Le prix à payer

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samedi 18 juin 2011

Les balles fusent. Des balles tirées à bout portant ; et par ses frères. Les balles fusent mais aucune ne l’atteignent, sauf une, qui le touche au mollet. C’est le premier choc de ce livre, l’histoire d’un irakien converti au christianisme, qui doit fuir parce que sa famille, découvrant cette conversion, désire le tuer. Le deuxième choc, c’est ce miracle : aucune balle ne l’a touché, alors que les pistolets étaient braqués sur lui.

La littérature est cet espace rare où la réalité est présentée au plus grand nombre par la magie des mots. On avait eu L’archipel du Goulag sur le système concentrationnaire communiste, on avait eu Gomorrha, sur le système libéral mafieux, on a désormais Le prix à payer, témoignage implacable sur la réalité de l’islam dans les pays où cette religion est majoritaire.

Avant de lire ce livre nous savons déjà tout. Nous savons que le christianisme est interdit en terre d’islam. Nous savons que les chrétiens sont persécutés et qu’ils doivent se cacher. Nous savons que la conversion d’un musulman est passible de la mort. Si nous savons cela, que pouvons-nous apprendre ? Nous découvrons la réalité de ce que nous savons. Le père de Joseph, patriarche d’un des clans les plus puissants d’Irak, fait arrêter son fils par la police de Saddam Hussein, et le fait enfermer dans la prison des prisonniers politiques durant seize mois, dont trois mois de tortures quotidiennes atroces. En entrant Joseph pesait 120 kilos, en sortant il en faisait 50. Nous découvrons la réalité de la vie des chrétiens, la peur, la traque, l’obligation de se cacher, de se terrer pour ne surtout pas attirer l’attention. Nous découvrons la vie des concepts que nous savons.

Ce livre est absent de toute haine, ni pour l’islam ni pour sa famille, dont l’auteur dit pourtant, après s’être exilé en France en 2001, qu’il lui est toujours impossible de leur pardonner. Ce livre est absent de toute haine, il se contente d’énumérer des faits, cela suffit à qui veut voir, à qui veut comprendre.
Le prix à payer c’est aussi une formidable histoire d’amour, une vraie histoire d’amour, pour le Christ d’abord, pour sa femme Anouar ensuite. A chaque fois l’amour naît en brisant les préjugés, en détruisant les a priori, et l’amour s’édifie dans les épreuves, et face à la mort.

Il n’est donc plus possible maintenant de dire que l’on ne sait pas, il n’est plus possible d’ignorer ce qui passer aux frontières de l’Europe, de l’autre côté de la Méditerranée, dans des territoires qui étaient encore sous administration françaises il y a moins de soixante ans. L’histoire de Joseph Fadelle n’est pas encore terminée, même en France il est traqué et risque la mort. L’histoire du monde non plus n’est pas encore finie, et en terminant ce livre on se dit que le choc des cultures annoncé ne fait que commencer.

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