Les nouveaux bien-pensants

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mercredi 16 avril 2014

Entretien avec Michel Mafffesoli sur son nouveau livre, Les nouveaux bien pensants.

“L’entretien est réalisé par PLG et publié sur Contrepoints.”

Pourquoi ce titre, « les nouveaux bien-pensants » ? S’il y en a de nouveaux, qui sont les anciens ?

Pour être franc, je pensais l’intituler « la bien-pensance » mais mon éditeur a trouvé ce titre plus accrocheur ! Cela étant, il s’agit quand même d’un clin d’œil à Georges Bernanos qui avait écrit sur ce thème durant l’entre-deux guerres, où il dénonçait entre autres les pacifistes. Ses écrits pourraient être qualifiés de libéraux, même s’il fut dans un premier temps un proche de Maurras.

Faites-vous une distinction entre les bien-pensants que Bernanos attaquait et les vôtres ?

L’époque actuelle est je crois nimbée d’une sorte de « moraline », ou moralisme, médiatique. Les bien-pensants, dont par exemple Mme Taubira est une représentante, se définissent comme les gardiens d’une certaine morale et jugent leur prochain en fonction d’elle uniquement. Ils définissent le « devoir-être », en pensant ce que doit être le monde, d’une manière idéologique. Au contraire, l’attitude plus saine serait non pas de penser et d’agir en fonction de ce que devrait être le monde mais à partir de ce qu’il est. En un sens, je suis plus proche de Machiavel. Plenel, Macé-Scaron, Fourest ou Attali, chacun dans leur genre, ont cette caractéristique commune de croire qu’ils peuvent orienter le monde selon leur propre vue. De même, ils font preuve d’une remarquable intolérance à tout propos qui n’irait pas dans leur sens.

Mais distinguez-vous des nuances idéologiques entre les bien-pensants des années 30 et les actuels ?

Je crois qu’il n’y a pas de changement de fond. Leur attitude intolérante est un trait commun à chacun d’eux. Par exemple, ils n’acceptent que le cadre dit « Républicain », ne parlent que de « citoyen » et de « Démocratie », concepts auxquels je ne crois plus vraiment. Tenir un discours différent, affronter les tabous d’aujourd’hui, en clair ne serait-ce qu’essayer de penser différemment, c’est immédiatement être suspecté de « dérapage ». Pour l’anecdote, je me suis retrouvé il y a quelques semaines opposé dans un débat radiophonique à Edwy Plenel. Hors antenne il a failli en venir aux mains parce que je l’avais traité de commissaire du peuple eu égard à son dogmatisme borné.

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