Au sujet de l’uniforme dans les écoles

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mercredi 16 novembre 2011

L’UMP propose d’expérimenter le port de l’uniforme dans les établissements scolaires volontaires. Etant professeur dans un des rares lycées où l’uniforme est de vigueur, je puis parler d’expérience sur ce sujet. (Lycée Hautefeuille, Bois-Colombes) A l’uniforme, je vois plusieurs avantages, de natures différentes.

Le premier, et finalement un des plus importants, consiste à développer le goût de l’élégance et l’estime de soi. L’habit aide à faire le moine ; la mode du négligé, du crasseux, du vêtement déchiré ou abîmé est une atteinte à la conscience de ces jeunes. Les architectes savent bien que la forme des bâtiments est une matérialisation de la façon de penser d’une époque. C’est la même chose pour la façon de s’habiller. Que de lycéens, à la sortie de leur école, font pitié à voir, avec leur accoutrement dégradé. Que de filles qui s’abîment en s’habillant presque nue, parfois même en hiver. Nos lycéens en costume ont fier allure et sont fiers d’eux-mêmes ; c’est un pas indispensable vers la réussite. Et pour un professeur, il est beaucoup plus agréable de faire cours face à des personnes bien habillées que face à des jeunes aux vêtements hideux qui font de la promotion publicitaire.

Car on évoque souvent le risque d’uniformisation, le risque de briser la personnalité de l’élève, voire même l’aspect autoritaire qui se niche dans l’uniforme. Il faudrait être soi-même. Difficile de croire que ces jeunes qui vivent sous la dictature des marques puissent être eux-mêmes, difficile de croire qu’ils soient vraiment libres, face à la pression du groupe et de la mode. Chez nous, notre code vestimentaire est simple : chemise bleue ou blanche, pantalon et pull sombre, pas de marque apparente. Les jours de fêtes, veste et cravate. A travers le vêtement se situe le passage à l’âge adulte. Savoir faire son nœud correctement, savoir s’habiller avec goût, sans ostentation, sans fausse note. Savoir différencier la tenue de travail et la tenue de loisir.

Les arguments traditionnellement évoqués pour la défense de l’uniforme : la cohésion sociale, la lutte contre les marques, le gommage des inégalités, sont des arguments sociaux qui me semblent assez faibles. Cela est vrai, mais ce n’est pas le plus important.

Le véritable argument est d’ordre anthropologique. Quelle jeunesse voulons-nous ? Quels adultes voulons-nous ? Quels Français voulons-nous ? La mode française n’est-elle pas –n’était-elle pas- avec la mode anglaise et italienne un prescripteur mondial ? L’uniforme devrait davantage se rattacher à la défense de la culture, du goût du beau, de l’art, de la saine élégance, qu’à l’uniformisation sociale. C’est une question culturelle avant tout, c’est aussi une vision de l’homme que l’on défend à travers lui, bref une question finalement beaucoup plus riche et complexe qu’il n’y paraît.

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