Comment les entreprises françaises ont conquis le monde

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vendredi 2 mars 2012

Comment les entreprises françaises ont-elles conquis le monde ?

Vision d’un voyage en Pologne : à Varsovie, au cœur de la capitale, en haut d’un immeuble, un immense panneau publicitaire, le seul dans ce quartier, pour la société Michelin. Bibendum souriant et le nom de la marque, en blanc sur fond bleu. Une présence française en terre polonaise. Au Japon, ce sont les boutiques L’Oréal ou LVMH ouvertes dans les rues les plus chics. Dans la péninsule arabique, c’est Vinci qui bâtit des ponts et des parkings, avec du béton Lafarge. En Amérique Latine, des magasins Carrefour, en Espagne, des conducteurs au volant de leur Renault ou de leur Peugeot. Et les avions de marque Airbus, et les satellites lancés par Ariane. Ces semences en Afrique produites par Limagrain. Ces yaourts en Australie fabriqués par Danone. Et sur les mers des bateaux affrétés par Bourbon. Voici quelques uns des joyaux de la couronne. Qui a dit que les entreprises françaises étaient à la traîne ?

En 1977, le chiffre d’affaire des cent premières entreprises françaises était de 398 milliards d’euros. En 2001 il était de 1 309 milliards, soit une augmentation de 3.3 (en euros constants).
En 1977, les cent premières entreprises françaises employaient 3 millions de salariés, en 2001, 5.3 millions .
Quelle performance !

Parmi les 100 premières entreprises mondiales 8 sont françaises, ce qui classe notre pays au quatrième rang. Les États-Unis en ont 42, le Japon 21 et l’Allemagne 11. Parmi les cinquante premières banques mondiales, 7 sont françaises. La France est deuxième, derrière les États-Unis (8 banques). Quel succès !

Les entreprises françaises ne cessent de s’ouvrir au monde. La France est peut être le pays qui a le plus profité de la mondialisation, et qui s’est le plus enrichi grâce à l’ouverture économique des frontières. Pourtant les Français ne cessent de récriminer contre cette évolution. Quel dommage !

% du chiffre d’affaire réalisé à l’étranger par les groupes français

1977 2001
Total / 79%
PSA 49% 64%
Michelin / 87%
LVMH / 83%
Carrefour / 50%

Part dans les exportations mondiales des marchandises

États-Unis 11.9%
Allemagne 9.3%
Japon 6.6%
France 5.2%
Royaume-Uni 4.4%
Italie 3.9%
Pays-Bas 3.7%
Luxembourg 3.1%

La France est en quatrième position, ce qui démontre sa belle aptitude à profiter de la mondialisation.

La France dans les échanges mondiaux

En 2009 les dix premiers clients de la France étaient les suivants :

1 Allemagne 55.5 Mds €
2 Italie 28.4
3 Espagne 27
4 Belgique 25.7
5 Royaume-Uni 24.5
6 États-Unis 19.7
7 Pays-Bas 13.8
8 Suisse 10.1
9 Chine 7.9
10 Pologne 5.2
Total 217.8

Et les dix premiers fournisseurs :

1 Allemagne 71.5 Mds €
2 Belgique 32.6
3 Italie 31.6
4 Chine 29.9
5 États-Unis 25.1
6 Espagne 25
7 Royaume-Uni 18.3
8 Pays-Bas 16.7
9 Suisse 9.7
10 Russie 9.3
Total 269.7

On constatera, peut-être avec surprise, que la Belgique est un partenaire commercial plus important que la Chine. C’est bien avec l’Europe que la France réalise l’essentiel de ses échanges, en dépit de la mondialisation grandissante le commerce reste une affaire entre Européens .

La place dans le commerce mondial

En suivant les études de l’OMC nous pouvons savoir quelle place occupe chaque pays dans le commerce mondial. Le tableau ci-dessous offre un récapitulatif pour les principaux pays. Les données sont celles de 2009.

