Comprendre le XXe siècle 3/11

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mercredi 23 janvier 2013

2/ Essor de la démocratie

L’irruption de la démocratie devient donc la matrice du siècle. Celui-ci est ensuite le combat de la démocratie contre les autres formes de régimes politiques, présentés comme des ennemis. La démocratie devient une norme, une règle de vie, et non pas seulement un style de gouvernement. Il y a un impératif moral démocratique. C’est ce qu’exprime Georges Burdeau (in La démocratie : Essai synthétique, Bruxelles, Office de Publicité, 1956)

« La démocratie est aujourd’hui une philosophie, une manière de vivre, une religion et presque, accessoirement, une forme de gouvernement. »

Alain Brossat quant à lui évoque la conception englobante de la démocratie, qui quitte le terrain du simple régime politique, pour revêtir les habits d’un système social (Le sacre de la démocratie, Tableau clinique d’une pandémie, Anabet Éditions).

« La démocratie contemporaine n’est pas tant une institution politique qu’une forme d’enveloppement “total” de nos existences. Le processus de globalisation démocratique actuellement en cours coïncide désormais avec celui du développement de la civilisation des mœurs. Dès l’école maternelle, les enfants sont initiés aux “conduites citoyennes” et à la règle démocratique. Toutes les autres formes politiques concurrentes y sont discréditées. Tout se passe comme si la démocratie était l’unique rempart à l’expansion des foyers de barbarie ― États dits voyous, organisations terroristes… Comme si notre époque était celle du couronnement d’une essence démocratique dont le culte est en expansion constante. Lorsque tout ce qui tend à s’opposer à ce nouvel absolutisme démocratique se voit discrédité, que reste-t-il de la tolérance démocratique ? »

Nous avons ainsi vu que c’est durant la Première Guerre mondiale que l’idéologie démocratique fut brandie pour justifier la guerre contre l’Allemagne, opposant les pays démocratiques aux pays autoritaires. Cette opposition, créée pour la circonstance, a une forte postérité, puisque c’est ainsi qu’est présentée la carte de l’Europe politique avant 1914 dans tous les manuels scolaires, carte à l’appui. Les pays démocratiques sont représentés en bleu, les pays autoritaires en rouge, pour renforcer visuellement l’opposition conceptuelle entre les pays. Ce faisant, les auteurs des manuels ne font que reprendre la propagande de la guerre, probablement sans le savoir.

À leur suite, c’est en 1935 que le Komintern a lancé sa campagne antifasciste, reprenant lui aussi l’opposition entre démocratie et régime autoritaire. Venant des communistes, cette opposition est quelque peu savoureuse, car ce système est bien loin de notre conception de la démocratie. De plus, le fascisme est une idéologie socialiste, qui part des mêmes racines que le communisme. Ce faisant, les communistes ont créé une opposition conceptuelle entre eux et le fascisme, alors même que celle-ci n’existe pas. Ils ont ainsi rejeté le fascisme dans la sphère extrême droite de notre conception politique, alors même que ses fondamentaux et ses réalisations seraient plutôt à classer à l’extrême gauche.

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