueville et Augustin Cochin. Le premier était connu pour sa Démocratie en Amérique, mais peu pour son Ancien Régime et la Révolution. Quant au second, mort jeune en 1916, laissant une œuvre inachevée, il était quasiment inconnu du cercle des historiens. François Furet démontre que l’on peut penser la Révolution française autrement que sous l’angle marxiste. Le catéchisme révolutionnaire en sort ainsi brisé. Issu lui-même de la gauche communiste, Furet marque, par cet ouvrage, sa rupture personnelle avec sa famille de pensée. Il ira jusqu’au bout de sa conversion intellectuelle en publiant en 1997 Le passé d’une illusion, où il analyse la tentation totalitaire des socialistes. Pour Furet « Tocqueville et Cochin sont les seuls historiens à proposer une conceptualisation rigoureuse de la Révolution française ».

Tocqueville a perçu la Révolution comme l’aboutissement des réformes juridiques et fiscales du XVIIIe siècle. Il y montre comment la noblesse a cessé d’être une aristocratie pour devenir une caste. Ce faisant, elle s’est coupée du peuple et elle est devenue inutile à ses yeux. L’approche d’Augustin Cochin est différente. Il analyse les soubassements du processus révolutionnaire, à savoir le rôle joué par les sociétés de pensée. À la logique des corps succède celle des loges et des clubs, lieux de sociabilité et d’échanges. Les personnes ne s’agrègent plus en fonction de leur classe sociale, mais en fonction de leurs idées. Les clubs ont leur propres fonctionnement et structure. Ces sociétés de pensée ont permis de concevoir des idées nouvelles et de les faire infuser dans la société, préparant ainsi le processus révolutionnaire.

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