Comment le Vatican voit l’Asie

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dimanche 12 janvier 2020

L’Asie conjugue l’historicité chrétienne du continent européen, et la nouveauté évangélique des terres fraichement évangélisées. Toujours soucieux d’intégrer sa réflexion dans l’histoire et dans le temps, l’Eglise rappelle que c’est en Asie qu’Abraham et le peuple Hébreux ont découvert et appliqué la parole de Dieu. Le passage de la mer Rouge est à ce titre le passage d’un continent à l’autre : de l’Afrique vers l’Asie, même si le territoire nommé Asie à l’époque antique n’est plus le même que celui auquel on pense de nos jours quand on parle de l’Asie.

L’Asie est aussi le berceau de l’islam, et aujourd’hui un tiers des musulmans vit en Asie. L’Indonésie est le pays du monde qui compte le plus de musulmans. En de nombreux pays, la géopolitique des religions s’accompagne de fractures et de tensions avec l’islam : Thaïlande, Inde et Pakistan, Iran, Afghanistan, Chine (face aux Ouïgours), îles du Pacifique. Même si les feux médiatiques sont braqués sur l’islam en Afrique noire, au Maghreb ou au Proche-Orient, c’est en Asie orientale que passent les lignes de fracture essentielles et que se préparent les prochains grands défis du monde. Or, dans ces pays, le catholicisme, donc le Saint-Siège, est quasiment absent ; ce qui n’est peut-être pas en sa défaveur.

« L’Asie est aussi le berceau des plus grandes religions du monde – judaïsme, christianisme, islam et hindouisme. C’est le berceau de bien d’autres traditions spirituelles comme le bouddhisme, le taoïsme, le confucianisme, le zoroastrisme, le jaïnisme, le sikhisme et le shintoïsme. Des millions de personnes adhèrent également à des religions traditionnelles ou tribales, avec des degrés divers de rites structurés et d’enseignement religieux officiel. L’Église a le respect le plus profond pour ces traditions et elle cherche à engager un dialogue sincère avec leurs adeptes. Les valeurs religieuses qu’elles enseignent attendent leur accomplissement en Jésus Christ . »

Le christianisme n’est donc pas venu pour abolir les cultures mais pour les accomplir. Pour l’Eglise, il ne peut donc pas y avoir de choc des civilisations ou de guerre culturelle, car le christianisme ne cherche pas à éradiquer les cultures mais à leur permettre de s’accomplir en se purifiant de ce qui les entrave. Mais, alors que l’Eglise reconnaît la dignité de chaque religion, nombreux sont les pays qui s’opposent au christianisme et qui empêche celui-ci de se déployer. Les chrétiens demeurent persécutés, de façon plus ou moins forte, ou bien entravés dans leur pratique religieuse. L’Asie est un des continents où la liberté religieuse est la moins respectée, notamment du fait de la présence de plusieurs pays communistes dont le militantisme athée est encore très prégnant.

La Chine demeure le plus grand échec diplomatique du Saint-Siège des vingt dernières années. C’est un des rares pays à ne pas avoir établi de relations diplomatiques avec le Vatican. La situation est complexe, avec une église officielle et une église gouvernementale qui se font la guerre, tout en étant parfois assez poreuse. Il n’y a pas non plus de rencontre entre le pape et les dirigeants chinois, même si le pays est désormais ouvert au reste du monde. Certes les chrétiens sont perçus comme des minorités, mais la colonisation intense de l’Afrique par les Chinois les met aussi de plus en plus en contact avec des minorités chrétiennes. La foi catholique continue de tourner autour du gouvernement chinois, sans avoir réussi pour l’instant à entrer en dialogue avec lui. Cette opposition au christianisme se fonde sur deux malentendus. Le premier est d’ordre politique : la Chine ne veut pas d’intrusion étrangère sur son territoire, et les catholiques restent perçus comme des agents du Vatican. En dépit de leur nationalisme profond et sincère, les catholiques chinois restent vus comme des traîtres potentiels à leur patrie. Le deuxième est d’ordre philosophique. La philosophie chinoise est complètement différente de la façon de penser occidentale. Or le christianisme importe cette vision du monde héritée de l’époque gréco-romaine. Pour un Chinois, il est donc très difficile de comprendre le christianisme, car ses schémas mentaux sont complètement différents de ceux de cette religion.

Citations extraites de l’exhortation apostolique post-synodale L’Eglise en Asie.

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