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mercredi 4 janvier 2017
L’école sous Hollande : l’idéologie comme bouée de sauvetage
La gauche, c’est l’école. Depuis les nationalisations de Jules Ferry et les instrumentalisations politiques de Ferdinand Buisson, la gauche entretient une passion scolaire. Le corps de l’Éducation nationale le lui rend bien puisqu’il vote massivement à gauche et qu’il a plébiscité François Hollande en 2012. Dans son discours d’Orléans du 9 février 2012, entièrement consacré à l’école et placé sous les auspices de Jean Zay, le candidat Hollande avait dévoilé son projet scolaire. Plus d’égalité bien sûr, plus de dépenses, plus d’embauches (60 000 personnels recrutés) et plus de valeurs de la République. De l’aveuglement d’une part (plus de moyens égalent de meilleurs résultats) et plus d’idéologie d’autre part (valeurs de la République et laïcité pour structurer le tout).
D’un président socialiste, on attendait beaucoup sur l’école et on ne fut pas déçu. Trois ministres, dont deux sont candidats aux primaires de la gauche, deux réformes majeures, celle des rythmes scolaires à l’école et celle du collège, beaucoup d’idéologie et un navire qui continue de couler. Voilà le bilan scolaire de François Hollande.
Des promesses d’embauches impossibles à honorer
Le candidat Hollande avait promis d’embaucher 60 000 personnels pour l’Éducation nationale, et il s’agit bien ici de personnels et non pas uniquement d’enseignants. Pour un État en faillite et en dépression budgétaire, accroître un tel nombre était une gageure. Cela répond à un dogme solidement établi à gauche, et pas seulement à gauche : plus on met d’argent dans l’école et plus les résultats s’améliorent. C’est ainsi que les dépenses intérieures d’éducation sont passées de 129.9 milliards d’euros en 2000 à 146 Mds€ en 2014. C’est ainsi qu’un lycéen coutait 7 700€ en 1990 et 11 190€ en 2014. Des dépenses en hausse pour des résultats scolaires qui ne cessent de se dégrader.
Le quinquennat Hollande n’a rien changé à l’affaire, au fil des classements Pisa et des tests des journées de citoyenneté la réalité est cruelle : le niveau scolaire ne cesse de baisser. Mme Belkacem jure que c’est à cause du quinquennat précédent, mais on a du mal à la suivre quand elle veut exonérer son propre gouvernement.
Recruter 60 000 personnes en plus était donc inutile et couteux. D’autant que, comme l’ont montré de nombreuses études, dont celle de l’Ifrap, l’école libre coute presque deux fois moins cher que l’école d’État, avec de meilleurs résultats.
Mais il y a un point que François Hollande n’avait pas prévu, c’est que l’on n’arriverait pas à recruter ces 60 000 personnes. En dépit d’un fort taux de chômage et d’un attrait quasi pathologique pour la fonction publique, les jeunes Français ont refusé de travailler dans l’Éducation nationale. Cette promesse n’a pas pu être tenue, non pas à cause d’un manque de moyens, mais à cause du refus de travailler pour l’Éducation nationale. Cette désaffection touche toute l’école : chaque année, aux concours de recrutement, il y a moins de candidats que de postes à pourvoir et de plus en plus de professeurs quittent le navire. Par manque de personnel, l’Éducation nationale aura disparu dans dix ans.
Des réformes couteuses et désastreuses
Que ce soit la réforme des rythmes scolaires ou celle du collège, nous avons touché le fond de l’idéologie. La première est très couteuse, car il a fallu embaucher du personnel pour occuper les enfants entre 15h et 17h avec des activités qui devaient être ludiques et attrayantes. Mais les promesses de poterie, d’expression artistiques et de langues étrangères se sont vite envolées : face au coût et aux difficultés d’embauche, les mairies ont très souvent organisé des heures d’étude. Résultats : les enfants passent plus de temps à l’école et ils sont plus fatigués. C’est l’inverse que ce qui était recherché.
La réforme du collège est elle aussi une catastrophe. La mise en place des EPI (Enseignements Pratiques Interdisciplinaires) est un vaste fourre-tout qui n’a aucun intérêt pédagogique et qui ne sert qu’à masquer le manque d’enseignants. Grâce à eux, les professeurs d’EPS (pléthoriques) vont pouvoir donner des cours de mathématiques ou de physiques, disciplines où l’on manque cruellement de personnels.
Les professeurs sont révulsés par ces deux réformes et par le fait qu’ils ne sont jamais écoutés. Ne pouvant s’y opposer frontalement ils manifestent par passivité : soit ils quittent l’Éducation nationale, soit ils se détournent du PS, beaucoup rejoignant les rangs de l’autre parti de gauche qu’est le FN. À force de taper sur un électorat acquis, le gouvernement a fini par le perdre.
Le gouvernement voulait aussi réformer le lycée, mais il a manqué de temps. Il est vrai que la dernière réforme datait de 2011, il y avait donc probablement urgence à en faire une nouvelle.
