Les compétences des élèves en troisième

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mardi 3 mai 2011

Nota : les tableaux, indispensables à la compréhension de l’étude, ne peuvent pas être intégrés. Nous vous conseillons donc la lecture du fichier PDF joint.

Quelques enseignements d’une étude de l’Education Nationale sur les compétences des élèves.

A défaut de pouvoir apporter des solutions à ses problèmes, l’Education Nationale est en mesure de les connaître. Au sein du ministère de nombreux organismes d’études, de prospective et de recherche, existent pour évaluer et appréhender les réussites et les échecs des élèves. Cela aboutit à la publication d’études arides, mais néanmoins fort intéressantes à disséquer pour bien connaître la réalité du monde de l’Education Nationale. L’étude nommée Les compétences des élèves en histoire, géographie et éducation civique en fin de collège, réalisée sur un échantillon représentatif de 6000 élèves de troisième en mai 2006 et publiée en juillet 2010, est à cet égard fort instructif. De ce dossier complet nous retiendrons trois points : que les garçons réussissent mieux en histoire et en géographie que les filles, que les établissements privés sont plus à même d’assurer la réussite des enfants issus des couches socioprofessionnelles faibles, et que le goût des matières chez les élèves est marqué par la masculinité et la féminité.

I/ Les garçons réussissent mieux en histoire et en géographie que les filles.

Pour préciser la méthodologie employée, chaque élève devait répondre à une série de questions, des « items », soit sous forme de QCM , soit sous forme de questions ouvertes. Les questions devaient permettre de mesurer les capacités des élèves à identifier une information, à la traiter et à l’interpréter. La maîtrise du vocabulaire technique, la capacité à argumenter et à mobiliser des connaissances, était également mesurée. En fonction des réponses 6 groupes d’élèves ont été définis, allant de 0 à 5. 0 étant le groupe le plus faible, 5 le meilleur. Un élève du groupe 0 ne peut donner que des réponses ponctuelles, il a de graves lacunes en écrit. Un bon élève se classe dans le groupe 4, un très bon élève dans le groupe 5.

Ce qui signifie que seuls 26.9% des élèves ont de bonnes compétences. Les 73.1% autres ont soit de grosses lacunes, soit des difficultés. Cela est déjà inquiétant quant au niveau général. Mais, comme nous le disions, les garçons réussissent très bien ces évaluations.

Histoire et géographie : les garçons réussissent mieux que les filles.

Disons-le d’emblée : ces résultats sont une surprise. Voilà que les garçons, si maltraités par le système éducatif, davantage sujet à l’échec que les filles, notamment à cause d’un enseignement mixte, sont capables de faire mieux que la gent féminine.
Sur l’ensemble de l’épreuve les garçons obtiennent 256 points contre 248 pour les filles.

Les filles sont davantage présentes dans le groupe 0 que les garçons, et nettement moins présentes dans les groupes forts (4 et 5), que ces mêmes garçons. Ce qui signifie que ces derniers ont non seulement moins de difficultés, mais qu’ils sont plus en mesure d’avoir de très bons résultats.

30.7% des garçons figurent dans les groupes 4 et 5 contre 25.2% des filles. Ces deux groupes associant 26.9% des élèves on constate que les filles sont en-deçà des résultats généraux (- 1.7%), quand les garçons sont nettement au-dessus : + 3.8%. En revanche, il y a plus de filles très faibles (+ 0.4) que de garçons (- 0.4). Dans les quatre premiers groupes les filles sont à 1.7 points au-dessus de la moyenne générale, quand les garçons sont 3.8 points en dessous. Ces chiffres sont d’autant plus remarquables que les filles représentent 55.2% des élèves et les garçons 44.8%. Moins représentés, ils occupent pourtant les premières places. D’après l’étude c’est dans les composantes « connaissances » et « vocabulaires » que les garçons obtiennent les meilleurs résultats ; ce qui là aussi provoque une certaine surprise dans la mesure où les filles sont réputées pour avoir une meilleure maîtrise du vocabulaire.

L’étude démontre en outre que les textes conviennent mieux aux filles, et les cartes aux garçons. Sans surprise donc, la géographie plaît davantage aux garçons qu’aux filles, alors que ces dernières réussissent mieux en éducation civique que les garçons, notamment du fait qu’elles sont plus studieuses, donc capables de s’investir dans une matière moins importante.

Que conclure de cela ? D’abord que filles et garçons sont différents, ce qui rend davantage encore légitime l’éducation différenciée. La mixité scolaire ne résiste jamais à la vérité des études et des enquêtes, toutes démontrent son inanité. Pourquoi alors la maintenir, si ce n’est soit par aveuglement soit par idéologie ? Cette enquête est réalisée auprès d’élèves de troisième, c’est-à-dire qui ont en moyenne 14-15 ans. Ce ne sont plus des enfants ; la jeunesse de l’âge ne peut donc expliquer les différences. Nous avons à faire à de jeunes adultes, dont la formation cognitive est pratiquement achevée. Ce qui signifie que les différences remarquées à la fin du collège ne vont pas se résorber au lycée, mais au contraire s’accroître. D’où l’entière pertinence de maintenir un enseignement non-mixte dans les années de lycée, -notamment pour les garçons- car dans un environnement scolaire marqué par la prédominance féminine, seule la non-mixité leur permet de déployer au mieux leurs talents. Nous ne reviendrons pas ici sur les excellents résultats des écoles non-mixtes en Angleterre .

