Commentaires immatures

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mardi 4 décembre 2012

Il y a des sujets si passionnels que la démesure même de leur passion me stupéfie. Lorsque j’écris un article sur le vin, sur la gastronomie, je sens un consensus culturel et gourmand autour de mes lecteurs. Je me réjouis que la France, pays si divisé, si contestataire, puisse se rassembler et se retrouver autour de la table culinaire. Les mets rassemblent tous les Français, quels que soient leur orientation politique, leur choix philosophique, leur chemin spirituel.

Il est en revanche un sujet qui divise profondément, jusqu’à susciter des rancœurs et des haines tenaces, c’est celui de l’éducation. Je reconnais ne pas comprendre pourquoi ce thème génère autant de passion, pourquoi il cristallise autant de violence. Alors que l’on devrait chercher, sereinement, calmement, de façon pragmatique, la meilleure façon d’enseigner et de transmettre, toute réflexion sur l’éducation génère aussitôt des tempêtes éducatives.

J’ai récemment écrit un article sur la maturité. Celui-ci se veut une contribution modeste, perfectible, discutable, sur la façon d’aider les jeunes garçons à devenir des hommes. Je crois le sujet important, car c’est avec des hommes libres que l’on peut fonder une société libre, non avec des enfants immatures et facilement manipulables. Beaucoup de parents recherchent des informations et des aides sur ce sujet pour aider leurs enfants. C’est donc comme professeur, et donc comme formateur, que je me suis permis une modeste contribution. Cet article a été repris par le magazine Contrepoints. J’ai alors constaté, en commentaire, une série de remarques haineuses et virulentes que je n’aurais jamais imaginée. J’admets que l’on conteste certaines analyses, que l’on discute, que l’on raisonne ; c’est la pratique même des arts libéraux, et donc de la liberté. Mais autant d’invectives et d’attaques gratuites m’ont surpris.

Un commentaire, finalement assez drôle, affirmait même que mes propos étaient socialisants, et que je devais sans doute lire Marx depuis mes années de lycée. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis absolument pas socialiste, et que je tiens cette doctrine pour l’erreur la plus cruelle que l’homme ait pu imaginer. Quant à mes années de lycée, je les ai passées à lire Tocqueville et Aron, surement pas Marx.

Pourquoi la réflexion sur l’éducation suscite-t-elle autant de violence ? Peut-être parce que nous voulons à travers elle former des hommes libres, quand beaucoup veulent la détourner pour asservir la jeunesse.
J’en profite pour préciser ici mes positions sur l’éducation. Je soutiens que la non-mixité scolaire est la meilleure façon d’instruire, et disant cela je me fonde sur des études scientifiques aussi bien que sur mon analyse pratique. Je suis convaincu qu’un uniforme au collège et un code vestimentaire au lycée est la meilleure façon de créer une saine ambiance de travail, et donc de permettre aux élèves de progresser. Mais, partisan farouche de la liberté éducative, je ne veux en rien imposer ces pratiques à l’ensemble des établissements. Je suis tout à fait opposé à une loi qui imposerait l’uniforme, comme le soutiennent certains parlementaires. Je suis pour le libre choix éducatif. Des écoles mixtes, pour les parents qui optent pour cette méthode. Des écoles non mixtes, pour ceux qui préfèrent celle-ci. En fait nos adversaires voulant imposer leur conception éducative à l’ensemble des établissements, ils pensent que nous pratiquons le même sectarisme qu’eux, et que nous cherchons à imposer les nôtres. Nullement, nous défendons simplement la liberté.

Je crois, finalement, que c’est ce mot qui déchaine autant de violence et de haine. Nombreux sont ceux qui s’opposent à la liberté, parce qu’ayant imposé leur idéologie néfaste par la servitude éducative, ils savent que celle-ci ne résistera pas au grand souffle libéral. Par leur violence, ils cherchent à maintenir leurs privilèges, par leurs attaques et leurs invectives, ils cherchent à nous faire taire. La liberté, en matière éducative comme ailleurs, vaut bien quelques commentaires stupides et fielleux.

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