Discours de Madeleine de Jessey au meeting de François Fillon

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samedi 24 septembre 2016

Vous le savez, Sens Commun a annoncé il y a maintenant trois semaines son ralliement à François Fillon pour le premier tour de la Primaire. Je tiens à remercier tout particulièrement les équipes de campagne de François Fillon, tant au niveau local que national, pour l’accueil chaleureux qui nous a été réservé : nous sommes touchés par la confiance que vous nous témoignez et heureux de nous engager dans cette campagne à vos côtés.

Ce choix pour la primaire, nous l’avons mûri durant près d’un an. Nous avons rencontré la majeure partie des candidats, discuté avec eux, examiné leur programme, et nous l’avons fait, j’insiste sur ce point, nous l’avons fait rationnellement, en toute indépendance et en dehors de toute tractation politique.

Peu à peu, il nous est apparu indispensable de porter notre choix sur un candidat susceptible de devenir président de la République. Pourquoi ? Parce que la situation est bien trop préoccupante pour que nous nous puissions nous permettre quelque coup d’épée dans l’eau en ralliant une candidature de témoignage, si noble et si légitime soit-elle. Car nous savons que le ralliement à ces candidatures de témoignage ferait aussi passer au second tour de la Primaire des candidats dans lesquels nous avons du mal à nous reconnaître aujourd’hui.

Conformément à nos convictions, il fallait aussi que le programme du candidat présidentiable que nous choisirions présente des points de convergences forts avec notre propre vision. Ces convergences, c’est dans le programme de François Fillon que nous les avons trouvées.

Qui dit convergence ne signifie évidemment pas symétrie parfaite : il reste des points sur lesquels nous ne sommes pas tout à fait d’accord.

Je prends un exemple dont nous avons beaucoup parlé, celui de la loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe, puisque Sens Commun a été fondé, je le rappelle, dans l’élan des manifestations historiques contre la loi Taubira. Vous le savez, cher François, nous estimons que cette loi est mauvaise dans sa globalité, et qu’une loi mauvaise ne doit pas rester en vigueur, pour le bien de la société tout entière. Mais nous sommes aussi conscients du principe de réalité sans lequel la politique se transforme en idéalité abstraite et sans prise aucune sur le réel : nous savons que cette loi ne se démontera que par étapes, et sur le long terme. Et nous savons surtout que la priorité des priorités consiste à protéger le droit de l’enfant contre le droit à l’enfant. Vous ne dites pas autre chose dans votre programme : « l’intérêt de l’enfant prime pour moi sur toute autre considération ». Voilà pourquoi vous entendez lutter contre le recours aux mères porteuses, interdire la PMA pour les couples de femmes ou les femmes seules et supprimer l’adoption plénière par les couples de même sexe. Je rappelle aussi que vous avez prononcé, en 2013 à l’Assemblée nationale, on l’oublie trop souvent, une des plus complètes et des plus belles interventions qui ait été faite au sujet de la loi Taubira, et vous concluiez avec force en vous écriant : « il est du devoir de l’opposition d’avertir qu’à l’heure de l’alternance, nous réécrirons la loi pour stopper cette dérive parce qu’elle constituerait une régression de notre conscience humaine. » Contrairement à beaucoup, vous n’avez donc pas changé d’avis sur le sujet, et cette constance est bien trop rare aujourd’hui pour ne pas être à la fois soulignée et saluée.

Nous n’avons bien sûr pas établi notre choix sur le seul critère des questions de société : C’est la cohérence globale d’un programme qu’il s’agit de juger, avant de choisir entre tel ou tel candidat, car la crise que traverse notre pays est elle aussi globale.

Lorsque nous vous avons rencontré, François Fillon, nous avons donc également évoqué la question de l’ultra-libéralisme dont on vous accuse parfois. Vous nous avez alors expliqué que le libéralisme n’était pas pour vous une fin en soi mais un simple moyen pour libérer l’emploi et réaffirmer la dignité de chaque Français à travers l’indépendance, l’autonomie et la fierté que doit pouvoir lui procurer le fait de travailler. Cette volonté de remettre l’homme au cœur de notre économie tout en le responsabilisant par son activité rejoint évidemment nos conceptions.

