Camerone

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lundi 19 novembre 2012

Le 30 avril 1863, la Légion étrangère française connaît une de ses plus célèbres défaites qui, par le courage et la ténacité des légionnaires, est devenue une de ses plus grandes heures de gloire. Camerone sonne glorieusement aux oreilles des soldats français, comme Bir-Hacheim après lui. Pendant onze heures, soixante légionnaires ont tenu face à 2000 Mexicains, en tuant trois cents et en blessant autant. Quelques hommes durent se rendre, la baïonnette à la main, et après avoir fait promettre que les blessés seraient soignés. Le sacrifice de ces légionnaires a ainsi quelque peu sauvé le fiasco de l’expédition de Napoléon III au Mexique, certes « la plus belle idée » du régime, mais aussi un de ses échecs les plus cuisants.
Ces hommes se sont tant couverts de gloire que la lutte de Camerone devient la bataille fondatrice de la Légion. La main du capitaine Danjou, ce bras articulé en bois, retrouvé et conservé au musée de la Légion, devient l’objet fétiche des gloires militaires.

Camerone fait partie de ses défaites qui construisent plus que les victoires, comme les Thermopyles, comme la bataille du champ des Merles. Une nation a besoin de gloire, et celle-ci ne se trouve pas uniquement dans la victoire, mais aussi dans le sacrifice des hommes, dans l’héroïsme et l’abnégation. La gloire, c’est aussi le courage, et l’accomplissement du devoir dû. Avec Camerone on comprend que ce qui a l’apparence d’une défaite peu, aux yeux de l’histoire, devenir une réelle victoire. On connaît les victoires à la Pyrrhus : la victoire qui blesse tant qu’elle en devient mortelle, on découvre les défaites à la Danjou : la défaite qui sublime tant qu’elle en devient victoire.

André-Paul Comor retrace la bataille avec précision. Il n’en n’oublie pas la contextualisation, dans la grande marche mexicaine, ni surtout la légende et l’aura qui recouvrent la geste des légionnaires. À Camerone, les Français retrouvent le goût de Roland à Roncevaux, du vassal qui meurt pour son pays et pour son roi, pour un honneur toujours à conquérir. Camerone est beau, parce qu’un pays a besoin de souffle, comme à Diên Biên Phu. Camerone est loin, sur un théâtre d’opérations extérieur et secondaire. La défaite ne menace pas la France, ni dans son intégrité ni dans sa puissance, alors le rêve ne peut que s’accomplir et s’assouvir. Avec Camerone, c’est une part de la France lointaine qui s’assouvit, une part de rêve, que montre bien l’historien, et une grande part de réalité, laquelle André-Paul Comor, grand spécialiste de la Légion, décortique avec justesse et finesse.

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