Apollon

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samedi 28 avril 2018

Parler de la Grèce c’est évoquer la culture qu’elle nous a transmise, c’est évoquer la sève qu’elle nous a inculqués. Nous sommes Grecs, d’esprit, de langue, de pensée. La Grèce qui a nourrit Rome et tant influencé le christianisme, atténuant ses racines hébraïques pour lui donner le souffle d’un autre corps. Sans la Grèce nous ne serions rien, et pourtant la Grèce fut longtemps oubliée des Européens. Il a fallu attendre le XIXe siècle pour que le mouvement romantique se prenne de passion pour la Grèce, se batte pour la délivrer des mains turques, aille même combattre sur les champs de bataille, et meurt, sur les rives du Missolonghi . L’Europe s’est prise de passion pour la Grèce quand l’empire byzantin s’est effondré sous les coups des Turcs, et que Constantinople est devenue Istanbul, et la cathédrale Sainte Sophie une mosquée aux minarets en pointe. On a soudain découvert que les civilisations étaient mortelles, et que la nôtre n’était pas épargnée.

Aujourd’hui que la Grèce s’enfonce dans les déficits, et que l’on s’interroge sur les racines de l’Europe –ce qui montre bien qu’on ne les connaît pas- revenir à la Grèce semble des plus indispensables.

Et pour revenir, rien de tel que de commencer par les débuts. Si Zeus est le dieu des dieux Apollon est le symbole même de la Grèce. Physiquement d’abord, il représente l’idéal esthétique de la Grèce : jeune, beau, bien né, l’esprit vif et inventif, maniant les arts et les lettres à merveille, il est l’archétype du bon et beau de Platon. Apollon est un modèle de vertu et de culture, le modèle que tout honnête homme, tout aristocrate, se doit d’imiter et d’atteindre, en Grèce, comme à Rome, comme plus tard à Paris et dans l’Europe civilisée.

Dès sa naissance Apollon a montré qu’il était la culture. C’est lors d’un terrible combat avec le Python, à Delphes, qu’il entre pleinement dans la vie des Grecs. Delphes est un sanctuaire situé au nord de la Grèce. C’est le plus grand sanctuaire panhéllenique, c’est là qu’ont lieu, tous les quatre ans, des jeux, comme les jeux olympiques, regroupant les meilleurs athlètes grecs. Mais avant que le sanctuaire n’attire autant la région de Delphes était soumise au contrôle d’un monstrueux serpent, le Python, qui dévorait les habitants. Le Python était le symbole même des Enfers, des lieux obscurs et infernaux où l’homme souffrait. Apollon le provoque en duel et, au cours du combat, le perce de ses traits, tuant ainsi l’ignominieuse bête. Après cette victoire il s’empare de Delphes, crée les jeux pythiques en l’honneur de sa victoire, et protège la Pythie, qui délivre ses oracles mystérieux sous l’inspiration divine. Apollon est associé au soleil, d’où son surnom de Phébus. La légende raconte que c’est lui qui transportait le Soleil, monté sur son char, le levant le matin et le couchant le soir. Dieu de la lumière et de la raison on le voit souvent entouré des muses, une lyre à la main, pour déclamer des vers et faire œuvre de poésie. C’est d’ailleurs ainsi qu’il est passé à la postérité, c’est ainsi qu’on le représente dans les tableaux, notamment la fresque peinte par Puvis de Chavannes pour l’amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne, représentant Apollon entouré de ses neuf muses. C’est d’ailleurs pour ces raisons que Nietzsche ne l’aimait pas. Dieu du rationnel, de l’ordre, de la forme, le penseur allemand lui préférait Dionysos, le dieu de la démesure et du chaos. L’antagonisme entre Apollon et Dionysos est patent, aussi bien dans la littérature grecque que romaine. Et aujourd’hui, dans les entreprises, ne retrouvent-on pas ces deux types de profil ?

Le poète latin Virgile a lui-aussi chanté Apollon. Chez lui il est le dieu de la guérison, de l’oracle et de la prophétie. Ovide , le poète de la cour d’Auguste, consacre ses Métamorphoses à Apollon. Orphée chante pour lui, et sa plainte monte vers ce dieu.

Au final Apollon est l’image même de la Grèce, image de sa culture, de sa littérature et de son amour pour les lettres et la civilisation. Le combat qu’il dû mener contre le Python pour la survie des habitants de Delphes est une allusion très nette au combat perpétuel des hommes contre la barbarie et pour la culture.

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