Les papes d’Avignon

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mercredi 18 avril 2012

Depuis 1791 et l’annexion d’Avignon par la Révolution, on oublie souvent que cette terre fut longtemps pontificale et que les papes y ont séjourné au XIIIe siècle. Peut-être est-ce la raison de leur venue dans cette ville qui emplit Avignon et sa période papale d’un halo de suspicion. Pourtant, cette terre leur appartenait depuis longtemps, et cette résidence a fortement modifié la région. Ce schisme, qui a duré 30 ans, et qui a compté jusqu’à trois papes, fut la grande épreuve de l’Église. Bien plus finalement que le mouvement de Luther, car c’est alors produit l’inimaginable : l’Église scindée en plusieurs successeurs de Pierre. Les questions d’autorité et de légitimité magistérielle n’ont pu être que bouleversées.

Dans son ouvrage Jean Favier se veut pédagogue et suit précisément la chronologie. Pourquoi les papes sont-ils venus en Avignon après avoir quittés Rome ? Pourquoi sont-ils restés ? Comment ont-ils vécu dans cette cité ? Comment ont-ils organisé leur gouvernement ainsi que la vie culturelle et intellectuelle de la cour pontificale ? Enfin, quels sont les principaux papes d’Avignon et pour quelles raisons sont-ils rentrés à Rome ? Classique dans sa structure et son approche, l’ouvrage est toutefois stimulant dans ses analyses et sa présentation des faits.

Il a aussi le grand mérite de replacer le schisme d’Occident dans sa centralité intellectuelle et de montrer comment celui-ci a bouleversé la conception de l’Église, ainsi que le rapport à la foi et à l’autorité. Ce schisme, fracture, coupure au sens propre, prépare les chemins à d’autres ruptures, plus profondes et plus durables, celles du XVIe siècle.

L’auteur montre bien qu’en dépit du schisme la papauté reste l’un des acteurs majeurs de cette Europe du XIVe siècle. C’est par elle que passent bon nombre de traités, c’est avec elle que les princes négocient, c’est à travers elle que circulent les grands flux monétaires. Loin de s’arrêter à l’aspect théologique ou politique de cette affaire, Jean Favier évoque aussi le rayonnement financier d’Avignon, la place des juifs dans ce dispositif, et la circulation de l’argent.

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