Saint-Denis, de la tombe des rois de France au berceau du djihadisme

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mercredi 1er juin 2016

La revue de géopolitique italienne Limes consacre son dernier numéro aux périphéries et à la criminalité. Ils m’ont demandé de traiter le sujet suivant : « Saint-Denis, de la tombe des rois de France au berceau du djihadisme. » L’article n’étant pas en accès libre, je ne le publierai pas sur mon site, mais j’en donne ici un résumé.

Cœur de l’histoire de France

Saint-Denis est un des cœurs historiques de la France. C’est là que se tient la célèbre foire du Lundy, que tous les étudiants de la Sorbonne connaissent bien pour en avoir admiré la fresque dans la cour carrée. C’est là le berceau de l’art français, avec Suger, ainsi que la nécropole des rois de France. Nous aurions tort de négliger Saint-Denis, car la ville est un des berceaux de la culture et de l’identité de la France. Son nom vient du premier évêque de Paris, qui y fut enterré, après avoir été décapité à Montmartre.

Une ville très riche

Saint-Denis est une ville riche, extrêmement riche. L’argent public y a été déversé à flots. La ville croule sous les subventions et les aides de l’État. Ce n’est absolument pas une ville déshéritée ou oubliée. Située en bordure de Paris, elle compte trois stations de métro, deux stations de RER, six de tram, un stade international, deux autoroutes majeures. Elle est reliée en quelques minutes à la gare du Nord (première gare d’Europe) et à Saint-Lazare (deuxième gare d’Europe). Nous sommes aussi très proches de Châtelet, de la Défense et des Invalides. Ce serait le lieu parfait pour des cadres et des classes supérieures, bien mieux que Neuilly et Boulogne-Billancourt.

Saint-Denis a également un quartier d’affaire magnifique, où se trouvent de nombreux sièges sociaux et des studios d’enregistrement pour la télévision.

Pourtant, Saint-Denis a les problèmes de tout le monde connaît. Le plus fort taux de criminalité de tout le département, qui a lui-même le plus fort taux de criminalité de France. La base arrière de nombreux terroristes, qui peuvent facilement opérer à Paris. Je ne parlerai pas de chômage, même si le taux est officiellement très fort, car en réalité beaucoup de monde travaille à Saint-Denis. Les trafics en tout genre rapportent beaucoup, souvent plus que des métiers de salariats.

Trop d’Etat

La thèse que je soutiens dans cet article c’est que c’est l’omniprésence de l’État qui a causé la situation actuelle. Saint-Denis n’est pas un territoire perdu de la République, ce n’est pas une zone de non-droit : la République y déverse beaucoup d’argent, pour acheter les voix et le calme. En 2017, le département des Yvelines doit verser 40M€ au département de Seine-Saint-Denis au nom de la péréquation, au nom de la solidarité et de la justice sociale bien sûr. Il s’agit de punir les collectivités bien gérées, et de récompenser celles qui le sont mal.

Se pose aussi le problème de l’intégration culturelle des populations, pour la plupart descendants d’immigrés venus en France pour travailler, alors qu’il eut été possible de se passer de leurs bras en intensifiant la productivité des usines.

Base arrière du terrorisme

Saint-Denis est aujourd’hui une base sûre pour les terroristes, qui y disposent en plus d’excellents réseaux vers l’extérieur. Pour gagner une guérilla, il faut une forteresse inexpugnable et des relations avec l’extérieur. Tout cela, les djihadistes le trouvent à Saint-Denis. Ce n’est guère rassurant, d’autant que l’armée française est affaiblie par de graves manques de moyens.

Sur le plan du terrorisme et de la sécurité intérieure, la réflexion libérale me semble encore une fois conforme avec la réalité : l’omniprésence de l’État via les aides publiques et les subventions est un problème et crée de l’insécurité. Surtout quand cela l’affaiblit et aboutit à une absence de l’État sur les sujets régaliens. Saint-Denis n’est pas une ville avec absence de l’État, mais plutôt une ville avec trop d’États, et surtout, avec des interventions mal placées de l’État.

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