L’autre conclusion est que les garçons sont capables de réussir dans des matières classées comme littéraires, alors même que c’est l’inverse qui est généralement cru. Pourquoi alors retrouve-t-on plus de garçons dans les sections scientifiques que littéraires ? Essentiellement pour des raisons de pression sociale. L’option scientifique ayant été décrétée noble, c’est là qu’il faut placer les garçons, même si cela contrevient à leurs goûts et à leurs affinités . Ici aussi l’idéologie a pris le pas sur la réalité.

II/ De meilleurs résultats dans le privé que dans le public

La réalité c’est aussi que les établissements privés ont de meilleurs résultats que les établissements publics.

Répartition des élèves dans les groupes de niveau selon le type d’établissement qu’ils fréquentent, en % .

Outre le naufrage des ZEP, dont plus de 80% des élèves figurent dans les groupes les moins bons, avec le double d’élève dans le groupe 0 que la moyenne nationale, nous pouvons constater la très bonne tenue du privée. Seuls 0.9% de leurs élèves figurent dans le groupe 0, contre tout de même 2.3% du public. Il totalise 34.4% d’élèves dans les deux meilleurs groupes, contre 26.1% pour le public. Ces résultats permettent de comprendre pourquoi l’école libre ne cesse de gagner des élèves, quand l’école d’Etat en perd. Au moment de l’étude le privé totalisait 22.7% d’élèves, le public 63%, et les ZEP 14.3%.

Ce tableau est, à lui seul, un plaidoyer pour la liberté d’éducation. Nous voyons très clairement que plus un établissement est libre, meilleurs sont ses résultats. La liberté d’éducation va de pair avec le chèque scolaire . Or, un des arguments utilisés par les opposants au chèque est de dire que celui-ci renforce les inégalités : les enfants issus des catégories socioprofessionnelles supérieures en tireraient profit, quand les enfants d’ouvriers et d’employés seraient défavorisés. Au pays de la passion égalitaire, cet argument est rédhibitoire. Or cette étude montre exactement l’inverse : ce sont les enfants issus des catégories socioprofessionnelles faibles qui bénéficient le plus des avantages du privé.

Les élèves scolarisés dans le privé, et dont le père est cadre, ont un score moyen de 281 points, quand celui du public est de 278 points. Le score est donc supérieur, mais de trois points seulement.
Les élèves scolarisés dans le privé, et dont le père est ouvrier, ont un score moyen de 240, contre 226 dans le public, soit 14 points de plus. Pour les fils d’employés c’est 20 points de plus, 35 points pour les inactifs –où sont regroupés les chômeurs-, et 38 points de plus pour les retraités.
Pour les enfants de cadres le privé n’est que 3 points au-dessus de la moyenne, contre 17 points pour les employés, et 12 points de plus pour les ouvriers. Ce qui signifie donc que les établissements privés profitent davantage aux enfants issus de milieux modestes qu’aux enfants issus de milieux aisés. Le privé n’augmente pas les inégalités, il les réduit. Le privé permet aux plus modestes de réussir. Davantage de liberté pour l’école libre ne veut donc pas dire davantage d’inégalité, mais au contraire davantage de possibilité de réussite. L’argument majeur des opposants au chèque éducation se trouve ainsi réduit à néant. C’est au contraire en libéralisant et en privatisant l’école que l’on pourra réduire efficacement les inégalités sociales. Que l’on se rassure : les conclusions des rapporteurs de l’étude ne vont pas jusque là, mais c’est pourtant ce à quoi ils devraient aboutir.

III/ Disciplines scolaires et altérité sexuelle.

Préférence des matières : des goûts différents selon les sexes.

Une autre partie de l’étude est consacrée au goût des élèves pour les disciplines du collège. On note de grandes différences entre les garçons et les filles.

Les trois disciplines que les élèves considèrent comme étant les plus faciles sont donc la géographie (71.8%), la SVT (69.4%) et l’histoire (69.1%). Les trois matières les plus compliquées sont les mathématiques (43.4%), la physique-chimie (41.2%) et les langues vivantes (34.8%).
L’histoire et la géographie sont considérées comme plus faciles par les garçons (28% et 26% de facile chez les garçons), que par les filles (24% et 21% de facile chez les filles). Cela correspond bien à la première partie de l’étude où il était démontré que les garçons réussissent mieux ces deux matières que les filles.

Parmi les trois disciplines les plus appréciées des élèves figurent l’histoire (72.7%), les langues vivantes (71.3%) et les Sciences de la Vie et de la Terre (70.9%). Parmi les trois disciplines les moins appréciées figurent la physique-chimie (37.5%), le français (33.7%) et les mathématiques (33%). Notons d’ores et déjà que les disciplines littéraires sont plus appréciées que les disciplines scientifiques. Le fait que les langues vivantes figurent parmi les trois matières jugées les plus dures ne les empêchent pas d’être aussi parmi les trois matières les plus aimées des élèves de troisième.

Bien sûr, comme à chaque fois, de fortes disparités sont à noter selon le sexe.

Nous constatons une exacte similarité entre le fait qu’une discipline soit aimée des filles, et le fait qu’elle ne soit pas aimée des garçons. Est-ce que cela est dû à une réalité naturelle des goûts, ou bien au fait que les deux sexes, voulant se démarquer, rejettent ce que l’autre aime ? Pour le savoir il faudrait réaliser la même étude dans des établissements non-mixtes.

Quelles conclusions ?

Différences entre les garçons et les filles, succès des garçons dans les matières littéraires, efficacité du privé pour réduire les inégalités scolaires, la réalité des chiffres et des faits est cruelle pour l’idéologie ; la liberté fait toujours mieux que la pesanteur. « L’espérance voit ce qui sera dans le temps et l’éternité », espérons donc que les rapporteurs du dossier sauront être cohérents avec ce que leur étude démontre.

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