L’islam au Maghreb, culture et politique

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mercredi 30 janvier 2019

Le Maghreb a été arabisé et islamisé dès le VIIe siècle. C’est la fin des empires romains et byzantins ainsi que du royaume vandale, et avec eux du christianisme, qui y fut pourtant florissant. Au XIXe siècle, la dissolution de l’Empire ottoman a laissé la place à des pays qui oscillent toujours entre nationalisme et islamisme, mais un islam différencié selon chacun d’entre eux.

Le Maghreb recoupe les tensions de l’islam, partagé entre désir impérial et construction nationale, entre l’oumma (communauté religieuse) et le watan (la nation).

Si le Maghreb est aujourd’hui sunnite, il n’en a pas toujours été ainsi. Au VIIIe siècle, les Omeyades de Damas ont cherché à faire payer l’impôt aux musulmans non-arabes. Cette pression fiscale a suscité la révolte des berbères islamisés qui ont du coup rejeté le pouvoir omeyade, et avec lui le sunnisme, pour se ranger du côté du chiisme. Un autre mouvement s’est diffusé avec cette révolte, le kharijisme, le puritanisme de l’islam. Les kharijites berbères se rattachent à Ibn Rostom, un Iranien venu au Maghreb en 761, qui a fondé le royaume de Tiaret. Sa communauté, les Rostémides, est ensuite entrée en conflit avec les Idrissides chiites du Maroc. Il reste quelques héritiers de ce mouvement, connus sous le nom d’ibadites, dont on trouve des groupes à Djerba, en Algérie et en Libye. Les chiites ont ensuite disparu du Maghreb, vaincus par les dynasties sunnites, qui fait que cette branche de l’islam est aujourd’hui omniprésente. L’islam sunnite est dit malékite, du nom de l’école juridique à laquelle il se rattache. Le malékisme est une école juridique rattachée au sunnisme, fondée par l’imam Malik (mort en 796) qui, dans sa jurisprudence, s’attache davantage aux hadits (1) que les autres écoles.

Les confréries jouent aussi un rôle important en Afrique du Nord. Le soufisme et le mysticisme reposent sur les confréries, que les Maghrébins nomment zaouia. Chacune a son chef spirituel, le cheikh, qui s’occupe de sa communauté. Celles-ci se sont très souvent alignées sur le pouvoir local, ce qui leur a permis de survivre. La plupart de ces confréries se sont opposées à la colonisation puis ont participé au mouvement de décolonisation. Loin d’être purement spirituel, elles ont donc un poids politique certain.

L’islam maghrébin a été en présence de la culture européenne, de l’égalité juridique et de la liberté religieuse. Cela fait que les chrétiens et les juifs encore présents dans cette région sont assez libres de pratiquer leur foi, même si les conversions sont interdites et même si leur nombre a très fortement chuté depuis les indépendances.
L’islam culturel contre l’islam politique

Le Maghreb est imprégné d’islam. La colonisation européenne a laissé peu de traces. En dépit des efforts des Pères blancs et de la présence de nombreux monastères, il n’y a eu quasiment aucune conversion. Le cardinal Lavigerie et Charles de Foucauld n’ont laissé de traces que dans la mémoire des Français. La population se rattache aujourd’hui à l’islam, vivant de façon assidue les préceptes coraniques des prières quotidiennes, du refus de l’alcool, du port du voile et du respect du ramadan. C’est à proximité qu’est née l’organisation des Frères musulmans, fondée au Caire en 1928. Arrivés au pouvoir en 2012, elle en est chassée en 2013 par un coup d’état mené par Abdel al-Sissi qui entretient avec l’islam un rapport qui est à l’image de la société égyptienne et maghrébine. Homme pieux, il défend totalement cette religion mais il s’oppose à la persécution des coptes chrétiens et il s’oppose aux Frères musulmans. Son discours le plus remarqué est celui qu’il a prononcé en décembre 2014 à la mosquée Al-Azhar où il a appelé à rénover l’islam en expurgeant les idées qui peuvent conduire à la violence. Partie intégrante de la culture et de la vie égyptienne, l’islam traditionnel lutte pour ne pas être submergé par la vision portée par les Frères musulmans.

Lire la suite dans le numéro de Conflits consacré au Maghreb et actuellement en kiosque.

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