Pourquoi Nicolas Sarkozy gagnera le 6 mai

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mercredi 2 mai 2012

Une des raisons de la défaite, addendum 25/07/2012

Nicolas Sarkozy ayant finalement perdu le 6 mai, contrairement à ce que j’avais prédis, on pourra m’arguer que mon analyse était fausse et que je me suis trompé.

Je me suis certes trompé sur le résultat final, mais je ne pense pas avoir émis une analyse faussée.

Plusieurs remarques à ce propos.

Au moment de la rédaction de l’article, les sondages donnaient François Hollande vainqueur avec au moins 53% des voix, soit un écart de 6 points. J’avais, pour ma part, prédis un score serré. Or, François Hollande n’a gagné qu’avec 51.6% des voix. Je persiste à penser que si les sondages avaient donnés les vrais chiffres le résultat final eût été différent.

Mais ce qui a aussi contribué à faire basculer le vote c’est le facteur ethnique et religieux que je n’avais pas pris en compte. Je vous conseille vivement la lecture de l’étude de Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinion publique de l’IFOP. Celle-ci montre que les musulmans sont la catégorie politique ayant le plus voté en faveur de François Hollande (86%). Comme ils représentent 5% du corps électoral, cela fait 1.5% des suffrages exprimés, soit l’écart entre les deux candidats. Les Français ont donc majoritairement voté pour Nicolas Sarkozy, mais François Hollande a remporté l’élection grâce au vote massif d’un autre groupe humain.

Pour ceux qui pensent que la ligne Buisson a coupé Nicolas Sarkozy de l’électorat musulman, et l’a donc privé de victoire, vous pourrez voir dans le troisième tableau que le candidat de droite a eu autant de voix musulmanes en 2007 qu’en 2012. Il n’a donc perdu aucun électeur de ce côté là.

Quant à la gauche, son risque est de se focaliser uniquement sur cet électorat, et de perdre ainsi l’électorat populaire et employé, qui a majoritairement voté pour Marine Le Pen. La preuve donc que la ligne Buisson était la bonne, c’est-à-dire la plus à même de concilier la France de l’élite et la France populaire.

Cette victoire de 2012 pour la gauche, sera peut être la dernière avant longtemps.

Pourquoi Nicolas Sarkozy sera vainqueur le 6 mai

Le 6 mai à 20 heures le président élu sera Nicolas Sarkozy. Cette affirmation peut sembler curieuse au vue des sondages qui annoncent tous une large victoire du socialiste, elle est au contraire fort logique au vue de l’histoire politique française. Trois éléments nous permettent de penser que le président actuel sera réélu.

1/ L’accroissement du clivage politique

Contrairement à d’autres élections présidentielles celle de 2012 a la particularité de montrer un fort clivage politique, sans doute le plus fort depuis la présidentielle de 1965. En 1969 le terne Alain Poher se dessinait en gris face à Georges Pompidou. En 1981 François Mitterrand, dans son for intérieur, était sans doute plus à droite que Valéry Giscard d’Estaing. En 1995 et 2002 les différences étaient minimes entre Lionel Jospin et Jacques Chirac. Des différences réelles dans le discours mais non pas dans les idées.

En 2012, au contraire, un vrai choix de civilisation s’offre aux Français.
Entre un candidat favorable à l’assassinat des malades et au droit de vote des étrangers et un autre qui s’y refuse, la différence est patente.
Entre un candidat qui promet le recrutement de fonctionnaires et l’augmentation des impôts, et un autre qui souhaite réduire les fonctionnaires et diminuer les taxes, le clivage est net.
Entre un candidat qui reçoit le soutien des mosquées en France et des prédicateurs islamistes et un autre qui exalte les racines chrétiennes de la France, le fossé est profond.
Clivage très net marqué ce 1er mai où la gauche a défilé à Paris derrière le drapeau rouge, quand la réunion du Trocadéro a réuni des centaines de drapeaux tricolores. Plus que jamais la France est divisée en deux camps, or ces camps ne sont pas égaux. Au premier tour la gauche, au sens large, a rassemblé 43.8% des suffrages. C’est un des scores les plus faibles de son histoire. Quant à la droite elle a rassemblé 56% des suffrages.

