Le continent de l’incompréhension

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vendredi 3 juillet 2020

Editorial du #28 de Conflits.

L’Amérique latine, c’est nous : langue, histoire, religion, culture… nous partageons tant de choses avec le Cône sud de l’Atlantique que c’est à juste titre que l’on peut le voir comme un Extrême-Occident. À Santiago du Chili, à Brasilia, à Buenos Aires, nous sommes dans des villes pleinement européennes, au même titre que Madrid, Naples ou Paris. Avec les habitants de ces pays, nous partageons une vision du monde commune, donnant l’impression d’être comme chez nous. Nombre de ces habitants sont les descendants des Européens venus entre le XVIIe et le XXe siècle et qui conservent des racines sentimentales avec l’Europe. Contrairement à l’Asie et à l’Afrique, c’est le continent où la colonisation a réussi et où l’implantation humaine s’est faite avec le plus de succès. Et pourtant, il y a tant de choses qui nous échappent de l’Amérique latine qui fait que cette terre n’est pas complètement un autre nous-même. Son substrat indigène, ses cultures précolombiennes, ses villes immenses qui n’en finissent pas de s’étendre, sa violence sociale, qui n’en finit pas de croître. Vues d’Europe, passé Zweig et Braudel, passé les arrivées des colons du XIXe siècle à la recherche d’une autre terre promise, ces terres extrêmes ne sont pas occidentales. Le continent semble enfermé dans une violence endémique : cartels de la drogue, favelas, répression par les communistes et par les militaires. Il semble que le temps se soit suspendu, comme les centres historiques de Salvador de Bahia et de La Havane, comme un tango sans fin de Carlos Gardel. L’Amérique latine peut-elle être autre chose que Tintin et ses Picaros à la mode Lula, Chávez ou Bolsonaro ?

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