Le restaurant tue le vin

Comme beaucoup d’amateurs de vin je prends rarement de vin au restaurant. La carte est souvent belle, les étiquettes prometteuses, mais les prix inacceptables. Il est normal qu’il y ait un coefficient multiplicateur, mais pas de cet ordre, à savoir 4 ou 5 fois le prix de la bouteille.

Un exemple : une bouteille de lambrusco, donnée à 3.5 euros dans le commerce était vendue 13.5 euros dans une pizzeria parisienne.

Quand les restaurateurs font leur travail, c’est-à-dire qu’ils achètent de bons vins, qu’ils les font vieillir en cave, qu’ils les servent dans de bonnes conditions, le surcoût se comprend .Quand c’est un modeste vin, acheté récemment, juste stocké dans l’arrière boutique, et servi dans des faux verres à vin, cela n’est pas acceptable.

Pourquoi un tel coefficient ? Le prix du vin, comme celui du thé ou du café, répond à la loi de l’offre et de la demande. Puisqu’il y a des clients pour en acheter pourquoi se priver ? Il n’est pas sûr qu’une diminution du prix du vin engendrerai une augmentation de la consommation, surtout maintenant que les habitudes sont prises.

C’est donc au client à se défendre, à refuser de prendre du vin au restaurant et, quand il en prend, à exiger qu’il soit servi dans de bonnes conditions. Combien de fois ai-je dû forcer le serveur, en été, à amener un sceau à champagne rempli d’eau et de glaçons pour maintenir mon vin au frais. Généralement il rechigne et rouspète. Au prix où le vin est vendu nous sommes au moins en droit d’exiger la qualité.

La conséquence de cette politique c’est que les Français consomment moins de vin, que leur image du vin devient négative, et donc que les restaurateurs sont en train de tuer le vin.

Les vignerons ne sont en rien responsables de cette politique, et ils n’ont aucun moyen d’influer sur les prix de vente. Reste une dernière solution : rester chez vous, inviter vos amis à la maison. Vous passerez plus de temps en cuisine mais vous mangerez mieux et les vins seront moins chers.