Quand la gauche a remporté une élection présidentielle (1981 et 1988) elle a rassemblé, au minimum, 49% des suffrages au premier tour. Son score de 2012 est bien en deçà du chiffre nécessaire à sa victoire. Comment cette gauche pourrait-elle gagner 10 points en quinze jours, et en même temps la droite en perde 10 ? Cela ne s’est jamais vu. Certes le report des voix n’est pas automatique mais c’est ici qu’intervient le très fort clivage. Avec deux candidats similaires le report des voix est perméable. Avec des clivages politiques aussi nets la logique des blocs est plus active. Il y aura probablement une érosion de Nicolas Sarkozy, mais elle ne sera pas de 10 points.

À moins d’un retournement historique majeur, c’est-à-dire que se passe en 2012 un fait qui ne s’est jamais passé auparavant, la victoire de Nicolas Sarkozy est presque acquise. Or depuis 1965 nous avons eu huit élections présidentielles, ce qui assure la fiabilité des comparaisons et des analyses.

2/ La défaite de la haine

Cette élection est marquée par la haine. Jamais aucun candidat n’aura été autant attaqué, insulté, caricaturé par les médias. Que les journaux soient largement de gauche c’est un fait, et c’est leur droit. Mais l’honnêteté intellectuelle leur commande de l’analyse dans leur jugement. Or d’analyse et de jugement ils n’ont plus. Ils ont fait campagne pour le socialisme de façon méthodique, et cela depuis plusieurs années. Or nous constatons, depuis une quinzaine d’année, une très nette fracture ente les élites et le peuple. Ce qui signifie qu’une prise de position en faveur de François Hollande est à même d’assurer la victoire de Nicolas Sarkozy.
Rappelons que ce sont ces mêmes médias qui avaient soutenu John Kerry en 2004, présentant Georges Bush comme un danger pour la démocratie. C’est pourtant Bush qui fut élu. En 2005 ils ont insulté à longueur d’éditoriaux les Français souhaitant voter non à la constitution européenne, expliquant que s’il y avait un bulletin oui et un bulletin non, seul le oui était valable. Ce fut pourtant le non qui l’emporta.

Plus loin dans notre histoire, la gauche et les médias firent campagne, en 1962, contre l’élection du président de la République au suffrage universel. Face à ce « cartel des non » de Gaulle était donné perdant. Le oui l’emporta avec 62% des suffrages. En mai 1968 la gauche était ultra dominante. Elle perdit pourtant lourdement les élections législatives provoquées par la dissolution de l’Assemblée Nationale : les gaullistes et leurs alliés remportèrent 82% des sièges. Si l’on remonte encore plus loin dans le temps, la première élection présidentielle, celle de 1848, a vu la victoire de Louis Napoléon Bonaparte dès le premier tour, avec 74.2% des suffrages. Personne n’imaginait une telle victoire, les élites s’étant tournées vers d’autres candidats, largement battus.

La haine ne l’a donc jamais emporté dans une élection, et les élites radicalisées ont toujours perdu face au peuple. Or nous sommes cette année dans la même configuration. Radicalisation outrancière des élites, attaques haineuses contre le candidat Sarkozy, qui conserve néanmoins l’estime voire l’adhésion du peuple. Dans cette configuration c’est toujours le candidat du peuple qui l’a emporté face au candidat des élites. Nicolas Sarkozy est donc bien placé pour gagner. Une victoire de François Hollande serait du jamais vu et, encore une fois, rien ne laisse prévoir cette victoire.

3/ La victoire de l’adhésion

L’élection présidentielle est l’élection d’un homme. Si la gauche, mouvement de partis politiques, est à l’aise avec la IIIe et la IVe République, elle est en revanche gênée par la Ve.

Élection d’un homme. Ce qui signifie que pour l’emporter il faut qu’il y ait une adhésion aux valeurs et au projet portés par un homme. Adhésion autour de De Gaulle en 1965 comme de Mitterrand ou de Chirac en 1981 et 1995. Or il n’y a aucune adhésion autour de François Hollande. Hormis quelques socialistes névrotiques et des ennemis farouches de Sarkozy, son projet n’attire pas. Le ridicule et la fadeur de son slogan en son l’illustration claire.

