Bordeaux, le vin, l’Eglise

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dimanche 8 mai 2011

Bordeaux, le vin, l’Eglise.

Un petit jeu, que me permet la Revue du Vin de France, comptabiliser la présence de l’Eglise, de châteaux marqués par la croix ecclésiale, dans le vignoble bordelais.
Dans le numéro 551 du mois de mai 2011, le magazine recense les 234 meilleurs bordeaux primeurs du millésime 2010, le classement se faisant par vignoble. Il est donc possible de noter ceux qui, parmi ces domaines, ont un nom qui marque la présence ecclésiale, comme Petrus, Angelus, La Croix Figet. Voici les résultats auxquels nous aboutissons :

(Le tableau, essentiel pour la compréhension de l’article, est davantage lisible dans le fichier PDF joint.)

En valeur absolue ce sont les vignobles de Saint-Emilion et de Pomerol qui totalisent le plus de vignobles ayant un nom religieux. Parmi ceux-ci nous pouvons citer le clos Saint Martin, château Angelus, le Bon Pasteur, le clos du clocher, château l’Evangile. En pourcentage Pomerol est loin devant (35.5%), puis viennent les Pessac Léognan Rouges (19%), Saint-Emilion (17%) et Saint Julien (15.5), dont les noms de vignobles sont déjà en eux-mêmes ecclésiaux.

Une dichotomie géographique se fait jour entre la rive gauche, peu marquée, et la rive droite, notamment le Libournais. Cela correspond tout à fait au mouvement de constitution du vignoble bordelais. Comme je l’ai rappelé dans Histoire du Vin et de l’Eglise, le Libournais s’est développé autour de l’abbaye de Saint-Emilion. Le Médoc est, quant à lui, un vignoble bourgeois, qui s’est bâti à partir du XVIIe siècle grâce aux investissements des parlementaires et des juristes bordelais, notamment la famille Pontac, fer de lance du renouveau bordelais. Les moines et l’évêque de Bordeaux ont été moins présents, ce qui se remarque jusque dans la toponymie.
Que le Sauternes n’affiche aucun nom ecclésial n’est finalement pas surprenant au regard de son histoire, puisque c’est un vignoble qui s’est développé autour de ses vins liquoreux, produits pour alimenter le marché anglais et hollandais. Ces nations protestantes, en plus du Cognac et du Porto, nous ont offert le Sauternes, preuves qu’elles ne boivent pas que de la bière ; mais cela n’a pas été jusqu’à marquer les paysages par des réminiscences de l’Eglise.

Bien sûr ces chiffres sont à prendre avec circonspection. De nombreux vignobles ont changé de nom au cours des XIXe XXIe siècle, au fur et à mesure des tractations entre leurs propriétaires. Un vignoble peut donc tout à fait être le fruit de l’amour de l’Eglise et du Vin, sans que cela se remarque dans son patronyme, comme le fameux château Dassault. En somme, ce sont des enfants adoptés du couple prolifique de l’Eglise et du vin.

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