Les nouvelles dictatures

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jeudi 17 janvier 2013

« À mesure que diminue la liberté économique et politique, la liberté sexuelle a tendance à s’accroître en compensation. Et le dictateur (à moins qu’il n’ait besoin de chair à canon et de familles pour coloniser les territoires vides ou conquis) fera bien d’encourager cette liberté-là. Conjointement avec la liberté de se livrer aux songes en plein jour sous l’influence des drogues, du cinéma et de la radio, elle contribuera à réconcilier ses sujets avec la servitude qui sera leur sort. » Aldous Huxley, préface à l’édition de 1946 du Meilleur des mondes.

Rien de plus vrai aujourd’hui. Le XIXe siècle vit la gauche mener les grandes batailles politiques, pour la république, la démocratie, le suffrage universel, la liberté de la presse. Cela obtenu, avec plus ou moins de radicalisme, elle a lancé les grands combats économiques, contre le chômage, les bas salaires, pour les améliorations des conditions de travail, pour la sécurité sociale, les assurances chômage et maladies, avec plus ou moins d’aveuglement économique. Ne lui reste désormais que le combat sociétal, à travers la libéralisation maximale de la jouissance sexuelle. Ce mouvement, rendu visible lors des événements de Mai 68, n’en était en réalité qu’à ses balbutiements. S’il faut aller plus loin, il faut déconstruire l’identité sexuelle, inculquer l’éducation sexuelle à l’école, délivrer gratuitement des pilules, dont le scandale de sa dangerosité commence enfin à éclater, promouvoir à tout crin l’avortement. Du sexe, de la drogue, de l’abrutissement culturel. Huxley parle du cinéma et de la radio, nous avons désormais le nouveau médium qu’est la télévision. Ces propos sont à la fois une saine analyse, et une sage prophétie de ce que notre monde bâtit.

Alexis de Tocqueville faisait déjà remarquer que la recherche du bien-être et des jouissances matérielles est le propre de l’âge démocratique. L’homme veut les choses tout de suite, immédiatement, sans attendre. L’homme de l’âge démocratique vit constamment dans le présent, dans un trépignement d’insatisfaction matérielle. Il est porté au changement, fin unique des politiques. Le changement est voulu pour lui-même.
S’opposer à la libéralisation sexuelle et au grand vent des drogues et des plaisirs malsains, c’est donc aller contre l’état social démocratique lui-même, ce qui n’est pas une mince affaire, dans la mesure où c’est le mouvement même de notre temps.

Aldous Huxley fait aussi remarquer que les nouvelles dictatures ne feront pas usage de la force ou des déportations massives, mais useront de moyens de coercition beaucoup plus doux, donc plus efficaces et plus durs encore. La diffusion de tous les éléments qui peuvent affaiblir la volonté et endormir les consciences devient primordiale à l’enracinement de ces régimes d’un nouveau genre, qui reprennent l’antique formule du pain et des jeux. Le peuple a l’impression que l’on édicte des lois pour le libérer ou pour accroître l’égalité, quand ces textes adoptés ne font que restreindre la véritable liberté des consciences et des attitudes, et accroître les inégalités, entre les personnes qui peuvent se protéger de ces addictions, et y résister, et celles qui, trop faibles pour différentes raisons, en subissent pleinement les effets néfastes.

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