Les Pompidou et l’amour de l’art

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lundi 5 mars 2018

César Armand, Pour l’amour de l’art. Une autre histoire des Pompidou, Plon, 2017

L’art n’a pas été qu’une passion ou qu’un passe-temps dans la vie des Pompidou, mais une raison même de vie. Dès la rencontre de Georges et de Claude en 1933, au Quartier latin, les deux amis qui se marient deux ans plus tard découvrent la richesse de la vie culturelle du Paris d’alors, aussi bien dans le domaine littéraire que pictural. Tous les deux passionnés de lettres, de poésie et de théâtre, ils fréquentent le monde culturel parisien avec la passion de deux provinciaux montés à Paris. C’est ce regard sur l’art, et la place que celui-ci a occupée dans la vie des Pompidou que l’ouvrage d’Alain Pompidou et de César Armand retrace. On y découvre ainsi les relations amicales établies avec les artistes de leur temps, notamment Pierre Boulez, Coco Chanel, Pierre Soulages et André Malraux. On découvre surtout que pour Georges Pompidou, l’art était une philosophie de la vie et que la réflexion artistique a inspiré l’action politique de celui qui a été aux plus hautes responsabilités de la France de 1962 à 1974 (comme Premier ministre puis comme Président).

C’est à lui que l’on doit le centre Beaubourg, qui a été une action pour moderniser Paris et faire entrer l’art contemporain dans la capitale française, qui s’était assoupie derrière New York et les grands musées internationaux. Beaubourg n’est pas seulement un musée, mais aussi une bibliothèque et un lieu de création musical et cinématographique. L’art est un des exemples de la modernisation de la France que Georges Pompidou a menée. Lui, l’homme enraciné à Cajarc dans le Lot, attaché à la grandeur de la France et à la continuité de son histoire, il a réussi à manier ces traditions avec un goût prononcé pour la nouveauté et l’audace artistique. La rénovation du palais de l’Élysée où les Pompidou ont fait appel au designer Pierre Paulin en est un exemple. Chose peu connue, mais que le livre démontre bien, c’est à Georges Pompidou que l’on doit aussi la création du musée d’Orsay. Alors qu’il était prévu de raser l’ancienne gare d’Orsay pour y faire un hôtel de luxe, c’est le Président Pompidou qui est intervenu pour que le bâtiment soit conservé et transformé en musée. C’est ensuite sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing qu’il a été décidé de la destination du musée, à savoir les arts du XIXe siècle.

Après la mort de son mari, Claude Pompidou a poursuivi cette quête du beau et de la modernité en s’investissant dans le centre Georges-Pompidou et dans sa Fondation. Elle a continué à porter de nouveaux artistes et à permettre à la France d’acquérir des œuvres majeures. C’est ainsi à elle que l’on doit que l’épouse de Kandinsky a légué plus de cent œuvres au musée Pompidou, œuvres qui risquaient d’être confisquées par l’URSS.

Les nombreux témoignages qui parcourent l’ouvrage permettent de dresser en filigrane un portrait artistique et intellectuel de Georges et de Claude Pompidou. Ils montrent aussi que la droite a su s’intéresser à la culture avant que les socialistes n’opèrent un monopole sur le sujet, grâce aux connivences d’État et à la redistribution massive de l’argent public pour des intérêts partisans. Homme de la modernisation économique, de la rénovation des structures industrielles de la France, de l’ouverture aux marchés mondiaux, Georges Pompidou était aussi un homme d’art éclairé, sachant reconnaître la qualité des avant-gardistes et surtout fidèle dans l’amitié portée à ses amis créateurs.

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