Comprendre le XXe siècle 7/11

Vous êtes ici : Accueil > Articles > Comprendre le XXe siècle 7/11

lundi 28 janvier 2013

3/ D’autres grands acteurs ?

Le XXe siècle a vu l’émergence de nouveaux pays, qui veulent jouer un rôle prédominant sur la scène mondiale. L’Europe n’est plus toute seule, mais le fut-elle un jour ? Pour évoquer le déclin de l’Europe on évoque la montée de l’Inde et de la Chine, comme si ces pays n’avaient jamais été de grandes puissances, comme si cette émergence était une nouveauté. Ces pays se sont endormis, et ils se sont réveillés. Cela marque-t-il pour autant un déclin de l’Europe ? Nous ne le croyons pas.

L’espoir de nouvel ordre mondial suscité par le mouvement de décolonisation n’a pas duré longtemps. Les pays décolonisés sont encore loin de la pôle position. L’Afrique ne représente que 2% du commerce mondial, quand la France, a elle seule, en représente 4%. L’Inde a une moindre part dans le commerce mondial aujourd’hui qu’à l’époque coloniale (2% contre 4% selon l’OMC). Quant à la Chine, est-ce une émergence ou ne fait-elle que retrouver le niveau perdu à la fin du XIXe siècle, avec de nécessaires correctifs ?

Attention aussi à ne pas se faire aveugler par de fausses perspectives. Nous connaissons bien les défauts de la France et de l’Europe, mais un peu moins les défauts des autres. Nous avons toujours tendance à ne voir chez soi que ce qui ne fonctionne pas et, chez les autres, que ce qui fonctionne bien. L’herbe semble toujours plus verte ailleurs. La Chine est certes émergente, mais elle n’est pas sans défauts ni sans failles. Sa démographie est son principal fléau, et plus précisément le vieillissement de sa population et la chute démographique qu’elle va connaître dans les prochaines décennies, du fait de la politique de l’enfant unique. Cela va engendrer des tensions sociales qui seront difficiles à surmonter.
Son régime pose aussi problème. L’autoritarisme peut être une bonne chose quand il s’agit de construire un port dans une zone naturelle sensible, ou de définir des orientations stratégiques : on impose et les hommes font. Mais l’absence de liberté finit par retirer tout dynamisme aux hommes et à créer une apathie et une absence de création qui sont préjudiciable. On ne se développe pas uniquement en copiant les autres, mais surtout en inventant et en innovant. La Chine n’a pour l’instant rien vraiment créé. Quand elle a créé la poudre, elle n’a pas su s’en servir comme arme à feu. Quand elle a créé les cerfs-volants, elle n’a pas su capter la foudre et maîtriser l’électricité. L’innovation et la nouveauté ne sont pas le propre de la civilisation chinoise. Or c’est pourtant indispensable pour être une grande puissance et pour compter sur la scène internationale.

Quel avenir nous réserve aussi l’Amérique Latine ? En 1900, tous les espoirs étaient permis, aussi bien en Argentine qu’au Brésil. Pour ce continent, le XXe siècle fut celui de la désillusion. Il s’est englué dans le marxisme, impasse autant politique qu’économique. Il croit connaître aujourd’hui une renaissance en reniant le christianisme et en s’adonnant à l’évangélisme, spiritualité émotionnelle sans raison et sans pensée. Pour son peuple qui s’y adonne, c’est une nouvelle impasse qui se profile. On nous annonce le Brésil comme étant le grand géant du siècle à venir. Faut-il croire ces analyses ? Cela fait si longtemps que le Brésil est appeler pays de l’avenir que l’on peut finir par en douter. Le développement de quelques villes littorales ne doit pas masquer le sous-développement du reste du pays. L’Amérique Latine n’a toujours pas résolu sa tension intrinsèque entre culture européenne et culture indigène. Elle n’a réussi ni à synthétiser les deux cultures, ni à en privilégier une, ni à rejeter les indigènes et à donner le seul pouvoir aux Européens. Pour se développer, il lui faudra bien trancher. Mais trancher ce choix difficile, c’est provoquer des ruptures si importantes que cela risque d’aboutir à la faillite des pays.

La problématique essentielle qu’a posé le XXe siècle est de savoir si le développement économique et humain des pays passe forcément par une adoption du modèle occidental. Faut-il adopter la démocratie ? Faut-il adopter le capitalisme, donc le christianisme ? Faut-il adopter le libéralisme ? Un développement humain est-il possible en dehors du cadre de pensée européen ou américain ? Au vu des résultats des pays non-occidentaux, la réponse semble être non. Peut être ont-ils seulement manqué de temps. Comment parvenir en un siècle, voire même moins, à un stade que l’Europe a mis plusieurs siècles à atteindre ? Les anciens pays du tiers-monde continuent à chercher leur voie, et leur drame est peut être qu’ils n’ont encore ni choisi ni renoncé. Existe-t-il une voie spécifiquement africaine pour le développement, ou spécifiquement asiatique ou indienne ? À voir le développement économique de la Corée et du Japon, la réponse semble être non. Certes ces pays ont su faire fructifier leur culture et adapter les coutumes européennes à leur histoire, mais leur essor économique fut d’ailleurs la copie de celui des Occidentaux. Il n’est qu’à observer le vêtement. Le triomphe planétaire de la cravate est le symbole le plus éclatant de la victoire culturelle de l’Europe sur les autres pays et les autres cultures. Or, qui tient la culture tient les hommes.

Thème(s) associés :

Par Thèmes