Nous avons par ailleurs été sensibles à vos propositions en matière d’éducation : comme vous, nous souhaitons à Sens Commun que les chefs d’établissement soient libre de recruter directement leurs enseignants, pour qu’ils soient à nouveau des vrais chefs, comptables des résultats obtenus, et non plus des pantins déresponsabilisés par les services tentaculaires et infantilisants de l’Education nationale ; vous êtes aussi un des rares candidats à vouloir revoir la règle qui limite à 20% le financement par l’Etat de l’enseignement privé sous contrat, parce que vous estimez que les parents devraient avoir un minimum de liberté lorsqu’il s’agit de choisir dans quelle école ils souhaitent scolariser leurs enfants.

En matière de politique européenne, nous partageons là encore votre vision, dans le droit héritage de Philippe Séguin : vous rappelez que la France ne peut faire le poids face à la pression des géants américains ou chinois, et que l’union seule nous permettra de résister, vous rappelez que cette même union ne doit pas se transformer en une dissolution de notre souveraineté et de nos particularismes nationaux. Vous avez eu le courage de dire non à Maastricht, et, fidèle à cette France du non que vous entendez représenter, vous êtes convaincus de la nécessité de revenir à une Europe des nations, cette Europe voulue par le Général de Gaulle, une Europe qui se construise avec les peuples et en les associant.

Vous le disiez à Sablé : « Je suis profondément enraciné dans cette terre de France que j’aime plus que tout. A l’école, j’ai appris que la France était grande, que son Histoire était millénaire. Qu’elle était la plus vieille nation européenne. C’est là, la première raison de ma candidature. » Sachez-le, cher François : cet amour de la France est lui aussi la première raison de notre engagement en politique. Servir, aimer et faire aimer la France : tel est notre désir le plus ardent !

J’aimerais terminer en revenant sur notre rencontre de juin avec vous, François Fillon. Trois choses en particulier m’ont frappée :

– la première, c’est votre capacité à écouter les autres. Cela vous semblera peut-être évident, mais lorsqu’on rencontre un candidat à la primaire, on a souvent du mal à en placer une ou à se faire entendre. Les Français ont profondément besoin de cette écoute, après les 5 années de mépris qu’ils ont endurées en serrant les dents.

– le deuxième point qui a retenu notre attention, c’est la place que vous comptez accorder à la société civile. Vous l’avez dit : si je suis élu président de la République, le gouvernement que je constituerai sera composé pour moitié de personnes issues de la société civile. Nous n’avons cessé d’insister, à Sens Commun, sur la nécessité de mettre un peu de sang neuf dans le circuit fermé de la politique, et de donner des responsabilités à des personnes qui se sont construites ailleurs que dans la politique et qui viendraient riches de leurs expériences et de leur liberté. C’est à cette condition, entre autres, que nous remédierons à la crise de confiance qui déchire notre pays et que nous réconcilierons la politique avec le réel. Et tout cela, vous êtes un des rares candidats à l’avoir compris.

– le troisième point, enfin, qui a retenu notre attention au cours de ce rdv, c’est la sobriété de votre comportement. Alors je sais, beaucoup de journalistes vous reprochent d’être parfois trop distant avec eux, de ne pas suffisamment hausser la voix, de ne pas faire d’éclats, de ne pas être, en un mot, une parfaite bête de scène.

Mais voilà trop longtemps que notre pays est aux mains de communicants qui dégradent la politique en spectacle ;

de bonimenteurs qui privilégient les paroles qui plaisent aux paroles qui sauvent, et les discours fracassants aux propos constructifs.

Nous en voyons aujourd’hui le résultat.

Non, n’en déplaise à certains, le communiquant ne fait pas le bon chef d’Etat.

N’en déplaise à certains, la France n’a pas besoin d’une bête de scène, elle n’a pas besoin d’un Président qui soit, comme vous le dites bien, un président de faits divers.

Elle a besoin d’un homme qui sache prendre du recul vis-à-vis des médias, des sondages et de sa propre image ;

un homme soucieux du long-terme et des générations à venir plutôt que de sa personne ou de sa prochaine réélection ;

un homme qui sache se montrer digne de la confiance des Français à travers l’honnêteté, la sobriété et l’irréprochabilité de sa conduite ;

un homme qui ne multiplie pas les apparitions télévisées, qui ne parle pas à tort et à travers, mais qui pèse chacun de ses mots, parce qu’il a conscience d’incarner plus que lui-même ;

un homme, enfin, qui cherche moins à paraître qu’à agir, à dire qu’à faire, et à plaire qu’à sauver.

Nous avons fait le pari, à Sens Commun, que vous seriez cet homme-là : François Fillon, nous comptons sur vous !

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