Conflits : Trump ne sera jamais élu

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samedi 20 octobre 2018

Il n’était pas nécessaire de voter puisque tout le monde savait que Donald Trump ne serait jamais élu. Il ne gagnerait jamais la primaire républicaine. Puis, il ne gagnerait pas l’élection présidentielle. La veille du 8 novembre, les médias se préparaient à l’élection prévue d’Hillary Clinton. Dans Les Échos, en août 2016, Lucie Roquebain explique pourquoi Trump n’a aucune chance de gagner : « Inutile de faire durer le suspense plus longtemps. À dix semaines de l’élection présidentielle, Donald Trump a perdu tout espoir de remporter la Maison-Blanche, ou presque ». Son argumentation est intéressante : la carte électorale avantage les démocrates, car ce sont les États qui ont le plus de délégués qui votent massivement pour eux. D’autre part, dans les États tangents, les évolutions démographiques donnent l’avantage aux Noirs et aux Latinos. Or Donald Trump, contrairement à Hillary Clinton, n’a pas fait campagne en faveur des minorités. Il n’a donc aucune chance de remporter leurs voix. « Malgré une campagne terriblement insipide, Hillary Clinton est donc quasi assurée de sa victoire : il lui suffit de gagner un seul des grands États clefs - ces rares régions susceptibles de changer de camp à chaque élection (Floride, Pennsylvanie, Ohio, etc.). » Le premier scénario s’est révélé exact : Clinton a remporté les grands États démocrates. Mais pas le second : ces États clefs ont voté républicain. « Hillary Clinton est ainsi donnée largement gagnante en Floride et dans l’Ohio. Elle explose tous les compteurs en Pennsylvanie, avec une avance de 9 points selon les derniers sondages. » C’est Trump qui a explosé les compteurs, en remportant ces trois États. Alors que les commentateurs expliquaient que Donald Trump devait s’ouvrir aux minorités, seule condition pour gagner, il n’en a rien fait. Et il a gagné quand même.

Même discours à dix jours du scrutin. Toujours dans Les Échos : « Hillary Clinton aux portes de la Maison-Blanche ». La candidate vient de fêter son anniversaire et tout le monde la voit présidente. Mais à condition que les minorités aillent voter rappelle quand même Elsa Conesa : « Reste toutefois une inconnue de taille pour la candidate : l’ampleur de la mobilisation des minorités. Celles-ci sont essentielles à sa victoire, mais elles sont aussi traditionnellement les moins enclines à se rendre aux urnes. » C’est leur abstention qui a pu provoquer la victoire de Trump, alors que les Blancs ont massivement voté. Les changements démographiques en cours risquent toutefois de rendre difficile une réélection en 2020 : « Si les Blancs représentent encore 70 % de l’électorat américain, leur part ne cesse de décroître. Dans quatre ans, ils seront ainsi minoritaires chez les moins de 18 ans. » Or les Blancs votent majoritairement républicain et les minorités votent démocrate.

L’assurance de la victoire a rendu la réalité du scrutin d’autant plus stupéfiante. Les premiers résultats montrent que l’avance de Clinton est bien moindre que prévu. Pire, elle perd certains États assurés, comme la Floride, l’Ohio et l’Iowa, gagnés deux fois par Barack Obama. Nombreux sont alors les journalistes qui retardent l’annonce des résultats en Floride pour éviter le moment fatidique où il faudra reconnaître la victoire de Trump. Alors que celle-ci ne fait plus de doute, les grandes chaînes de télévision continuent de faire croire au suspense et à la possible victoire de Clinton. Jusqu’au moment où il n’est plus tenable de cacher la réalité. Trump a gagné, avec plus de grands électeurs, mais avec moins de voix, comme Georges Bush en 2000. Cela conduit à une campagne lancée sur internet pour demander aux grands électeurs de ne pas voter pour Trump, mais pour Clinton. Lors de leur vote du 19 décembre, deux grands électeurs ont manqué à Trump, mais pour voter pour un autre républicain ; quand cinq grands électeurs ont fait défaut à Hillary Clinton, pour voter pour d’autres démocrates. Les défections ont donc joué en défaveur d’Hillary Clinton, ce qui n’était pas le but recherché par la pétition. Finalement, Hillary Clinton était bien aux portes de la Maison-Blanche, et elle y est restée.

A lire dans Confits du 4e trimestre.

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