La France se classe toujours très bien dans ces échanges, et elle doit ses belles réussites à ses entreprises.
Prenons le cas de Total, une entreprise honnie car elle a l’outrecuidance de réaliser des bénéfices. Dans les années 1970 c’était une entreprise pétrolière de second rang, à l’esprit familial, mais dépassé, en France, par Elf , et sans réel poids sur l’échelle mondial. C’est pourtant Total qui rachète le belge Fina à la fin des années 1990, avant de l’intégrer totalement en 1999. Puis vient le rachat d’Elf Aquitaine, ce qui permet à Total de devenir la première entreprise pétrolière européenne, et la cinquième mondiale. Aujourd’hui Total compte plus de 110 000 salariés, pour à peine une centaine dans les années 1950.

La désindustrialisation en question

Des entreprises plus puissantes, mais aussi des entreprises en pleine mutation. Finies les mines de charbon et de potasse, fermées à partir des années 1970. Finies les usines textiles et les usines d’horloge, avec à chaque fois sa cohorte de licenciements et de chômage. La désindustrialisation de la France est un thème récurrent. Faut-il pour autant y souscrire ?

« En 1949, l’industrie représentait 32,6% de notre production totale ; cette proportion est montée jusqu’à 34% au début des années 1970 avant de décliner régulièrement pour atteindre 27,2% en 2010. En 1950, l’industrie produisant 15,5% de la valeur ajoutée française ; ce rapport atteint 20% au cours des années 1970 avant de rebaisser pour revenir à 15,7% en 2010 (soit le niveau de 1950). De ces chiffres ont peut conclure que la part de l’industrie dans notre production comme dans la création de richesse de notre économie a baissé depuis les années 1970 . »

« De 1949 à la fin des années 1970, l’industrie procurait environ 1 emploi sur 4. Ce chiffre a commencé à décliner au détour des années 1980 pour atteindre 13% en 2009. Entre 1975 et 2009, le nombre d’emplois créés par l’industrie française s’est réduit de 2,3 millions. Comme nous l’avons vu plus haut, cette perte d’emplois n’est pas liée à réduction de la production. Si le nombre d’emplois proposés par l’industrie a baissé c’est essentiellement et avant tout une conséquence du progrès technologique et de l’automatisation des chaînes de production. C’est ce même phénomène qui explique que la valeur ajoutée industrielle progresse plus vite que la production : nos industries sont devenues beaucoup plus efficaces et beaucoup moins intensives en main d’œuvre. »

Ainsi :

« Ajustée de l’inflation, notre production industrielle a augmenté de 548% depuis 1950, de 114% depuis 1970 et de 31% depuis 1990 . En termes de valeur ajoutée, notre secteur industriel a produit 593% plus de richesse qu’en 1950, 99% de plus qu’en 1970 et 21% de plus qu’en 1990. Le très léger recul de notre production industrielle et de sa valeur ajoutée au cours de la dernière décennie (de 2% et 1% respectivement) est intégralement imputable aux années 2008 et 2009 – c’est-à-dire à la crise dite des « subprimes ». Si par « désindustrialisation » on entend une disparition des activités industrielles françaises, du point de vue de la production et de la création de richesse, ce phénomène n’existe pas . »

« Combien d’emplois le simple fait de pouvoir disposer de produits électroménagers moins chers a-t-il créé en France ? Combien de vendeurs, de designers et d’ingénieurs ont-ils trouvé un métier grâce à la hausse de la demande qui en a résulté ? Combien d’emplois les économies que nous avons réalisées en payant notre lave-linge une bouchée de pain ont-elles créé dans d’autres secteurs ? Combien d’emplois les activités d’imports et d’exports génèrent-elles ?
Einstein disait qu’un préjugé est plus difficile à briser qu’un atome. En voilà un qui ne déroge pas à la règle . »

Il y a moins d’employés dans l’industrie, mais il n’y a pas de désindustrialisation. En 1946 l’agriculture employait 36% des actifs, et en 2008, 2%. Dira-t-on pour autant qu’il y a une désagricolisation de la France, alors que dans les années 1950 les agriculteurs ne pouvaient pas nourrir toute la population française, et que désormais ils sont largement exportateurs ? La mécanisation agricole, commencée au début du XVIIIe siècle, a permis de libérer des bras qui sont venus s’employer dans l’industrie. L’accroissement de la mécanisation dans les usines a permis, à son tour, de libérer des bras qui sont venus s’employer dans le secteur tertiaire. Et l’industrie française est plus puissante en 2012 qu’elle ne l’était en 1980. Mais oui, les préjugés sont plus difficiles à briser qu’un atome.

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