Atlantico : L’ouverture des archives de Pie XII

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mercredi 6 mars 2019

Ce lundi 4 mars, le Pape François a annoncé l’ouverture des archives du Vatican couvrant la période du pontificat de Pie XII, soit entre 1939 et 1958. Que pourraient révéler ces archives ?

Sur la période de la Seconde Guerre mondiale, nous connaissons déjà l’essentiel. Paul VI puis Jean-Paul II et Benoît XVI avaient permis l’ouverture partielle des archives. Le jésuite français Pierre Blet a beaucoup travaillé sur ces archives et en a publié une partie. Nous n’apprendrons rien de plus, si ce n’est des détails supplémentaires.

Tout prouve qu’Eugenio Pacelli a combattu le nazisme dès les années 1930 et qu’il a poursuivi son action une fois pape.

Rappelons aussi qu’« Archives secrètes » signifie archives privées, c’est le sens du mot secret. Les archives ne sont donc pas secrètes au sens où nous l’entendons aujourd’hui, mais au sens du XVIe siècle. Toutes les archives d’État ont un délai légal minimum de trente ans avant l’ouverture. En cas exceptionnel, il est possible de les ouvrir avant, ce qu’a fait Paul VI. Ensuite, ouvrir les archives ne signifie pas pouvoir les consulter. Les archives doivent être classées, triées, numérotées et pour certaines numérisées. C’est un travail titanesque. Or le Vatican ne dispose pas des mêmes moyens que les autres États. Il manque d’archivistes pour préparer tout cela, ce qui explique que les choses prennent du temps.

Quelques chiffres qui montrent l’ampleur de la tâche : les sources à disposition des chercheurs constituent 151 000 positions, chaque position étant constituée de dizaines de feuillets. Il y a également 538 boîtes qui conservent la documentation sur des thèmes et des institutions ainsi que 76 boîtes qui contiennent les manuscrits de Pie XII. Tous ces documents doivent être répertoriés dans des index afin que les historiens puissent les trouver facilement pour pouvoir les consulter. C’est ainsi dans toutes les archives, en France, au Vatican et ailleurs. On comprend donc qu’il faille plusieurs années pour que ces documents puissent être consultés.

Si la période couvrant le second conflit mondial a déjà pu être exploitée par des historiens, quels seront les principaux points de recherche concernant la période d’après-guerre, 1945-1958, dans une période marquée par l’émergence de la guerre froide ?

Ce qui va être passionnant c’est d’étudier les relations entre le Saint-Siège et les pays d’Europe de l’Est, notamment dans le contexte de l’établissement des dictatures communistes et de la mainmise de l’URSS. Il y a aussi la lutte de Pie XII contre le communisme en Italie et son aide au développement de la démocratie chrétienne. Là aussi, il y a encore beaucoup à apprendre. Enfin, ce sont des années majeures pour l’Église, avant l’ouverture du concile Vatican II, alors que celle-ci est déjà traversée par les mouvements progressistes qui ont fait tant de dégâts dans les années 1960-1970. Les historiens pourront mieux connaître et comprendre cette période préconciliaire qui est cruciale pour comprendre ensuite les évolutions postconciliaires.

En quoi l’ouverture de ces archives pourrait-elle mettre fin, ou non aux différentes controverses concernant ce pontificat ?

Sur l’action de Pie XII durant la guerre et sa lutte contre le nazisme ont connaît déjà l’essentiel. Ceux qui continuent de dire que Pie XII est le pape d’Hitler ou bien un pape pro nazi se refusent à prendre en considération les décennies de recherche sur le sujet et les nombreux livres et études qui démontrent le contraire.

Rappelons que cette fausse polémique est due à une attaque en règle de l’URSS. C’est le KGB qui a lancé le plan Seat 12 (« Siège 12 ») qui avait pour but de décrédibiliser Pie XII en le faisant passer pour un nazi. Chose absurde quand on sait comment il a lutté contre eux. Pour les communistes l’objectif était triple : faire oublier leur collaboration avec les nazis entre 1939 et 1941, abîmer l’Église en la déstabilisant, se venger de Pie XII qui, par son aide à la démocratie chrétienne, a empêché l’Italie de basculer dans le camp soviétique. C’est un exercice de propagande et de guerre de l’information que les communistes maîtrisent bien, et certains aiment encore à répéter ces calomnies.

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