Un gouvernement idéologique
Là où la marque scolaire de François Hollande s’est le plus manifestée, c’est sur le volet de l’idéologie. Jamais nous n’avions eu un gouvernement aussi sectaire et borné, préoccupé uniquement par la volonté de diffuser son idéologie égalitaire et constructiviste. Vincent Peillon avait pourtant prévenu : il s’agit de transformer la jeunesse pour changer la société. Nous fûmes servis. Dans l’esprit des pédagogues de la rue de Grenelles, l’enfant n’appartient pas à ses parents, mais à l’État (ce qu’affirmait déjà Danton). C’est donc à l’État de modeler la jeunesse et de lutter contre tous les déterminismes, c’est-à-dire les parents et la famille qui voudraient inculquer une autre vision de l’homme.
L’idéologie du genre s’est infiltrée dans un grand nombre de disciplines. Celle-ci n’est jamais diffusée au grand jour, ce qui permet à Mme Belkacem de dire qu’elle n’existe pas, mais elle est omniprésente. Les attentats ont servi de prétexte pour renforcer la police de la pensée et lutter contre toutes les opinions déviantes. À coup de charte de la laïcité placardée dans les écoles (devant lesquelles les terroristes doivent frémir), à coup de colloques et de conférences de presse exaltant les valeurs de la République (qui ne sont jamais définies), le cabinet ministériel est devenu un cabinet de combat idéologique, uniquement préoccupé par la diffusion de ces idées.
Le combat pour les valeurs de la République était affirmé dans le discours d’Orléans et fut une constante de l’action du gouvernement. Dès le mois de juillet 2015, le ministre annonçait un grand plan visant à les défendre. Les attentats du mois de novembre 2015 ont concrétisé et accéléré la défense de ces valeurs. Le 22 janvier 2016, le ministre prévoyait un grand plan de mobilisation de l’École pour les Valeurs de la République.
Ce plan était présenté comme une réponse aux attentats. En réalité, compte tenu de son importance, il n’a pas été possible de le préparer en si peu de temps. Celui-ci était déjà en gestation et les attentats ont été un prétexte légitimant une cause. À la fin du quinquennat, le gouvernement s’en est pris à la liberté scolaire. C’est qu’à force de mal former et d’être violente, de plus en plus de parents sont rebutés par l’école et ont décidé de scolariser ailleurs leurs enfants.
Une conséquence inattendue : la liberté scolaire
C’est l’heureuse surprise du quinquennat Hollande : de nombreuses écoles indépendantes sont nées pour permettre aux enfants d’échapper à la destruction intellectuelle. Le mouvement était enclenché avant 2012, mais il s’est accéléré depuis. La Fondation pour l’école recense des dizaines d’écoles qui se créent chaque année, avec des chiffres en augmentation constante : 37 en 2013, 67 en 2015, 93 à la rentrée 2016. Certes, elles scolarisent peu d’enfants, mais elles démontrent qu’il est possible de se passer de l’État pour instruire et que les initiatives privées sont possibles. Surtout, le mouvement est ascendant et commence à inquiéter le gouvernement.
À cela s’ajoute l’accroissement de l’école à la maison, qui a augmenté de 54.6% entre 2012 et 2015. Le gouvernement tente alors de lutter contre la liberté scolaire, d’une part en restreignant les possibilités d’ouverture d’écoles indépendantes, d’autre part en cherchant à obliger ces écoles à respecter les programmes de l’enseignement d’État. Pour cela, il sort l’argument des valeurs républicaines : il s’agit de limiter la liberté scolaire pour empêcher la fondation d’écoles islamistes. Les attentats servent de prétexte à la restriction de la liberté. Hélas, beaucoup de personnes tombent dans ce piège.
Qu’en conclure ?
Sur le cours terme, ce quinquennat aura été désastreux pour l’école. Sur le long terme, il pourrait être bénéfique. Le mouvement de création d’écoles indépendantes est puissant et bien soutenu par des associations structurées et motivées. De plus en plus de Français sont attachés à la liberté scolaire. Dans un récent sondage de l’Ifop (octobre 2016) on apprenait que 78% des Français sont favorables à ce que les chefs d’établissement puissent recruter librement leurs professeurs. Si cette mesure est mise en place, c’est la fin de l’Éducation nationale. Plus surprenants, 58% des gens de gauche y sont favorables. En décembre 2016, France Stratégie, qui agit pour le compte du Premier ministre, publiait un rapport soutenant la nécessité de l’autonomie des établissements scolaires.
Enfin, François Fillon a inscrit cette question de l’autonomie et du libre choix des parents dans l’école de leurs enfants à son programme. C’est la première fois qu’un candidat qui peut gagner l’élection présidentielle porte un tel projet de liberté scolaire. Sa victoire très nette face à un Alain Juppé qui, en matière scolaire, en était resté aux vieilles lunes du plus de moyens et du plus d’État est aussi le signe que les choses sont en train de changer dans le bon sens.
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