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jeudi 30 mai 2019
Les Grecs et les Romains ont été parmi les premiers à se poser cette question et à tenter d’y trouver une réponse convenable. Le fait que l’on ait besoin de se poser la question de la guerre juste montre que la légitimité de cette activité humaine ne va pas de soi. À la guerre, on détruit et on tue. Au nom de quoi donc, et pour quelle fin ? Les penseurs grecs ont tenté de codifier la guerre et de l’organiser afin que de ce chaos apparent surgisse un nouvel ordre. Les Romains sont ceux qui ont posé et défini la réflexion philosophique et morale sur le droit de la guerre et sur la guerre juste. Éléments de réflexion repris et développés par les penseurs chrétiens.
Le javelot et les mots
Tite-Live (59-17) a laissé des descriptions des rites guerriers dans son Histoire romaine. C’est grâce à lui que nous connaissons bien l’histoire de Rome, des débuts de la République à celui du Principat. La guerre s’insère dans un contexte religieux et liturgique. Avant les combats, les devins pratiquent les haruspices, c’est-à-dire l’art divinatoire de lire dans les entrailles d’un animal sacrifié. Le foie est notamment étudié, car il représente l’univers. Cette pratique est héritée des Étrusques, ce peuple au fondement de Rome. Les Romains pratiquent aussi les augures, également hérités des Étrusques. Il s’agit ici de lire et d’interpréter le vol des oiseaux. Nul ne prend la décision de partir en guerre si les haruspices ou les augures ne s’y sont pas montrés favorables. Le bellum iustum, la guerre juste, est donc d’abord celle qui s’inscrit dans le respect du cadre magique et divinatoire. Le rituel a lieu aussi dans la déclaration de guerre.
Tout d’abord, un prêtre fétial lance un javelot trempé dans le sang d’un animal et prononce des paroles de malédiction à l’égard de l’ennemi. Il n’y a pas de guerre juste sans respect scrupuleux de la procédure de déclaration de la guerre, au risque sinon de s’attirer les foudres des dieux. Les lecteurs de René Girard reconnaissent ici le lien avec le sacrifice humain, présent dans chaque culture. Nous aurions tort de balayer cela d’un revers de main comme pratiques anciennes et archaïques. Nos déclarations de guerre d’aujourd’hui, qui passent par l’ONU et ses longs discours à l’utilité douteuse, reprennent, sous une forme modernisée, les rituels romains. Là aussi on discute, on cherche à justifier la guerre, on respecte des codes et des liturgies, notamment le vote dans l’enceinte des Nations unies. La guerre juste, chez les Romains, est donc une guerre déclarée selon les rites prescrits et qui respecte les formes de ces rites. À voir la façon dont la guerre a été déclarée contre la Libye en 2011, nous avons bien l’impression que pour beaucoup le fait de respecter les formes et les codifications suffit à déclarer une guerre comme étant juste.
Les danses des saliens
Les saliens sont des prêtres qui ouvrent par leurs danses la saison de la guerre. Ils dansent le 19 mars et le 19 octobre, en ouverture et en fermeture de la saison des combats. D’où le nom de Mars donné au mois de la guerre, qui est aussi celui du printemps et donc des terrains plus praticables.
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