En revanche Nicolas Sarkozy suscite une réelle adhésion, aussi bien à sa personne qu’à son programme. Cette adhésion suscite forcément, en retour, de la haine et de la détestation chez ses opposants. Deux chiffres sont à cet égard éloquents. Dans les émissions télévisées il fait toujours plus d’audience que François Hollande. Dans les meetings il en va de même. Alors que Hollande a réuni 67 000 personnes à Vincennes, Sarkozy en a rassemblé 119 000 à la Concorde. Ces chiffres proviennent du ministère de l’Intérieur, et il est très facile de comptabiliser le nombre de personnes fixes présent sur une place que l’on connaît. Le 1er mai Sarkozy a attiré environ 200 000 personnes au Trocadéro, quand Hollande fut contraint de faire un meeting en province, à Nevers, devant quelques dizaines de milliers de militants. Cette dynamique se retrouvera forcément dans les urnes. Là aussi, au regard des élections antérieures, c’est toujours celui qui réuni le plus de monde aux meetings et autour de la télévision qui gagne les élections. Pourquoi en serait-il autrement en 2012 ?

Alors, si l’histoire et la raison accordent la victoire à Nicolas Sarkozy, pourquoi les sondages donnent-ils François Hollande vainqueur ? Les sondages ont tous surestimé le vote Hollande et minimisé le vote Sarkozy. En moyenne, au premier tour, Hollande devait faire 30%, Sarkozy 25%, Mélenchon 17% et Le Pen 14%. Le résultat fut 28.6%, 27.2%, 17.9% et 11.1% pour Mélenchon. Si les sondages commettent au deuxième tour la même erreur qu’au premier Sarkozy fera entre 50.2 et 50.6% des voix.

Les sondages sont commandés par les médias, eux-mêmes partisans de François Hollande. En surestimant Hollande et en l’annonçant vainqueur ils espèrent peut être démoraliser l’adversaire et inciter les indécis à voter pour le candidat annoncé comme vainqueur. Les sondages ne cherchent donc pas à prévoir le vote mais à l’influencer. Ils manient ici la guerre psychologique qui cherche à gagner la bataille avant que celle-ci n’ait eu lieu.

Le ralliement des cadres du FN, actuels ou anciens, comme Bruno Gollnisch ou Jacques Bompard, à la candidature de Nicolas Sarkozy, l’appel plus ou moins direct des médias proches de ce parti à faire barrage à François Hollande augure d’un bien meilleur report de voix que les sondages ne veulent le voir.

Nicolas Sarkozy gagnera donc le 6 mai, parce qu’il réunit autour de lui toutes les conditions de victoire qui ont été nécessaires par le passé : majorité de ses idées, déroute des médias haineux, rassembleur populaire. Au regard de l’histoire et des élections antérieures, si les choses se passent comme elles se sont toujours passées, sa victoire sera nette. Sa défaite signifierait une rupture historique majeure avec tout ce qui s’est toujours produit. Or rien ne permet de penser qu’une telle rupture aura lieu. Sa victoire sera peut être une surprise pour le commentateur, elle ne le sera pas pour l’historien.

Addendum, jeudi 3 mai 2012

Suite à quelques remarques ironiques ou sarcastiques sur les précédentes lignes de la part de lecteurs intrigués je rajoute les propos suivants :

Qu’est-ce qui pourrait faire perdre Nicolas Sarkozy ? Si François Hollande est finalement vainqueur le 6 mai, comme je ne le pense pas, qu’est-ce qui pourrait expliquer sa victoire ? En effet, au regard des huit élections présidentielles passées, Nicolas Sarkozy concentre tous les ava ntages pour gagner, et même plus qu’en 2007 où les centristes auraient pu l’emporter, avec Bayrou ou Royal. Deux faits pourraient expliquer sa défaite.

1/ La victoire de la haine

Jusqu’à présent la haine a toujours perdu. Mais le président étant pilonné depuis si longtemps, par des médias si hargneux que cela pourrait laisser des traces dans l’opinion et provoquer un rejet chez des électeurs pourtant enclins à le soutenir. À cet égard son équipe de campagne aurait dû lancer une contre-attaque beaucoup plus tôt, c’est-à-dire en 2010.

2/ La persuasion de la défaite

L’autre élément qui peut expliquer une défaite est l’intériorisation, chez les électeurs de Sarkozy, de la défaite. Les mauvais sondages successifs faisant croire à la victoire de Hollande, les électeurs de Sarkozy pourraient se démobiliser, ayant été intoxiqués par ces sondages. Nous avons montré plus haut que ces mauvais chiffres émanent d’une guerre psychologique bien menée, qui va de pair d’ailleurs avec la haine des médias.

Victoire de la haine et victoire de la guerre psychologique, la victoire de François Hollande pourrait ainsi être celle de la pure tradition de la praxis marxiste contre la vision gaullienne de la politique. Ces élections du XXIe siècle pourraient alors avoir un curieux goût de XXe siècle.

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